Les choses se passaient bien jusqu’à ce que le temps se couvre. En fait tout ne se passait pas particulièrement bien, mais ça restait gérable. A trois contre un, même des Confréristes entraînés à faire beaucoup de dégâts, il serait toujours capable de les battre à plate couture. Du moins tant qu’il ne se mettait pas à pleuvoir.

« Allerdyce ! »

Une petite blonde avait craché son nom avec tellement de venin dans la voix que c’était étonnant qu’elle ne se soit pas empoisonnée elle-même.

« Pyro. »

A peine dérangé par l’apparition de la fille et de deux types qui semblaient la suivre comme de gentils toutous, il se devait quand même de rectifier d’un air nonchalant. Parce qu’au dernière nouvelles il restait Pyro, quoi qu’on en dise. Même dans une ruelle étroite de New York, à l’abri des regards, il restait quelqu’un qu’on oublie pas.

« Peu importe traître. »

Ah ça par contre, il l’avait en travers de la gorge. Il ouvrit son zippo, mais sans l’allumer : un avertissement. Si cette petite gourde pensait pouvoir se permettre tout et n’importe quoi juste parce qu’il n’était plus dans le trio de tête de la Confrérie, elle se mordait les doigt jusqu’à les avaler.

« Et où tu étais toi pendant cette bataille épique, rappelle-moi ? »

Apparemment ça eu l’air de la rendre encore plus folle de rage. Elle poussa un petit cri outré avant de tendre la main vers lui. Par réflexe, il s’éloigna de sa trajectoire tandis que le container devant lequel il se trouvait quelques instants plus tôt se tassait sur lui-même. Comme si le fer était devenu une simple feuille de papier. Oh génial, encore une qui manipule le métal. Il ne s’attarda pas sur le signe du destin qui le narguait et en un mouvement fluide actionna son briquet avant d’envoyer une rafale de flamme dans leur direction. S’il avait su qu’il risquait de se retrouver dans ce genre de situation il aurait prit l’arme qu’il portait au poignet habituellement. Mais non, bien sûr, il sortait juste se chercher à manger, il ne prévoyait pas une attaque terroriste. Pas aujourd’hui du moins… Un bruit sur sa droite lui fit lever les yeux. Un des acolytes de la fille était en train de marcher sur le mur. A la verticale...

Pyro n’eu pas le temps de réagir quand il se jeta sur lui et le plaqua au sol. Sa tête cognant le sol violemment, et lui faisant voir des petites étoiles pendant un moment qui lui sembla plus long qu’il ne devait l’être en réalité. C’est plus où moins à partir de là qu’il se mit vraiment en colère. Vu que sa tête avait déjà pris un coup, il se jeta d’un seul mouvement en avant et réussi à toucher le menton de celui au-dessus de lui avec son front. Il ne lui laissa pas le temps de se remettre et enchaîna les coups les uns après les autres, laissant son adversaire assommé sur le bitume. Il se releva, essoufflé et récupéra son zippo juste à temps pour envoyer une nouvelle rafale de flammes vers le deuxième type qui passa au travers comme si elles n’étaient même pas là. Comme la petite idiote de l’Institut. Sérieusement, c’était quoi aujourd’hui, le jour du « prenons un moment pour raviver les souvenirs pourris d’un pyromane » ? En plus de ça, la blonde venait de réussir à se frayer un chemin et si ses cheveux qui partaient dans tous les sens étaient une indication de son état d’esprit, elle avait complètement perdu toute pensée cohérente. Avec une grimace de colère elle tendit une nouvelle fois la main vers lui. Il remercia sa bonne étoile qu’une échelle de secours s’écroule à côté de lui l’obligeant à bouger avant que l’endroit où il se trouvait une seconde plus tôt ressemble à un cratère de météorite. Ah. Bon. Alors en fait elle ne contrôlait pas le métal après tout.

« La gravité. »

Elle avait un petit air satisfait la garce. Il n’eut pas le temps de répliquer que l’autre type lui attrapait le poignet dans l’intention de lui enlever son briquet. Instinctivement il laissa les flammes l’engouffrer et l’odeur de chair brûlée se répandit dans l’atmosphère. C’est bien d’être intangible mais il faut aussi savoir l’être au bon moment hein. C’est là que le vrai problème lui tomba sur le bout du nez. La pluie. Pour l’instant à peine quelques gouttes, mais c’était déjà un problème : ses flammes commençaient à perdre en puissance, lentement mais sûrement. La blonde dans sa frénésie se mit à envoyer des décharges n’importe où, Pyro ne s’attarda pas sur la question et opéra une retraite stratégique. Non, il ne fuyait pas ok. Il savait qu’il n’aurait jamais l’avantage quand l’averse se mit à tomber alors autant attendre un meilleur moment pour remporter la victoire. Les gouttes tombant sur son briquet éteignirent presque la petite flamme avant qu’il n’en prenne le contrôle et crée un mur de flamme de toute la hauteur de la rue. Il n’attendit pas et se précipita en sens inverse, si le type n’était pas trop mal en point il pourrait le traverser sans problème et il préférait être le plus loin possible quand ce serait le cas. Laissant derrière lui une rue qui avait un petit air de Bagdad, il prit une rue transversale qui l’emmena dans une avenue remplie de gens sous des parapluies. Des fourmis.

Se mélangeant à la foule, il se perdit dans le labyrinthe des petites ruelles, en espérant avoir semé ses assaillants. Le jeune homme finit sa course appuyé le dos contre un mur, le souffle court, et trempé sous la pluie. Il leva les yeux au ciel et jeta un regard noir aux nuages qui le narguait en déversant des trombes d’eau. Un bruit sourd dans la ruelle adjacente perça à travers le son de la pluie contre le bitume. Il ne prit aucun risque et reprit sa course sur une échelle de secours, il souleva le battant de la première fenêtre à sa portée et se laissa quasiment tomber à l’intérieur. A genoux sur le sol, il referma le seul signe de sa présence pour un observateur extérieur et s’assit contre le mur. Il était frustré. Il avait une bonne bataille à sa portée et la météo jouait contre lui. Putain de signe du destin ! En plus où est-ce qu’il avait atterrit ? Une remise ? Malgré l’obscurité il finit par distinguer une immense étagère remplie de livres à sa gauche et une sorte de balustrade. La Bibliothèque. Il n’y avait vraiment que lui pour finir dans un endroit particulièrement inflammable quand il était trempé jusqu’aux os. Peut-être qu’il pourrait rester là un moment, en attendant que le temps se dégage. Un petit bruit à l’intérieur le fit se figer. Cet endroit devrait être vide vu l’heure…