Regardant le paysage qui défilait par la fenêtre, j’essayais de chasser cette petite peur qui m’habitait et poussais un long soupir avant de me tourner à nouveau vers mon père.
Et pourquoi je peux pas rester chez toi cet été comme d’habitude ! Ca me dérange pas de rester seule pendant que tu va bosser, on a toujours fait ça avant !Oui mais plus tôt tu seras à l’institut et plus tôt tu travailleras tes pouvoirs.Mais …Non Gabrielle ! C’est comme ça !Me retournant de nouveau vers la fenêtre, je posai mes avant bras sur le rebord, laissant le vent s’engouffrer dans ma chevelure blonde. Jusqu’à présent, j’avais toujours eu ce que je voulais de mes parents et là, cette façon de m’imposer ce choix … Ce n’était pas normal, enfin disons que ça me surprenait d’eux. Ok j’avais tendance à utiliser mes pouvoirs un peu partout ! A la maison j’utilisais la télékinésie pour ne pas avoir à me lever quand je voulais me resservir quelque chose et au lycée j’avais utilisé un bouclier pour me protéger du ballon qui m’arrivait en pleine face mais bon, je n’avais guère envie d’être dévisager donc logique non ?
Bientôt on arriva devant un grand portail qui s’ouvrit doucement pour nous laisser passer. Me redressant sur mon siège, je regardai la bâtisse qui allait devenir ma demeure le temps que j’apprenne à contrôler mes pouvoirs. Quoique pour moi, je savais très bien les contrôler !
A peine la voiture était-elle arrêtée, que j’ouvris la porte pour descendre, les yeux levés sur le bâtiment. C’était plus grand que je ne l’aurais cru et plus joli, c’est vrai que je m’attendais à quelque chose de plus moche que mon ancien lycée et là j’étais agréablement surprise. Je restai immobile un moment jusqu’à ce que mon père se pointe à côté de moi avec mon sac à dos et ma valise, il se dirigea vers les escaliers et je l’arrêtai en l’attrapant par le bras.
Tu va où là ?Et bien je t’accompagne !Nan mais tu rêve là ! C’est la honte d’arriver avec son père !Prenant mon sac à dos, je le percha sur mes épaules avant de lui prendre ma valise des mains et de lui tourner le dos pour gravir les escaliers. Bientôt j’arrivai à la porte et alors que j’allais frapper, je me rendis compte que je ne n’avais pas entendu la voiture repartir. Me retournant, je remarquai que mon père était appuyé et attendait quelque chose. Me mordant les lèvres, je posai ma valise et redescendis à la grande course avant de me jeter dans les bras de mon paternel. Je ne savais pas quand j’allais le revoir, surtout que maintenant c’était lui le plus près de l’endroit où je me trouvais et non ma mère. Ca me faisait bizarre, très bizarre …
Tu me téléphoneras ? Hein papa ?Bien évidemment !Lui collant un dernier baiser sur la joue, j’allais m’éloigner quand mon père me retint par le bras avant de me désigner le siège arrière. Poussant un cri, je me précipitai vers le panier du petit chiot. Sur le trajet entre l’aéroport et ici, nous nous étions arrêtés dans un élevage pour me choisir un compagnon à quatre pattes. Mon père cherchait-il à racheter le fait qu’il m’oblige à venir ici ? Peut-être mais n’ayant jamais pu en avoir à cause des allergies de ma mère, je n’avais que pu craquer pour la petite bouille de ce
border collie. Cookie, puisque c’était ainsi que j’avais choisi de l’appeler, était donc désormais un nouveau membre de ma famille mais aussi mon petit protégé.
Fermant la portière de la voiture, je repartie avec le panier dans mes bras, montant les escaliers doucement sans quitter l’animal du regard. Ce dernier dormait comme si de rien était, inconscient du fait que j’arrivais dans un lieu totalement inconnu pour moi et donc que je ne pourrais pas l’aider à trouver ses marques puisqu’il allait falloir que je trouve déjà les miennes. Arrivée sur le palier, je sonnai avant de me retourner pour sourire à mon père qui venait de démarrer la voiture et qui agitait sa main pour me dire au revoir. Mon cœur se serra légèrement mais je n’en dis rien, je n’étais plus une gamine, j’avais seize ans maintenant et je devais me débrouiller seule.
J’attendis bien cinq minutes sans que personne ne vienne m’ouvrir … Il n’y avait donc personne pour accueillir les nouveaux ? Je croyais qu’ils étaient prévenus de mon arrivée … Posant la main sur la poignée, je la fis tourner sans problème et ouvris la porte avant de passer la tête par l’entrebâillement.
Y’a quelqu’un ?Seul le silence me répondit … Soupirant pour la énième fois depuis mon arrivée aux Etats-Unis, je me décidai à entrer avant de réaliser que je n’avais pas assez de mains pour tenir le panier de Cookie et porter ma valise. Grimaçant quelques secondes, je finis par utiliser mon pouvoir pour faire léviter ma valise et la rentrer dans le couloir. Regardant autour de moi, je me dirigeai vers la première porte ouverte qui donnait visiblement sur une sorte de salon. Encore une fois, il n’y avait personne mais n’ayant guère envie de me promener dans tout l’institut à la recherche d’une personne pour me renseigner, je décidai de me poser là et d’attendre.
Laissant retomber ma valise sur le sol dans un bruit sourd, je posai le panier du chien sur le sol et me laissa tomber sur un des canapés. Sortant de ma poche mon mp3, je fourrai les écouteurs dans mes oreilles et lança la musique avant de fixer le plafond et de me mettre à fredonner sans faire attention si quelqu’un pouvait m’écouter.