Le hasard de la génétique, c'est quand même un beau bordel. On n'arrête pas de se plaindre parce qu'on a les cheveux lisses alors qu'on aurait aimé les avoir bouclés, on dit à nos parents que c'est de leur faute si on a pas les yeux bleus mais les yeux marrons tout moches, on veut toujours être plus grand alors on se plaint à notre maman qui fait qu'un mètre cinquante... William aurait donné n'importe quoi pour n'avoir que ce genre de plaintes à faire entendre. Malheureusement pour lui, il aime ses cheveux, il aime ses yeux, il trouve sa taille acceptable à tous les niveaux. C'est une toute autre partie de sa personne qu'il aurait aimé modifier. Qu'il avait presque réussi à faire disparaître... Si seulement ça avait pu durer un peu plus longtemps.

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"Maman, pourquoi je suis pas comme toi et papa ?"

Pas de réponses. Jamais de réponses. Évidemment, puisqu'il parlait dans le vide, allongé sur le dos dans son lit, dans le noir, le silence comme unique compagnon. Des murs nus, un sol froid, des fenêtres aux volets inlassablement fermés. La solitude était un lourd fardeau mais c'était le prix à payer pour sa différence. S'il ne pouvait pas être comme eux, alors pourquoi aurait-il le droit de vivre parmi eux ? Depuis longtemps il avait comprit que ce n'était pas dans ses droits.
Les yeux fermés, William redoutait sans cesse de tomber dans le sommeil. Il ne savait jamais ce qui l'attendait. Certes, il avait apprit à contrôler au moins ses rêves mais ce n'était jamais particulièrement agréable de savoir que... rien n'arriverait. Qu'il réussirait à tout faire fonctionner pour que rien n'arrive. Pas de perturbations dans les lymbes pour le jeune garçon. Lorsque les gens normaux se mettaient à dormir, c'était pour lâcher prise le temps de quelques heures, pour profiter d'un peu de rêves, parfois de cauchemars mais toujours en voyageant à travers leur extraordinaire inconscient... Lui ne pouvait plus se le permettre depuis des années. Il n'y arrivait plus. Il ne savait plus ce que ça faisait de juste laisser couler ses pensées sans intervenir... et il en avait peur.
Jamais il ne se reposait. Le réveil était souvent brutal, bien que contrôlé - il finissait par se réveiller en sursaut lorsqu'il n'avait plus assez d'énergie pour assurer le déroulement de ses rêveries. Chaque fois, s'était épuisé qu'il entamait sa journée. Mais il tenait bon le rythme, parce qu'il n'avait de toute manière pas le choix pour affronter le regard des autres.

Son frère aîné, Thybalt, ne l'a jamais apprécié. Pourtant, Will n'avait rien à lui reprocher et s'est toujours montré très docile, ne voulant pas lui faire penser qu'il essayait de s'imposer. Au lieu d'essayer de l'intégrer, de faire le grand frère protecteur et instructeur, il n'a fait que l'enfoncer. Le charrier, parfois le frapper - toujours assez fort pour lui faire mal mais jamais pour le marquer, se moquer de lui. On peut croire que William n'était qu'un soumis, qu'un incapable encaissant les critiques sans rien dire, trop trouillard pour agir. C'était peut-être le cas... mais il ne voulait pas blesser son tortionnaire, malgré la méchanceté dont il faisait preuve. Il ne voulait pas que son père le regarde de travers, le juge et méprise un comportement violent.
Qui l'aurait cru, si jamais il avait avoué qu'il était martyrisé par le fils modèle qu'était Thybalt ? Il faisait toujours le gentil face à Richard et Gemma... Ah Gemma, sa mère, tellement fière de son fils. Elle n'avait jamais vu Will comme un membre à part entière de la famille, il n'était que le petit de son mari, mais pour elle, il ne signifiait rien. Il ne faisait que lui faire pensé à l'ex-femme de son époux, c'était plutôt une vision désagréable. Elle faisait toujours en sorte qu'il se trouve dans une autre pièce quand elle était là. Lorsqu'elle était Thybalt à faire ses devoirs, elle l'envoyait réviser dans sa chambre... Lorsqu'elle sortait faire les courses avec Thybalt, elle le laissait s'occuper d'Avalon, la petite dernière, lorsqu'il fut en âge... Lorsqu'elle emmenait Thybalt à l'école, elle lui disait de prendre le bus, sous prétexte qu'il n'y avait pas la place dans leur petite voiture avec la petite derrière... Il a très vite su qu'à ses yeux, il ne serait jamais rien de plus qu'une bouche à nourrir et à loger tant qu'il serait mineur du moins.
Même Richard ne se montrait plus aussi doux qu'auparavant. Il voulait être bien vu par sa nouvelle femme, alors il se montrait affectueux envers l'aîné, il jouait avec lui au ballon, lui apprenait de nouveaux tours. William n'a jamais été très sportif, il aimait la réflexion, les jeux où l'intelligence était mise à l'épreuve. Alors forcément, quand il s'agissait de faire une partie de foot... Richard connaissait son fils, il savait bien que ça ne l'intéressait pas ce genre de loisirs. Peut-être qu'il aurait du faire plus d'efforts pour être proche de son père, peut-être que c'était de sa faute à lui... Il l'ignore encore. Il a essayé, pourtant, de tout faire pour que ça se passe bien. Où est-ce qu'il a bien pu échoué ? Ah oui. C'est sans doute parce qu'il a rendu Gemma folle que plus personne chez les Bloodworth ne lui adresse la parole - même sa mère l'évitait de plus en plus, après avoir apprit qu'il n'était pas comme les autres. Déjà qu'elle n'était pas présente très régulièrement... ça ne l'a pas vraiment surpris. Juste blessé. Profondément.

Lorsqu'il a commencé à découvrir sa mutation, il a su, sans le savoir non plus, que tout changerait du tout au tout. En pire plus qu'en meilleur. Oh si seulement il avait pu hérité d'un don capable de se faire aimer des gens... Mais non, le sien, le poids qui pesait sur ses épaules, c'était le pouvoir de faire voir des choses qu'on ne veut pas forcément voir. De déformer la réalité. A son insu le plus souvent, parfois il ne se rendait même pas compte de ce qu'il faisait, parce que dans sa tête tout n'était pas très claire et qu'il ne comprenait pas encore le fonctionnement de... tout ça.
Gemma en a payé les frais, et ce plus rapidement qu'il n'aurait pu l'imaginer. Il s'était donné quelques années avant que tout déraille, pourtant en un an à peine il perdait déjà le contrôle des évènements. Il ne comprit pas tout de suite le lien entre les problèmes de sa belle-mère et sa mutation. C'est vrai, en quoi il pouvait être coupable si elle se mettait à repenser à ses deux parents, décédés dans un accident de voiture alors qu'elle était adolescente ? Ce n'était pas de sa faute si elle se mettait à pleurer la nuit à cause de cela, si en préparant le dîner elle se mettait à crier et à lâcher ses côtés, fixant son regard dans le vide, hurlant sur son mari qui tentait de la tenir, alors qu'elle clamait haut et fort que son père et sa mère étaient là, en train de la fixer, stoïques et horriblement terrifiants, les yeux vides de toute émotion. C'est quand les visions d'horreur de la femme se mirent à évoluer qu'il comprit qu'il en était la cause, puisqu'il commençait à voir dans sa tête les mêmes images. Et autant dire que ses premières expériences de projections furent particulièrement désagréables.

Il était particulièrement blasé ce jour là, fatiguée par les attaques incessantes de son aîné, de devoir faire comme si ça ne l'atteignait pas alors qu'il souffrait intérieurement, ne supportant que trop difficilement le rejet dont il était la victime. Mais il n'allait pas se plaindre, sinon on allait le traiter d'insatisfait, de petit trop gâté qui ne supportait pas qu'on s'occupe aussi un peu des autres... Personne ne pouvait devinait qu'il vivait comme dans une cage de verre, séparé des autres contre son gré... Quoi que, inconsciemment, ne s'imposait-il pas lui-même cette distance ? Pour les protéger ? Sans doute... Et il réalisa que c'était mieux ainsi le jour où, devant ses yeux ahuris, Gemma fut prise d'une nouvelle "crise". Plus violente encore que les précédentes, plus prenante, et encore plus effrayante puisque, sans que personne d'autre autour d'eux ne comprennent la cause de ses évènements, lui arrivait à saisir la cause du désarroi de la pauvre femme. Elle secouait sa petite Avalon de trois ans, qui tentait vainement de se débattre, tandis que sa mère la suppliait en pleurs de se réveiller et de respirer. Lorsque Richard arriva dans la pièce, complètement déboussolé, il réussit à arrêter sa femme, qui l'accusait de l'empêcher de sauver sa fille.... Sa fille pourtant bien en vie, des larmes chaudes coulant sur ses joues alors qu'elle n'arrivait pas à savoir ce qui se passait. William lui ne savait pas où se mettre... Il avait vue la scène réelle, celle où Avalon avait un cœur qui battait la chamade, une respiration rapide et inquiète... Mais s'il s'en détachait un peu, il pouvait voir ce qu'elle voyait. Le corps inerte de la petite fille, blanche comme un linge, les yeux ouverts fixant le plafond sans qu'aucune émotion n'en ressorte. Et il se demandait, inlassablement, pourquoi ? Pourquoi avait-il imposé cela à sa belle-mère ? Il ne voulait pas qu'elle souffre... Il ne voulait pas qu'elle ait à faire à cette horrible image... Pourtant, il l'avait fait. Et il se rendit compte que son pouvoir était plus grand qu'il ne le pensait. Alors, il se confessa.

Les réactions furent telles qu'il les attendait : froides. Sans armes face à cette nouvelle, son père se contenta d'un soupir et de phrases intelligibles. Gemma se mit à pleurer, comprenant que si elle commençait à perdre la tête, c'était par sa faute, que tant qu'il vivrait sous le même toi qu'elle, son cauchemar ne prendrait fin. Il avait beau dire, qu'il n'y pouvait rien, qu'il n'avait pas envie de les faire souffrir, c'était peine perdue. Leur incompréhension était naturelle... et elle eut au moins le mérite d'éloigner Thybalt de sa personne. Il n'osait plus vraiment venir le harceler, ayant trop peur que son cadet ne se venge en lui faisant subir ses visions insupportables. Avalon était la seule à ne pas être en âge de comprendre exactement ce qui se passait, la seule qu'il pouvait approcher sans qu'elle ne lui lance un regard incendiaire ou qu'elle ne recule d'un pas. Jusqu'à ce qu'elle grandisse à son tour et se rende compte que parfois, quand elle voyait de jolies images apaisantes face à elle, ce n'était pas quelque chose de "normal". Elle ne le détestait pas, contrairement à ce qu'il avait pu faire vivre à Gemma, il s'agissait là de gentilles attentions d'un grand frère à sa sœur lorsqu'elle n'allait pas bien... Mais elle n'était qu'humaine et, prenant exemple sur les autres, se conformant à la norme, elle le rejeta à son tour. Pas la peine de parler de sa mère qui, apprenant la nouvelle par son géniteur, finit par lui faire de moins en moins de visites, qui se résumait à un cadeau à son anniversaire, un autre à Noël. Parfois elle ne prenait pas la peine de se déplacer, envoyait juste un colis et une lettre.

Dans l'ombre, William s'appliqua donc à travailler sur son pouvoir qu'il ne désirait pas. Il évolua, apprit à ne plus faire d'erreurs, bien que parfois, ses émotions le dépassaient et il ne pouvait empêcher à ce que des illusions se produisent, mais il arrivait à y mettre fin rapidement, en général. Il n'avait pas l'intention de rendre son pouvoir plus performant, cependant, à force de le faire fonctionner, il se rendit compte qu'il atteignait de nouveaux paliers. Celui de pouvoir modifier sa propre image, à tel point qu'un jour son père le prit pour Thybalt et lui parla normalement pour la première fois depuis plus de dix ans... Évidemment, il aurait pu en abuser, mais il se sentait si mal d'agir de la sorte qu'il décida de ne pas en profiter. Il était de plus en plus distant, autant avec ses proches qu'avec ses camarades qui rapidement comprirent qu'il ne faisait pas partie des leurs. Cela dura jusqu'à ce qu'il termine le lycée, décidant de mettre fin à ses études, d'étudier à distance. C'était plus simple pour lui et pour les autres. C'était mieux pour eux qu'ils ne le fréquentent pas, il n'était pas une bonne personne.
Il aurait aimé voyager comme sa mère, visiter des contrées lointaines, aider les plus démunis. Seulement il savait que n'importe où où il irait, le même refrain se répéterait : tu es un mutant, tu n'es pas comme nous, on ne veut pas de toi.

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Lorsque le vaccin fut annoncé, c'était comme la chance d'une nouvelle vie. Un nouveau départ. Il afficha un sourire que personne n'avait jamais eu l'occasion de voir et l'espoir réapparut. De courte durée, malgré tout. Il en parla à sa famille, lors d'un repas, et pour une fois ils l'écoutèrent. Eux-même étaient soulagés à l'idée qu'il puisse mettre fin à son pouvoir, ils n'auraient plus à s'inquiéter de savoir où était la réalité et où était le faux. Ils pourraient être en paix... C'était une toute autre idée qui hantait l'esprit de William. Lui voyait là l'occasion de pouvoir être quelqu'un comme tout le monde, de trouver sa place dans la famille, celle d'un fils aimé et aimant, celle d'un frère respecté et respectueux. Seulement, ils ne le voyaient pas comme ça, et il l'ignorait.
Il alla donc se faire injecter l'antidote, une épreuve douloureuse physiquement et mentalement. Comme si on lavait l'intérieur de son corps avec un couteau, qu'on le nettoyait à l'aide d'un puissant détergent. On le vidait totalement.

Les premiers jours, les premiers mois furent difficiles à vivre. Tout d'abord, il comprit que ses espoirs étaient vains et que jamais il n'aurait sa place chez les Bloodworth malgré ses efforts. Il leur avait fait connaître trop de malheurs et d'épreuves pour qu'ils le pardonnent aussi facilement. Puis... ses rêves étaient mouvementés, ses cauchemars répétés surtout. N'ayant plus aucun contrôle, il devait réapprendre à subir les aléas du sommeil. Il passa des nuits atroces d'insomnies, des jours et des jours sans fermer l’œil, pensant même sombrer dans une sorte de dépression post-guérison. Ses jours étaient également différents. Il n'avait plus ce... cet autre lui, cette deuxième partie de son âme, capable de changer le monde à sa guise, de modifier l'existence d'un autre par une simple illusion. Il n'avait plus cette particularité qui le rendait si honteux mais également si spécial. Il ne doutait pas avoir prit la bonne décision mais, coupé de cette seconde partie de lui, il se sentait comme un être totalement nouveau qui ne lui correspondait pas. C'était sans doute ça, de vivre normalement, ne jamais être en accord avec soi-même.

Cela dura un an, deux ans, trois ans... il ne sait plus. La notion du temps lui avait échappé au moment où son cycle de sommeil s'était déréglé. Enfermé dans le noir de sa chambre, il avait finit par abandonner de tenter de compter les jours qui passaient ou de cocher les dates sur le calendrier.
Jusqu'à ce qu'il rentre cet homme, avec sa canne. Bancal, à l'air peu équilibré mentalement mais néanmoins très intelligent, il lui avait proposé une entrevue qui semblait d'une innocence totale. Si seulement il avait su. Au départ, c'était une simple proposition de travail en équipe, dont l'homme refusait au départ de lui dévoiler la nature... Puis il lui parla de sa vie. De la connaissance de son état d'ancien mutant en sommeil. William aurait du paniquer, s'enfuir, ne pas se retourner. La curiosité est un vilain défaut, il le sait pour avoir admiré de près les dégâts que l'on peut faire en s'introduisant de trop dans l'esprit des gens... Il ne pouvait pas s'empêcher malgré tout de se questionner sur les intentions de cet étranger, un dénommé Sinistre. Il n'avait plus grand chose à perdre de toute façon, même son mental n'était pas vraiment au top à ce moment de sa vie. Ce fut certainement sa plus grande erreur que de rester à ses côtés et de se laisser toucher.
Il le sentit. Il sentit que quelque chose se passait. Il le savait et au sourire de l'inconnu, il devinait que quelque chose venait d'être provoqué. Quelque chose de ne pas forcément très agréable, à dire vrai. Ses soupçons ne purent que se confirmer quand il commença à lui parler d'une ligue de mutants qu'il commençait à rassembler, afin de décimer les humains et de mettre le nouveau niveau d'évolution au pouvoir... Conneries. Certainement un dingue encore, celui-là. Bien entendu qu'il ne le prit pas au sérieux, qu'il commença à comprendre qu'il était juste tombé sur un taré qui l'avait sans doute suivi pendant des mois et des mois pour connaître toute sa vie et l'attirer ensuite. Il avait besoin d'une occupation. Comme si c'était si facile que ça, d'éliminer l'humanité... peut-être en fait. Certainement. Oui, avec les pouvoirs de tous les mutants, c'était largement faisable. Mais non, il avait fait trop de mal à sa famille comme ça.

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Le jeune Bloodworth se retrouva face au fait accompli la nuit suivant cette rencontre assez particulière. Lui qui avait du se refaire au sommeil normal avait vu réapparaître toutes ses possibilités de changement à l'intérieur de sa tête... Comme des boutons sur lesquels appuyer, des leviers à baisser ou remonter. Tout était revenu, comme avant. Et c'était douloureux physiquement ainsi que mentalement, ce poids de retour sur sa conscience, cette fatigue refaisant surface. Paniqué, il se questionna des heures sur le pourquoi du comment, accusant l'homme fou dans ses pensées, se trouvant stupide et pensant finalement être en proie à un cauchemar.
Seulement, les jours s'enchaînaient et il était de plus en plus certain qu'il venait de retrouver ses facultés d'antan. Lui qui avait espéré s'en être débarrassé pour toujours ne comprenait pas. Il déménagea, sans prévenir vraiment son père, qui ne s'inquiétait plus pour lui depuis longtemps. S'installant dans un loft, près d'un immeuble désaffecté, où personne n'irait le chercher, il tenta en vain de retrouver l'homme étrange qui venait de gâcher sa vie - sa deuxième vie.
William alla jusqu'à se pointer à l'établissement qui lui avait prescrit le vaccin, harcelant la secrétaire, se plaignant des effets secondaires qui le faisaient devenir dingue, affirmant que tout ça n'était que du baratin, que leur piqûre ne valait rien, que de faux espoirs balancés à la gueule des mutants pour ensuite les détruire... Il était furieux, hors de lui, incapable de se calmer. Il alla jusqu'à détruire le comptoir de l'accueil, infligeant des visions de souffrance à la pauvre femme sans même l'avoir décidé. Il ne comprit pas comment il réussit à sortir de l'immeuble sans faire plus de dégâts, bien qu'il n'ait pas vérifié derrière lui, sans doute beaucoup d'autres personnes ont eu le droit à des images horrifiantes imposées à leurs esprits...
Enfermé chez lui, William ne savait plus à quoi se fier, en venait à se demander si lui-même ne commençait pas à trop se croire dans une vision. Il ne voyait plus personne, ne parlait plus à personne, ne se mettait plus au courant de ce qui se passait autour de lui. A peine s'il sortait chercher le journal. Ce n'est que le jour où son propriétaire a commencé se plaindre de ne pas voir le loyer payé à la fin du mois qu'il a décidé d'aller chercher le journal, mais aussi d'en lire les petites annonces pour se trouver un travail.

Il n'eut pas besoin de chercher longtemps. Un coup de fil au cours d'une journée lui permit de prendre un tout nouveau tournant. Tony Stark. Apparemment, son intrusion dans le bâtiment médical avait fait grand bruit et justement, cet homme d'affaire bien reconnu - même si à part son nom de famille donné à l'entreprise, Will n'avait aucune idée de qui il était vraiment - était à la recherche de "quelqu'un comme lui". Quelqu'un doté de capacités hors normes. Au début, il faut l'avouer, Will a raccroché. Ras-le-bol qu'on se foute de lui. Mais le téléphone n'a pas arrêté de sonner et au bout d'un moment, la sonnerie lui cassait encore plus la tête que ce tenace de Stark.
S'il recherchait un mutant, s'était pour une raison bien particulière : protéger celle qui partageait sa vie. Autant dire qu'il n'y comprenait rien du tout. Vraiment rien. Jusqu'à ce qu'il lui dise qu'elle aussi était "particulière". Oh d'accord, quelqu'un comme lui. Avec un humain. Un super-héros. Génial.

"Payé combien ?"

Pas la peine de lui en dire plus, une fois le prix connu, il accepta sans rechigner. Son propriétaire allait enfin arrêter de gueuler.

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Eleanor. Ellie. Eleanor. Qu'est-ce qu'elle foutait avec cet imbécile ? Un macho de premier niveau qui se la pète et qui s'en fout de tout ? D'accord, William n'était pas de la meilleure des compagnies, en particulier à ses touts débuts en tant que "garde du corps/compagnon de journée", avec son air froid et son ton inamical, on avait envie de lui jeter un seau d'eau chaude sur la tête en s'attendant à ce qu'il fonde à cause de la montée de température. Cependant, à force de côtoyer la jeune blonde (brune selon ses humeurs), il avait finit par voir ce qu'il loupait, en restant en dehors de la communauté. Certes, tout le monde n'était pas très tendre avec lui, mais cela ne voulait pas dire qu'ils étaient tous pareils... Eleanor le lui prouvait en se montrant des plus agréables et des plus innocentes. Stark lui, confirmait juste sa pensée comme quoi être riche et célèbre et avoir du pouvoir, ça pouvait vous détruire un homme.

Il ne regrettait pas d'avoir accepté le job, il regrettait seulement que la jeune mutante n'est pas le droit à mieux que tout ça. Elle aurait pu vivre tellement... tellement plus simplement. Ce n'était pas un être vénale et pleins de mauvaises intentions, il le voyait comme ça en tout cas. En sa présence il arrivait même à oublier tous les soucis qu'il avait pu causer à sa famille, elle ne faisait ressortir que son bon côté. Elle lui redonnait confiance en lui, en les autres, en la possibilité de vivre bien malgré sa différence. Son influence sur lui était positive, très positive... trop positive.