Il était temps que je sorte un peu de leur cage dorée. C'est bien beau tout ça, le tout puissant SHIELD, les locaux flambants neufs, un héliporteur qui tape dans le haut de gamme pour de la technologie terrienne et toute la fine fleur des agents les plus doués de la planète. Oui, je veux bien leur accorder ces petites choses. Mais globalement, ils avaient une sacrée équipe de cons. J'avais beau être à la tête d'un service qui était lié à eux, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'ils avaient encore beaucoup de chemin à parcourir. Tout le monde n'était pas complètement pathétique, mais l'équipe de bras cassés dont ils m'avaient affublée, ça par contre, ça me faisait tout de suite moins rire. Ces gros tas de shtako. Alors que j'avais décidé de mener quelques enquêtes pour les archives du SWORD, il avait fallu que Fury ait été plus généreux que d'habitude, et de son oeil restant, il m'avait fixée du regard en annonçant que je devait garder à tout prix contact avec eux, et que les agents de terrain qu'il daignait me prêter étaient là pour m'aider et non pas pour me surveiller. La première solution qui m'était venue à l'esprit était de lui supprimer l'autre oeil en l'arrachant avec les dents, mais je lui répondis mielleusement avec un sourire de circonstances que si ces crétins entravaient mon chemin, il les retrouverait dans un sac en plastique noir. Le message était passé. Je descendis donc de ma plateforme en suspension pour aller voir de plus près le cas d'un scientifique mutant qui serait hébergé chez les partisans de Xavier. Dès que je fus arrivée devant le portail en fer forgé, je sortis de mon véhicule et l'un des agents de SHIELD qui m'accompagnait eut la très mauvaise idée d'ouvrir la bouche. Je le coupai immédiatement.

« Le premier qui braille, qui la ramène, ou qui me donne ne serait-ce qu'une toute petite migraine, je l'envoie au trou pendant trois mois. Est-ce que je me suis bien faite comprendre ? »
« O-Oui Commander Brand. »
« Bien. Très Bien. Vous allez rester sages et me foutre la paix. Allez donc vous acheter une glace, les garçons. »

Je mis mes lunettes vertes sur le nez, et j'avançai dans le campus mutant en me fondant plus ou moins dans la masse. Mon allure et mon attirail pouvait attirer l'attention, je m'en fichais royalement, et après tout : j'étais une des leurs, quelque part. Cependant, je pris bien soin d'éviter les X-Men en personne, ils allaient me ralentir, et risquaient de me voir comme une menace. Les plans du bâtiment bien en tête, je bifurquai automatiquement à certains corridors, et je me retrouvai dans les sous-sols de l'Institut. À vrai dire, l'envie me tiraillait d'explorer un peu plus, mais malheureusement, je n'étais pas là pour satisfaire ma curiosité. Je devais déjà m'occuper de ce McCoy. Plus j'approchais de mon but, plus j'avais l'impression d'entendre quelque chose de particulier. De la musique, classique de surcroît. Après quelques instants, et l'arrivée d'une partie plus mouvementée, je reconnus tout de suite de quel film cela provenait. Un des rares films terriens qui avait été diffusé sur ma planète natale. Cet homme, cette bête, avait bon goût, assurément. Un petit sourire se logea sur mes lèvres tandis que j'ôtais doucement ma paire de lunettes que je rangeai dans le creux de mon décolleté. Le bruit du cuir de ma combinaison faisait un léger écho avec les parois métalliques du couloir, et je passai enfin l'embrasure de ce qui me semblait être le laboratoire. Une odeur de bain douche aux fruits exotiques, de l'humidité dans l'air, une pointe de thé et le bruit de pages que l'on tournait. Je ne baissai pas mon allure, et je déboulai fièrement, les bras croisés autour de ma poitrine, et mon arme de service bien en évidence dans mon holster de cuisse. Le sourcil arqué, je vins me planter brusquement juste sous son nez léonin et lui jetai un regard dévorant.

« Docteur Henry McCoy, j'aimerais m'entretenir avec vous quelques instants. J'ai plusieurs questions, et j'avoue que je suis ravie d'avoir fait le déplacement. » Je fis une moue malicieuse, le dévisageant de haut en bas. En prenant une longue inspiration, je plantai de nouveau mon regard émeraude dans le reflet de ses lunettes. « On ne tarit pas d'éloges à votre sujet, et je dois admettre que votre fourrure est encore plus belle en vrai. Un magnifique bleu néptunien. »