Toutes les bonnes choses ont une fin. C'est donc avec un nœud à l'estomac que je descendais les marches de mon hôtel, valise à la main. Je mis mes bagages dans le compartiment adéquat de l'autocar à destination de New York. Quelques minutes plus tard, j'étais assise dans l'un des nombreux sièges mis à disposition des voyageurs.

Je regardais le paysage qui défilait de plus en plus vite, repensant à ces quelques jours qui ont vraiment été merveilleux , probablement les plus beaux de ma vie. Rapidement, je mis mes écouteurs dans mes oreilles, le retour allait être long, très long et bien que j'avais préparé de quoi me divertir, je savais que l'ennui ferait par montrer le bout de son nez un moment ou un autre.

Les secondes passaient comme des minutes, les minutes comme des heures. Mes vacances étaient déjà loin derrière moi et mes jambes commençaient à s'engourdirent. Je fermais les yeux, bercée par les paroles d'une de mes chansons préférées. « Still loving you ».

Le car finit par s'arrêter sur un immense parking. Par la vitre, j'apercevais une multitude de poids-lourds et au bout du parking, une vitrine éclairée. Peu à peu, les voyageurs quittaient le véhicule, nous nous retrouvions dehors et nous dirigions vers ce qui semblait être un restaurant de route. Une fois à l'intérieur, je cherchais du regard une table vide. Une fois trouvée et installée, je jetais un oeil sur la carte. Rien de bien appétissant à première vu. Attendant qu'une serveuse vienne à ma rencontre, je pris un miroir dans le sac à main que j'avais emmené avec moi et dont je ne me séparais jamais. Dans le miroir, je vis mon reflet : Une jeune femme, bien jolie, blonde et légèrement maquillée mais, qui semblait fatiguée par le voyage. Je soupirais tout en remettant mes cheveux en place. Alors que j'étais occupée à me relooker un petit peu, je vis du givre commencer à envahir l'accessoire. Surprise, je rangeais ustensile dans mon sac avant que quelqu'un n'ai pu voir quoi que ce soit. Je lançais quelques regards autour de moi afin de vérifier si personne n'avait remarqué quoi que ce soit. Enfin ! Une serveuse arriva ! Il y avait pas mal de monde, l'attente était compréhensible.

En tout cas, le personnel féminin semblait courageuse, pour travailler dans un tel endroit ! La plupart étaient des routiers avec un caractère et une manière d'être assez ... étrange. Je ne pense pas pouvoir faire un jour le travail qu'elles font ici...

Spoiler:

Ce n’était pas sans mal qu’elle devrait se faire une place dans ce snack de routiers, déjà les regards fusaient en presque la déshabillant, jaugeant l’allure, ou les manières, à croire que vraiment ils n’avaient jamais vus de femme faire le service !

Un ragout ? il est excellent, vous m’en direz des nouvelles !

Ce qui le composait, était sûrement de la viande de bœuf et des pommes de terres, accompagnées de lard ou quelque chose du genre, le cuistot qu’elle avait enrevu en allant chercher les plats n’était pas un modèle de propreté, là première classe était prise, ici on était à l’échelle inférieure de la qualité, mais on ne ménageait pas la quantité, ces camionneurs avaient besoin de se remplir la panse, pas qu’on leur fasse des ronds de jambes à porter les assiettes !

- t’inquiète, ma mignonne, j’connais l’ragout d’Bambi, on d’mand’ra pas les papiers d’identité d’la bête, mais j’peux v’nir vérifier les tiens si tu veux… hein ?

La main du lourdaud se pose sur son bras, jusqu’à prendre sa main un peu fermement, et là de ses doigts, elle tord gentiment les siens avec un sourire à faire peur aux enfants de primaire, sauf que la douleur qu’elle lui imposait discrètement le faisait lentement retourner en enfance :

Mes papiers sont en règle, et je suis certaine que vous désirez terminer votre repas tranquille, n’est ce pas ?:

Son regard qui rougit légèrement, se plonge dans le sien, depuis l’autre côté de ses lunettes teintées, elle les retirait rarement en public, et ça il faudrait qu’elle le justifie à son nouveau patron… routier ou pas, il sourit en coin, amusé de voir que la miss ne se laissait pas faire, puis il éclata de rire en se tournant vers le patron en parlant fort :

- C’est un vrai p’tit mec que t’as embauché là hein ! Y a du respect M’ssieur, tu peux y aller, la p’tiote est s’laisse pas faire !

Elle comprend pas grand-chose à ce qu’il vient de se passer, car soit le bonhomme est envoyé faire un test à Swan, soit il vient de se rendre compte qu’il vallait mieux rester sage pour pas l’offusquer, car elle ne croit pas avoir été trop bruque, ni trop dure…

- Ca va aller poupée… j’voulais pas t’embêter… on peut toujours essayer hein ?

C’était à n’y rien comprendre, le molosse au crâne rasé, met sa casquette rouge visière dans le dos et plonge son nez dans ce mélange ragoutant qui compose son assiette, sans attendre son reste, ni même la regarder ! A croire que rien ne s’était passé !

Elle était la seule fille à servir dans cet endroit que certains pourraient croire de malfamé, les autres étaient des hommes, le cuistot, le comis, le barman, le patron, les pompistes et les mécanos… c’est vrai qu’au fond, cela devait paraître un bien étrange tableau que de voir une belle petite servir à table, mais bon, au milieu des clients, il y avait une floppée de belles filles, les cars s’arrêtaient tous ici pour la pause café, et le rendez vous des voyageurs en départ pour se rendre dans la grande ville et ses alentours, était ici, 4 fois par jour, une fois le matin à 8 heures, une à midi, l’autre à 16 et enfin à 20 heures, le reste du temps, c’était les camionneurs et les particuliers qui venaient pour leur essence, les horaires de ceux-ci étaient affichés en grand sur la devanture, précisant que les billets étaient vendus au comptoir par le patron,

Une petite blonde venait de s’installer à une table seule, sortie du même car qu’elle sûrement, mais elle ne l’avait pas vue, sans doute trop occupée à paraitre normale derrièee ses verres colorés qui dissimulaient ses yeux… le plateau à la main, le chiffon sur le bras et le tablier à la taille, elle s’avança vers celle-ci, en cuisine on l’avait prévenu qu’il restait encore 3 parts de plat du jour, et qu’autrement, c’était la carte !
j
Mademoiselle… bonjour… vous désirez boire ? Manger ? Nous avons du ragout de bœuf si vous voulez, et une bonne tarte aux pommes, faite maison… ça vous dit ?

Un beau sourire accueillait la blondinette, et malgré tout, elle considérait du coin de l’œil, l’animal qui lui avait attrapé la main quelques minutes plus tôt !

Alors mademoiselle ? Le ragoût vous tente ?

Puis, le regard tourné vers le jeune homme aux yeux cherchant sur la carte ce qui pouvait être mangeable, elle lui sourit en coin et s’adressa à lui :

Il reste plus grand-chose monsieur, du ragoût de bœuf et des steack frittes, ou salade au choix… puis la tarte maison, faite avec des pommes ! Qu’est ce qui vous tente ?

A côté, une table de quatre rockeurs bandanas l’interpellent pour 4 bières, Swan note sur son calepin et se tourne vers le comptoir en montrant 4 doigts de sa main et criant « bière » assez fort, c’est qu’elle pouvait pas être partout, mais le lourdaud de tout à l’heure se retourne en montrant son assiette vide et veut qu’elle revienne le servir…

- Hé la mignone… r’viens donc par ici, j’ai faim…

Faudra attendre votre tour… je prends les commandes ici et j’arrive !

- T’y r’tournera tout à l’heure beauté, viens m’servir, chuis pressé !

Deux minutes…

Il s’impatiente, et se prépare à se lever de sa chaise, quand le patron le rejoint en lui posant la main sur son épaule… il se penche, lui fait des messes basses et repart, se dirigeant d’abord vers la cuisine et enfin vers son bar… tout semblait être rentré dans l’ordre, pas un mot de plus se prononça vers la nouvelle serveuse, il voulait pas la tester le patron, là c’était pour la défendre, mais s’il allait être obligé de faire ça tout le temps, ça risquait de sentir le vinaigre pour elle, il avait bien dit « pas de serveuses », c’était une sorte d’avertissement, pour ne pas avoir à faire le garde chasse à tout bout de champ !

Là, c’est elle qui s’énerve, tapotant sur son calepin avec son crayon, dès qu’elle aurait cinq minutes, elle irait redresser cet idiot et ses idées de minable fouteur de merde, et le mieux c’était à l’arrière du resto, là où personne ne verrait qu’elle allait lui donner l’heure et le reste… ses yeux se mirent à rougir mieux encore derrière ses verres de couleur brune, et un soupir plus loin, elle sourit comme si de rien n’était en se tournant à nouveau vers les deux indécis !

Le large sourire qu’elle arborait, singifiait aussi, « ne vous inquiétez pas… tout va bien !! » quoi qu’elle voulait se le persuader à elle-même, avant les autres ! Le patronla regardait, se méfiant de l’effet qu’elle pouvait avoir sur les clients du même style que lui, c’était exactement ce qu’il redoutait et il espérait que cela ne se reproduirait pas… mais ce n’était réellement pas le lieu le plus approprié pour une jeune femme… elle saurait le faire changer d’avis, mais il fallait attendre qu’il y ait moins de gens dans l’établissement, c’était sans doute une question d’heure… pour l’instant, tout le monde était pressé, à qui devait remonter dans le car, à qui devait reprendre la route, ce n’était pas une partie de plaisir à satisfaire tout ce petit monde !

Désolée, ne faites pas attention à celui là, il a décidé qu’aujourd’hui était “sainte serveuse” !

- J’tai entendu la poule ! Et s’y a qu’ça pour t’faire plaisir, j’peux t’faire ta fête tout d’suite… hein ?

Elle hausse les épaules, tout en restant face aux deux clients, et en attendant qu’ils commandent, bien que ce ne soit pas facile pour elle de garder son calme avec celui qui faisait tout pour mettre ses nerfs à vif !

La blondinette avait toujours le nez plongé dans la carte du restaurant, elle ne savait vraiment quoi choisir, qu’est-ce que dans tout cela pourrait être potentiellement mangeable? C’était la question que se posait Harmony. Après une longue hésitation, elle finit par avoir fait son choix

Je prendrais un diabolo menthe et … une salade composée s’il vous plait.

La salade, c'est probablement le seul truc qui pourrait être comestible dans cet établissement. La mutante reposa la carte du restaurant sur la table. Elle fut surprise lorsqu'elle vit qu'un homme s'était assis devant elle. Elle ne l'avait ni vu, ni entendu. Il devait avoir 25/30 ans, cheveux foncé, yeux clair, assez beau gosse dans l'genre. Elle aurait préféré rester seule à cette table, mais elle devait avouer que le restaurant était assez peuplé et qu'il y avait peu de place. La situation aurait pu être pire : Un de ces vieux camionneurs pervers aurait pu être à la place de cet inconnu. Finalement, la présence de ce bel homme beau grand et fort pourrait dissuader les personnes stupides et sans intérêt à ne serait-ce que de m'adresser la parole, du moins c'est ce qu'elle pensait.

Bonsoir. Dit-elle afin de faire preuve de politesse.

Ses oreilles furent agressées par la voix désagréable d'un des camionneurs, une voix qu'elle avait déjà entendu quelques minutes auparavant, mais elle était trop occupée à se regarder dans son miroir de poche pour faire attention à ce qui s'était réellement passer. Elle tourna la tête vers l'élément perturbateur. Si elle le pouvait, elle irait lui mettre un pain dans sa petite tronche d'imbécile ! Mais cela risquerait d'écailler son vernis et il n'en valait pas la peine. Elle préféra tourner son intention sur son compagnon de table.
Elle se demandait s'il venait du même Car qu'elle, car cet homme n'avait franchement pas l'air d'être un camionneur aux yeux de la jeune femme. Lors de son voyage, elle n'avait pas vraiment fait attention aux autres passagers, car à vrai dire, elle s'en foutait royalement.

Vous venez de ce car qui vient de s’arrêter là ?

Dit elle en faisant un petit signe de tête vers la fenêtre d’où on pouvait voir le grand véhicule.

A croire que le ragoût ne va plus donner envie à personne, à cause de ce lourdaud de camionneur, la blonde commande une salade composée, tout en terminant son maquillage ! Swann sourit, il faut être courtoise avec les clients, et surtout ne rien laisser paraitre, éviter que tout le monde se rende compte que l’idiot l’avait énervée, ce qui a pour effet sur elle, de faire rougir l’iris de ses yeux !

Et un diabolo menthe un !!!! accompagné d’une salade composée !

La demoiselle semble presque ignorer la serveuse, si ce n’était pour passer commande, il est vrai qu’elles n’allaient pas se taper la causette ! Par contre, c’est envers le jeune garçon que la conversation se prépare, elle lui parle du car, de l’arrivée, et patati, et patata ! Swan sourit en la voyant faire, après tout, elle avait bien raison de profiter de la vie, surtout lorsqu’on est si jolie, et que l’interlocuteur a si belle allure !

Le garçon semblait ne s’intéresser à personne, et à tout le monde à la fois, comme pour éviter la foule d’un côté et de l’autre, ne pas se retrouver trop seul ! La blondinette, était sans doute un bon parti entre deux maux, choisir le plus agréable !

Là encore, il ne choisit pas le ragoût, il fallait croire que les deux clients avaient reniflé que le plat ne devait pas être trop potable, et que seuls les gars du style chauffeurs pouvaient réussir à avaler ça, habitués qu’ils étaient à la cuisine du cuistot ! La brune note tout sur son calepin en regardant toujours Alex, sourire aux lèvres…

Une pinte de bière et un Burger avec frites … c’est noté !

Elle salua les deux voyageurs, avant de filer vers la cuisine pour passer la commande, celle-ci étant la dernière à apporter au cuisinier, mais c’était vraiment trop beau de croire que ce serait sans l’intervention du molosse !

La main de celui qui se prenait pour le Caïd, la stoppa net, en la tenant par le nœud du tablier… toujours le sourire aux lèvres, elle se retourne et le regarde fixement :

- J’t’avais dit qu’j’étais pressé ! ramène moi la ragougnasse du cuistot et la note ! Et si tu veux, tu viens m’faire la causette, comme ça tu m’dira ton p’tit nom ! hein ?

Elle ferme les yeux dans un soupir de lassitude, vienant prendre son poignet de sa main, et serrant avec force, espérant lui faire mal, ce qui ne tarda pas à le faire lâcher prise sur le tablier, la griffe d’un doigt, semblait acéré et enfonçant l’ongle dans sa peau, il cria en partant en arrière…

Le ragoût arrive !

Elle part et transmet la commande, avant d’aller resservir du café de ci, de là dans cette salle bondée, le patron toujours la lorgnant du coin de l’œil, espérant juste qu’elle ne se fasse pas mordre par la clientèle trop machiste qui était habituée à pousser à bout les garçons au service de l’établissement !

Le plateau à la main, elle revient vers les deux qui formaient presqu’un couple et leur déposait la bière et le diabolo menthe…

Je reviens avec le burger et la salade, m’ssieur dame !

Les yeux rouges cachés derrière les verres teintés, elle retourne aux plats qu’elle devait récupérer sur le comptoir…

Harmony écoutait son compagnon de table parler. La chance n’avait pas été du côté de ce dernier, tombé en panne de voiture, c’était toujours très agaçant, la mutante était compatissante pour l’homme qu’elle avait devant elle. Alors qu’il lui parlait, elle le regardait dans les yeux. Ces yeux, d’un bleus glaçant plaisait beaucoup à la jeune blondinette. Elle le trouvait encore plus séduisant qu’il ne l’était déjà avant qu’elle ne s’attarde sur ce petit détail. Lorsqu’il termina de raconter le comment du pourquoi il se retrouvait dans ce restaurant peu accueillant, il finit par s’attarder à la jeune femme et lui retourna la question. Alors qu’Harmony s’apprêtait à lui répondre, la serveuse arriva enfin avec les boissons. Cette dernière déposa le verre de diabolo ainsi que la bière de Monsieur. Harmony s’était toujours demander comment on pouvait boire ce liquide affreusement mauvais et qui en plus à une odeur immonde. Rien que d’y penser, elle pouvait très bien en avoir la gerbe. Avant que la serveuse ne reparte, la mutante la remercia et finalement répondit au bel homme devant elle

« Moi j’suis de retour de vacance. L’autocar étant moins cher que le train ou l’avion, mon choix a été vite fait »

Ah ! Les vacances ! Elles manquaient déjà à Harmony et ce encore plus lorsqu’elle pensait que dans deux jours, le train-train quotidien des cours reprendrait…
La blondinette apportait son verre à ses lèvres et ne put s’empêcher de grimacer en constatant que la boisson n’était pas fraiche mais tempérée.
Elle la reposa sur la table et enroula sa main droite autour de celui-ci.

« Avez-vous déjà été à New-York ? »

Tout en parlant, elle refroidit son verre, rafraichissant par la même occasion son diabolo menthe. Elle l’avait fait discrètement, du moins, elle l’espérait. Vaut mieux associé l’utile à l’agréable non ? Intérieurement, elle espérait que personne n’avait vu ce qu’elle avait utilisé son pouvoir de mutant. Et puis, si c’était vraiment le cas, elle se sortira de ce pétrin, comme elle s’en est sorti des précédents !