Et Flute !

A plat ventre sur le sol de ma chambre, je cherchais à attraper la pomme qui venait de fuir de ma main pour aller rouler sous le lit. Mais cette dernière avait décidé d’aller tout au fond, là où j’avais le bras trop court pour l’attraper. Me relevant en soupirant, je me plantai devant mon lit, les mains sur les hanches, cherchant la solution à mon problème.

Attrapant le bord du lit, je tentai de le soulever pour pouvoir atteindre l’objet de mon désir mais ce lit pesait bien une tonne et je le relâchai rapidement dans un bruit d’enfer qui fit grogner ma camarade de chambre. Cette dernière choppa l’un de ses coussins et me le lança dessus.

Swimy ! J’aimerais dormir sans que tu déménage la chambre !

Evitant le coussin de justesse, j’abandonnai ma pomme à son triste sort et secoua la tête en soupirant avant de sortir de la pièce. Puisqu’elle avait décidé de faire la grasse matinée, j’allais en profiter pour aller faire un tour. Il était de bonne heure mais en ce moment j’avais du mal à dormir. Pourquoi ? Aucune idée mais je préférais passer mon temps à m’entrainer sur la cryokinésie qui était encore loin d’être parfait selon moi. Ce don était un véritable casse-tête pour moi. J’avais les capacités mais pour le gérer … C’était autre chose !

Tournant à droite, puis à gauche, j’arrivai rapidement aux escaliers. Descendre les deux étages pour arriver au rez-de-chaussée ne me pris guère de temps vu que je ne rencontrai personne. C’était calme et silencieux et j’appréciais particulièrement ce moment juste avant que tout le monde se lève et que l’institut ressemble à une fourmilière.

Vu que je n’avais pas récupérer ma pomme, il allait falloir que je me trouve une autre bricole à manger avant d’aller m’entrainer. Pieds nus, en short et débardeur, je marchais en direction de la cuisine tout en réfléchissant à ce que j’allais essayer de faire pendant mon entrainement. En entrant dans la cuisine, je me dirigeai directement vers les fruits et attrapa une pomme avant de ressortir de la pièce. Maintenant c’était direction la salle de sport, enfin la salle où je pourrais utiliser l’eau et la glace sans risque de blesser personne quoi.

Croquant dans ma pomme, je marchais sans vraiment regarder devant moi. Je connaissais bien l’institut, enfin sauf quand je m’y perdais mais ça c’était quand je n’étais pas attentive à ce que je faisais. Enfin bref, je marchais et m’apprêtais à tourner au coin quand une silhouette s’imposa face à moi. N’ayant pas le temps de l’éviter, elle me percuta de plein fouet et m’expédia au sol alors que ma pomme s’en allait rouler à l’autre bout du couloir. Encore une pomme de perdue !

Grimaçant sous le choc de la rencontre entre mon postérieur et le sol, je levai les yeux vers la personne qui me faisait face. C’était un homme que j’avais déjà aperçu une ou deux fois par ici mais qui ne demeurait pas à l’institut. Ce dernier me tendait la main pour m’aider à me relever. Je m’apprêtais à la prendre quand je remarquai son regard noir. Marquant une hésitation, je ne fus que surprise d’entendre sa réplique.

Vous pouvez pas regarder où vous mettez les pieds un peu? Un peu plus et je me vautrais par terre comme une merde !

Nan mais il se fichait de moi là ? C’était lui qui me rentrait dedans, c’était lui qui était encore debout et c’était moi qui me prenais la remarque ! Retournant ma main face à lui je n’hésitai pas à créer un jet d’eau pour l’arroser de la tête au pied. Non mais oh ! On ne s’en prenait pas à moi comme ça !

Profitant de la surprise de l’homme, je me relevai tranquillement et me planta devant lui en tirant sur mon débardeur pour le remettre en place. Un léger sourire passa sur mes lèvres avant que le lui lance d’un ton un peu plus sec que je ne l’aurais voulu.

En principe on commence à dire pardon quand on est l’auteur du problème. Et il me semble que vous n’avez pas eu autant de mal que moi !

Quoique … Maintenant qu’il était trempe … On pouvait dire le contraire … Prenant le temps de le détailler un peu plus, je me mis à sourire avant de franchement éclater de rire. Les cheveux qui dégoulinent d’eau, ça ne va pas vraiment avec le regard noir et c’était plus comique à voir.

Oh excusez-moi, mais vous êtes dans un sale état maintenant et … c’est plutôt drôle à voir.

Oui bon je ne le connaissais pas et je ne savais pas le moindre du monde comment il allait réagir mais bon c’était pas mal de commencer la journée en riant non ? Même si c’était rire de quelqu’un d’autre …

Finalement il souriait. C’était surement bon signe ! A mon tour, je lui adressai un grand sourire tout en attendant la suite. Je lui avais dis mon impression sur son état, je m’étais aussi … vaguement excusée. C’était pas mal non ?

Bon je vais agir en adulte et oublier tout ça… Tu pourrais monter à l’étage et me rapporter une serviette propre au moins s’il te plait ?

Mon sourire s’élargit alors qu’il me posait une main sur l’épaule de façon très amicale. Je n’avais pas vraiment l’habitude du contact surtout que je ne connaissais pas beaucoup mais c’était un ancien de l’institut, il ne pouvait pas être foncièrement mauvais sinon il ne pourrait pas revenir ainsi et se promener dans le bâtiment sans surveillance.

Si tu pouvais faire vite par contre… Je t’attends ici !

Hochant la tête, j’hésitai à ajouter autre chose mais il avait raison, agir en adulte était le mieux et ce n’était pas du tout ce que j’avais fait jusqu’à présent. Pivotant sur mes talons je rebroussai chemin et ramassa ma pomme au passage. J’adorais manger des pommes, il était rare qu’on ne me voit pas avec l’un de ces fruits à la main mais là, ça faisait deux fois que ces dernières roulaient sur le sol comme pour me fuir. Pourtant c’était bon pour la santé les pommes !

Gravissant les escaliers tranquillement, je réfléchis à ce qu’on m’avait dit du jeune homme. Je l’avais vu plusieurs fois et curieuse comme j’étais, je n’avais pas manqué de demander qui il était. On m’avait juste dit de me tenir à l’écart de lui que … Jackpot ne portait guère de chance à son entourage. Je n’avais pas vraiment compris pourquoi mais je n’avais pas eu l’occasion d’aller lui parler de moi-même. Enfin jusqu’à aujourd’hui …

Entrant dans la première pièce d’eau qui se présentait, je m’avançai vers la poubelle la plus proche pour jeter ma pomme. Alors que j’étais penchée au dessus de la poubelle un bruit bizarre me fit lever la tête. Ce dernier provenait du toilette le plus proche. Fronçant les sourcils, je m’approchai juste au moment où un bruit plus fort se fit entendre bientôt suivit d’un jet d’eau sale et malodorant. Bien évidemment j’étais très mal placée et je pris une bonne partie de ces immondices sur moi. Complètement tétanisée devant ce qu’il venait de m’arriver, ce fut l’odeur qui me fit réagir. Mon dieu ce que ça pouvait sentir mauvais ! M’écartant vivement au cas où ça recommence, je m’éloignai vers la partie douche. Un grand miroir était placé juste à l’entrée et il me renvoyait une image pour le moins ragoutante.

Non mais c’est pas vrai ! C’est pas mon jour !

A peine avais-je dit ces mots que je réalisai une chose. L’homme en bas se faisait appeler Jackpot parce qu’il était capable de produire de la chance ou de la malchance à ceux qu’il touchait. Voilà donc sa façon bien à lui de se comporter en adulte ! Et bien il pouvait l’attendre longtemps sa serviette ! Je n’allais surement pas descendre dans une tenue et surtout avec une telle odeur !

Entrant dans la première douche qui se présentait, je n’hésitai pas à ouvrir l’eau directement sur mes habits. Vu l’état de mon short et de mon débardeur, ils avaient eux même besoin d’un bon nettoyage. J’aurais peut-être du aller chercher d’autres vêtements mais trimbaler cette odeur partout avec moi, c’était hors de question. Je préférais encore me promener avec des habits mouillés !

Prenant le temps, je profitais de mon passage sous l’eau pour chercher une façon de me venger mais il fallait reconnaître quand même que c’était moi qui avais commencé en l’arrosant copieusement. Ok il m’avait reproché d’avoir provoqué notre carambolage mais ce n’était quand même pas une raison pour faire ça. J’étais trop impulsive, je le savais très bien mais je ne pouvais pas m’empêcher de réagir quand j’étais dans mon droit. Là c’était le cas puisque lui comme moi n’avions pas vu l’autre. Nous étions donc tout les deux fautif. Donc … Ca faisait un point partout !

C’est sur ces pensées que je coupai l’eau et essora mes cheveux tout en sortant de la douche. J’étais trempe, je dégoulinais de partout et surtout mes vêtements me collaient à la peau mais c’était pas grave, l’odeur était partie et je me sentais beaucoup plus propre. Prenant une serviette sur la pile, je commençai à m’essuyer les cheveux tout en pensant qu’il devait toujours attendre la sienne, planté dans le couloir où nous nous étions rencontrés.

Tout en m’essuyant les cheveux, je m’avançai vers le miroir qui trônait au mur. Relevant la tête, je grimaçai en voyant mon reflet. Je ne ressemblais à rien du tout avec les cheveux en bataille, mon short et mon débardeur trempe qui laissant voir mes sous-vêtements. Franchement il allait falloir que je fasse un peu plus attention aux habits que je portais. Bien que je sois maintenant une habituée des lieux depuis cinq ans, je ne pouvais pas décemment me promener dans une telle tenue, surtout si des beaux jeunes hommes se mettaient à trainer aux heures où je ne trouvais personne.

Beaux jeunes hommes … Non mais comment ça se faisait que je pensais comme ça ? Ca n’avait jamais été le cas jusqu’à présent et voilà que je me mettais à penser différemment à cause d’une seule rencontre ? Non mais là il fallait que je retourne me coucher, je devais être malade, c’était sûr ! Secouant la tête, je poussai un long soupir avant de réfléchir à la suite. Aller dans ma chambre, me changer pour mettre des vêtements secs puis redescendre en évitant le couloir où j’avais laissé mon … agresseur-agressé et sortir prendre l’air. Oui ça me ferait du bien tiens !

Tu es là? Tu devrais sortir j'ai un petit quelque chose pour toi...

Arf zut ! Pour sortir en douce c’était raté ! Les yeux fixés sur le miroir, je cherchais rapidement une solution sans en trouver. Nous étions à l’étage et donc sortir par la fenêtre n’était guère recommander. Quoique là j’aurais tout donné pour avoir un don de félin pour sauter par la fenêtre et retomber sur mes pieds …

Jetant la serviette dans la corbeille de linge sale, j’en attrapai une propre avant de m’avancer à grand pas vers la porte et de l’ouvrir d’un geste brusque pour finalement m’arrêter sur le seuil. Il était assis là à quelques mètres de moi, devant une table dissimulée sous une nappe. Une deuxième chaise lui faisait face, ce qu’il voulait dire qu’il attendait que je le rejoigne.

Je restai scotcher quelques secondes avant de me souvenir que mes habits étaient encore mouillés et donc encore transparent. Lui lançant la serviette, je re-rentrai dans la salle de bain en claquant la porte rapidement derrière moi.

Je reviens dans deux minutes !

A peine la porte fermer, je m’adossai contre en me mordant les lèvres. Mais quelle idiote j’ai été à sortir alors que je savais très bien dans quel état j’étais ! M’éloignant de la porte, je partis fouiller dans un placard et trouva un sèche-cheveux. Voilà qui était parfait pour sécher mes vêtements ! Il me fallut un peu plus de cinq minutes pour que je ressemble à quelque chose de plus correct. Rangeant l’appareil, je m’arrêtai quelques secondes devant le miroir histoire de remettre mes cheveux en place et sortit enfin de la salle de bain.

Voilà ! Je suis plus présentable !

Adressant un sourire au jeune homme, je me posai sur la chaise vide et lui lança un regard curieux. Même si je n’avais pas appréciée sa plaisanterie sur le moment, je ne pouvais pas lui en tenir rigueur. Après tout c’était un coup pour un coup donc nous étions maintenant revenus au point de départ, à part peut-être …

Excuse-moi pour tout à l’heure. Je n’aurais pas du réagir aussi impulsivement mais j’ai pas l’habitude qu’on m’agresse ainsi de grand matin …

Levant mon regard vers le jeune homme, je fus légèrement troublée en remarquant qu’il me fixait avec beaucoup d’attention. Etait-ce par rapport à ce qu’il avait pu entrevoir juste avant ou était-ce juste mon imagination ?

Présentable est un bien faible mot… Tu es vraiment… Radieuse !

Je sentais une certaine rougeur envahir mes joues sous le compliment du jeune mutant. Je l’avais croisé plusieurs fois lors de ses précédents passages à l’institut. Nous n’avions échangé que des bonjours polis, simple signe de politesse. On m’avait dit de me tenir éloigner de lui, je n’avais pas cherché à comprendre pourquoi vu qu’il n’habitait pas là mais maintenant je comprenais en partie la raison de cette remarque.

Je pense être au moins tout aussi fautif que toi pour le coup… J’ai mal réagi à deux reprises et je m’en excuse sincèrement… J’espère que la petite surprise que je t’aie préparé nous permettra de repartir sur de bonnes bases !

Une surprise ? Il avait préparé une surprise rien que pour moi ? Je dois dire que sur le moment, je fus choquée. Je n’avais aucun souvenir de la dernière fois où l’on m’avait fait une surprise … A la maison mon frère avait souvent eu des surprises mais moi non. Un cadeau pour mon anniversaire et pour Noël c’était déjà le maximum et dans un sens ça me suffisait grandement. Du moins c’était ce que je pensais jusqu’à maintenant …

Bon alors tu as une importante décision à prendre…. Chocolat, thé ou café ?

Mes yeux parcoururent la table du regard avant que je ne sente une humidité perlait dans mes yeux. Non, je n’allais quand même pas pleurer ! Ca serait trop bête ! Me levant d’un bond au risque de renverser la table, je tournai le dos au jeune homme et m’éloigna en direction de ma chambre. Partir loin de là, je ne voulais pas être faible mais … partir voulait dire être lâche et dieu seul sait comme je pouvais haïr les lâches. Comme mon père … Tiens pourquoi je repensais à celui-là maintenant ? Surement à cause de ce que j’étais en train de faire … Fuir … Comme lui-même l’avait fait en apprenant mon existence. Ce n’était peut-être pas à la même échelle mais ça commençait ainsi.

La main sur la poignée de la porte, j’hésitai l’espace d’un instant avant de me retourner et de revenir m’installer face à Alexander. Oui je m’étais souvenue de son prénom comme par magie à cet instant précis. Lui lançant un timide sourire, je regardai à nouveau la table avant de prononcer quelques mots.

Hum … Je ne bois pas de café, ça a un effet déplorable sur mes capacités à gérer mon pouvoir mais un bon chocolat chaud … Ca ne se refuse jamais !

Repartir sur de bonnes bases … N’était-ce pas ce qu’il avait dit un peu plus tôt ? Moi j’étais à cent pour cent pour ! Tiens d’ailleurs, nous deux devant une table ça me faisait limite penser à la belle et le clochard. Sauf que ce n’était pas des spaghettis que nous mangions, et que ce n’était pas un rendez-vous romantique. Quoique … le gars n’était pas si mal … Si j’étais moins timide, si j’osais plus, je tenterais surement quelque chose. Sauf que ce n’étais pas mon genre de faire ça …

Merci c'est très gentil de ta part mais ... Je ne pense pas que tu étais venu ici juste pour partager un déjeuner avec une quasi inconnue ...

J'étais curieuse ? Non rien qu'un peu ! Mais bon, il fallait bien alimenter la conversation quand même ...

Rappelles moi de ne pas te donner de café de bon matin alors… Je préfère prendre ma douche le soir en temps normal…

Un léger sourire passa sur mes lèvres. Le soir ? C’était bon à savoir pour la prochaine fois ! Je grimaçai légèrement en réalisant que je pensais déjà à la prochaine fois que je le verrais. Ok je savais qu’il venait souvent ici, même si là, ça faisait un moment qu’il n’était pas venu, mais peut-être qu’il ferait attention à éviter tout le monde … ou que je ne serais pas là à cause de mon boulot …

Regardant Alexander préparait le chocolat chaud, je ne pus m’empêcher de laisser dériver mon regard sur lui et de prendre le temps de le détailler. Ce n’était pas mon style mais là, c’était comme si un aimant m’attirait et m’obligeait à faire ça. Quand je le réalisai, je détournai les yeux et sentis une rougeur envahir mes joues. C’était si gênant que j’espérais juste que le jeune homme, trop occupé à servir, ne se soit rendu compte de rien.

Prenant la tasse que me tendait mon compagnon du moment, je le remerciai d’un sourire avant de poser mes mains de chaque coté de la tasse pour sentir la douce chaleur se propageait dans mon corps. Trempant les lèvres, je n’en pris qu’une petite gorgée pour ne pas me brûler avant de reposer la tasse et de piquer une céréale.

Oh tu sais… A chaque fois que je viens ici il m’arrive un truc ! Pour une fois que c’est quelque chose de plaisant je ne vais certainement pas m’en plaindre pour le coup !

Je ne pus m’empêcher de sourire. Après tout son surnom n’était-il pas Jackpot ? Il se jouait de son destin non, enfin plutôt du destin de ceux qu’il rencontrait donc s’il réagissait aussi vite qu’il l’avait fait là, pour sûr qu’il ne devait pas tellement se faire d’amis.

Alors qu’il terminait sa phrase, le mutant posa une main sur la mienne, provoquant un sacré trouble en moi. Un frisson me parcourut le dos, alors que mon regard se posait sur sa main. Que devais-je faire ? La retirer ? La laisser ? Que faisait-il là ? Pourquoi un tel geste ? Encore pour utiliser son don ? Devais-je me méfier ? Que de questions traversaient ma tête, me faisant hésiter sur la marche à suivre.

Il me fallut plusieurs secondes, assez pour que le jeune homme puisse ressentir le trouble qui m’habitait, avant que je ne retire ma main. Mais juste la retirer de sous la sienne, je la laissai sur la table à quelques centimètres de la sienne alors que mon regard venait chercher le sien pour essayer de comprendre ses intentions.

Etait-il en train de me draguer ? Si c’était ça, il allait avoir fort à faire parce que je ne m’étais guère intéressée à ça pour le moment trop occupée entre mon boulot et mes entrainements pour gérer mes pouvoirs. Après, je ne pouvais qu’avouer que le jeune homme avait un certain charme qui m’attirait mais quant à savoir quoi faire, je n’en avais aucune idée.

Je ne crois pas qu’une douche froide soit très plaisant tout comme une douche … malodorante mais je dois dire que la suite est plutôt agréable. Un tel petit déjeuner … Merci, je n’en méritais pas tant vu mon attitude.

Je lui adressai un grand sourire avant de reporter mon attention sur ma boisson. Prenant la tasse, j’en bus un peu plus et la reposa à nouveau. Voulant remettre ma main, là où je l’avais mis précédemment, je rencontrai celle d’Alexander qu’il n’avait pas enlevé. Me mordant les lèvres, j’eue un petit mouvement de recul avant que la curiosité ne l’emporte et que je décide de laisser ma main sur la sienne, pour voir ce qu’il allait faire …

En tout cas préparer un repas en si peu de temps et l’installer ici, moi je dis chapeau ! Tu es très rapide !

Je rougis doucement en réalisant que je l’avais machinalement tutoyé. C’est vrai que nous avions échangé quelques gestes qui pouvaient s’apparenter à une première rencontre et que là nous faisons la deuxième donc comme si on avait déjà échangé les banalités et qu’on était enfin passé au stade supérieur.

Par contre … la table est petite non ?

J’avais dis ça, en regardant ma main toujours posée sur la sienne, devais-je finalement l’enlever ou pas ? Je n’en avais pas envie … J’appréciais le contact et la chaleur de la main du jeune homme. A croire que j’étais en train de tomber sous son charme. C’était tout bonnement impossible, les coups de foudre, ça n’existait que dans les films et les contes de fée et moi, je ne croyais qu’à la vérité, qu’à ce que je voyais de mes propres yeux.

Très honnêtement je crevais de faim et je me suis dit que ça pourrait être sympa de partager ce moment avec toi. Après tout on est parti de tellement bas que notre relation ne pouvait que s’améliorer désormais… Et encore une fois… Je suis tout aussi coupable que toi. Tu n’as aucune raison de prendre l’entière responsabilité de ce qu’il s’est passé avant. D’ailleurs c’est oublié pour ma part.

Il avait pas tord … On avait commencé si bas qu’on ne pouvait pas descendre encore plus bas. Enfin à part si on décidait de se tuer mais je n’avais pas l’âme d’une tueuse. D’ailleurs ma réaction était tout à l’opposée. Pourquoi est-ce que je reposais ma main sur la sienne alors que quelques minutes plus tôt je l’avais retiré ? Ok c’était une erreur et pourtant je la laissais là au lieu de m’excuser et de l’enlever.

Ce n’est vraiment pas grand-chose… Je n’ai rien fait de bien compliqué au fond… Tout le monde sait faire frire des lardons et préparer des œufs brouillés non ?

Prenant mon verre de jus d’orange, j’en bus une gorgée en écoutant le jeune homme. Ce n’était peut-être pas compliqué mais il l’avait fait en un temps record et en plus pour une mutante qu’il connaissait à peine. Cherchez le problème … C’était moi, le problème ! Jamais je n’avais eu l’habitude qu’on me fasse ainsi des choses pour me faire plaisir. A la maison je devais me débrouiller seule et ça depuis de nombreuses années, surement l’une des raisons qui m’avait poussé à partir.

Je te concède qu’on est un peu à l’étroit. Hélas j’ai rien pu trouver d’autres… Enfin je n’allais pas embarquer la table de la cuisine non plus quoi !

Un sourire franchit mes lèvres en l’imaginant chargé du plateau de victuailles et essayant d’embarquer table et chaises. C’était plutôt marrant à imaginer mais je me retins de rire pour qu’il ne le prenne pas mal. Je n’avais pas envie qu’il utilise à nouveau son pouvoir pour me porter poisse. Quoique depuis tout à l’heure, au lieu de fuir son contact, j’étais limite à le chercher. La chaleur de sa main sous la mienne me donnait un sentiment de bien être que je n’avais jamais connu jusque là.

J’apprécie beaucoup ta compagnie honnêtement… D’ailleurs nous avons oublié les présentations il me semble... Moi c’est Alexander mais tu peux te contenter d’Alex, et toi tu es ?

Plongeant mon regard dans celui du jeune homme, je cherchais quelque chose à dire mais les mots semblaient vouloir me fuir. Lui, de son côté, était en proie à une hésitation que je lisais dans ses yeux. Une hésitation qu’il finit par rejeter pour esquiver un geste dans ma direction. Ses doigts caressant ma joue avec douceur, je retins ma respiration quelques secondes avant que ma main libre ne vient naturellement se poser sur celle du jeune homme contre ma joue.

Opalyne … Opal … C’est comme tu veux, je n’ai pas de préférence.

Mon cœur semblait ne plus savoir quoi faire et s’affolait comme de rien parce qu’Alexander me caressait la joue. J’avais côtoyé pas mal d’homme surtout depuis mon arrivée ici mais aucun ne m’avait fait cet effet. Il faut dire qu’aucun ne m’avait préparé un repas comme ça, aucun ne m’avait regardé avec une telle intensité et aucun … non je ne pouvais pas continuer à divaguer comme ça, il fallait que je sois fixée.

On vient à peine de faire connaissance et je sais pas … je n’accorde pas facilement ma confiance mais là … C’est justement ce que j’ai envie de faire. Fais-tu toujours ça pour t’approcher des filles qui t’intéressent ou suis-je une privilégiée ?

Je n’aimais pas le fait de me sentir faible face à quelqu’un mais c’était un peu ce que j’éprouvais à ce moment là. Que pouvais-je penser d’un tel comportement venant de ma part ? J’étais perdue et j’espérais presque que le jeune mutant m’aide à comprendre tout ça …

Hé bien ravi de faire ta connaissance alors Opalyne. Nos chemins se seront croisés de nombreuses fois ici-même au manoir avant qu’on ne finisse par vraiment faire connaissance !

Je hochai la tête quand il évoqua les fois où on s’était déjà croisé. Je me rappelais particulièrement bien la première fois, vu qu’on m’avait bien prévenu de ne pas m’approcher de lui, qu’il n’était pas un garçon recommandable et qu’il fallait mieux pour moi que je l’évite. Ce que j’avais fait le reste du temps sans vraiment chercher à comprendre pourquoi. Enfin je savais vaguement ce qu’était ses pouvoirs mais c’était tout.

Et ce matin … Je tombais littéralement sur lui et on sympathisait. Franchement je n’y aurais pas cru. Surtout qu’il était bien différent de moi et beaucoup plus ouvert que moi. J’avais l’impression de n’avoir aucune connaissance du monde par rapport à lui alors que nous avions qu’à peine quelques années d’écart.

Je vais être franc…. Les rares fois où je prends un petit-déjeuner il m’est apporté par le room service de l’hôtel où je suis. Alors oui c’est la première fois que j’en prépare un si ça répond à ta question, et donc t’es la première à avoir le droit à un tel traitement de faveur de ma part par conséquent !

Voilà ! Quand je disais que nous étions différents, c’était encore plus visible avec ces quelques mots. Jamais je ne m’étais faite servir jusqu’au jour d’aujourd’hui. Ce petit déjeuner que je n’avais pas préparé moi-même, c’était bien le tout premier et je devais bien reconnaître que ça me touchait que je sois la première. Après je doutais être la dernière vu qu’il était si … Sursautant légèrement, je repris mes esprits pour revenir à la vie réelle et posa mon regard sur le jeune homme. Ce dernier venait de lever à nouveau sa main pour caresser ma joue. Immobile, je le laissais faire, bien consciente que ce geste avant quelque chose d’intime, quelque chose qu’on ne partageait pas avec n’importe qui mais était-il n’importe qui ?

Son mouvement n’échappa pas à mon regard. Il s’approchait de moi … Pourquoi faire devrais-je dire ? Non la question ne se posait même pas, je savais parfaitement ce qu’il voulait faire et si j’aurais du fuir, je n’en avais pas envie du tout. Au contraire, ce fut moi qui m’avançai pour parcourir l’espace restant et capturer ses lèvres dans un timide baisé avant de me reculer légèrement pour lui sourire.

J’aurais voulu dire quelque chose mais je n’avais aucune idée de ce que j’aurais pu ajouter dans un tel moment. J’étais bien … terriblement bien et je n’avais pas envie que ce moment s’arrête, en faite je crois que je ne m’étais jamais sentie aussi bien qu’à cet instant avec ce jeune homme qui m’attirait de plus en plus. Etait-ce ça qu’on appelait un coup de foudre ? Si c’était bien ça, il m’avait semblait que ça ne serait pas bon avec mon pouvoir mais finalement c’était lui qui nous avait rapproché. Maintenant restait à savoir ce que pensait Alex de ce sentiment naissant, mais pour ça, il fallait que j’arrive à sortir quelques mots …

Il n’y a pas si longtemps, nous étions à la limite d’être ennemi et maintenant …

Je n’ajoutai pas un mot de plus, préférant le laisser finir la phrase, faire un geste ou je ne sais quoi qui pourrait me fixer sur ce qu’il pensait actuellement mais le fait qu’il se soit ainsi rapprocher me laisser à rêver qu’il puisse éprouver un petit quelque chose.