They call me a Genius, but I'm even better

Chapitre Premier : Quête identitaire.

Thème

Le soleil déclinant n'aurait su plus rougeoyer dans le ciel américain. Les quelques nuages d'aspect mousseux reflétaient cette lumière de sang, et le bleu, mu d'un rouge étranger, prenait des airs de mauve intriguant qui forçait le coup d'oeil.
Tout changeait, le monde évoluait, l'humain mutait.
Valen regardait ce spectacle à travers le verre de sa chambre. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pris le temps de contempler le ciel. L'enfant avait grandi, il ne s'émerveillait plus de voir un ciel parfait au dessus des Alpes, plus rien ne l'étonnait. À moins que cela ne soit le contraire, l'émerveillement constant le blasait il ?
Il ne savait plus.
Alors comme lorsqu'il était plus jeune, seul à la maison, il se dirigeait vers sa chaîne et lançait un des vieux disques qu'il trouvait, pour mettre un peu d'ambiance. Lui vint alors l'idée. Quittant le rebord de sa fenêtre, il se dirigea vers son pc, et lança la piste sur Youtube.
Comme au bon vieux temps … la mélodie se mit à jouer.

*La préférée de grand-père ...*

Il fallait que le bonhomme soit allemand évidemment, et ce cher Gustav Mahler n'avait pas fini d'entendre ses mélodies résonner dans la demeure des Stiglitz.
Disait on que la plupart des SS écoutaient ce genre de musique que seuls les allemands appréciaient, c'était ce qu'on en disait. D'aucun la trouvait oppressante cette musique, pas Valen, au contraire, elle était pure, réelle, palpable et tangible, emprunte d'une vérité des plus absolues.
Quel génie ce Mahler …
S'il était curieux qu'un métalleux comme l'adolescent puisse écouter du classique, c'était là signe d'une éducation plus ou stricte, mais qu'importe, derrière son je-m'en-foutisme se cachait une connaissance certaine, due à un apprentissage dans la plus pure tradition des familles nazies allemandes.
Et bien qu'il ne se le demandait pas vraiment, il était lui aussi conditionné, pareil à cette époque lointaine, où le simple fait d'évoquer le Reich faisait frisonner le plus courageux des commandants américains.
Fast Perfekt … l'Allemagne la belle, la puissance, que dire … l'Empire Allemand, la nation souveraine qui avait dominé l'Europe, jusqu'aux confins de la Russie, inspirant la peur rien que par mention de ce nom que certains avaient béni … celui de celui qui mena le pays jusqu'au plus haut sommet.
Disait on qu'il écoutait aussi du Mahler, simple coïncidence.

Valen s'accouda à la rambarde de sa chambre, après avoir ouvert la fenêtre, faisant profiter l'extérieur de cette mélodie classique qu'on aurait pu croire en provenance de la salle de piano.
Nostalgie …

« Was bin ich ... »

Un mutant ? Un humain ? Un ado de seize ans comme les autres ? Un monstre sur pattes ? Il aurait aimé être ce petit adolescent innocent qui n'avait rien de plus à se soucier que de sa petite personne, de ses amourettes, du grammage d'alcool qu'il aurait dans le sang le samedi soir, des cours redondants.

« Aber jetzt … war ich dabei. »

C'était le passé.
Cet entraînement en salle des dangers lui avait en partie ouvert les yeux.
Il regarda sa main avec une lèvre en coin simplement relevée.

« Gibt es ein Schlage für mich … dass glaub' ich nicht. »

Il serra le point alors que la musique s'accélérait. Son passage préféré alors qu'il eut un sourire en coin. Tant de puissance entre ses mains, comment pouvait il l'ignorer ? Était ce qu'on lui avait réservé comme destin ? Les grands avaient souffert pour arriver au sommet. Prison, torture, blessure, tout ça pour quoi au final ? La grandeur, le pouvoir.
Il serait de ceux qui vaincraient ce mal, qui s'imposeraient, mutant ou pas. Il devait contrôler son pouvoir, le comprendre, le vivre, le maîtriser.
Étaient ce des gens comme lui qui avaient contribué à la grandeur de l'Allemagne d'antan ? Qui savait ce que les SS cachaient au plus profond de leur tiroir. Ce cher Goebbels se gardait bien d'en parler … ça ne devait pas être récent pour qu'il y existe un institut de l'autre coté de l'océan.

Trémolo sur trémolo … c'était plaisant d'avoir un petit bout de chez soi loin de son foyer.
Laissant la fenêtre ouverte, il alla s'allonger sur son lit, contemplant ce plafond de bois alors que la musique brodait encore ce doux velours auditif.
Passant une main sur son visage, il se demanda s'il était capable de se transformer comme ça en … ce lui qui pouvait tout détruire comme ça, du moins il pensait que c'était le cas … il essayerait plus tard, et ailleurs sans doute. Mais il n'avait pas le choix, vivre avec s'imposait comme une évidence, car si d'autres pouvaient très bien s'en accommoder, pourquoi pas lui ?
Il le ferait, pour lui, elle, pour le reste du monde.
Et il le savait, dans ce monde, il faudrait se battre.

Se battre … la défense était bien plus sûre que l'attaque, car la moindre erreur en face pouvait être sanctionnée par une contre-attaque sévère. Ainsi, il fallait avant tout se protéger.
Comment protéger les autres et se protéger lui de son pouvoir ? Comment limiter les dégâts ?
Tout son pouvoir passait par son corps, par ses mains. Ses mains vinrent occuper son visuel, laissant le plafond comme second plan.
Il lui faudrait des gants. Simple, peu encombrant pour qu'on puisse tout même garder le coté utile. Il fallait un matériau résistant suffisamment, souple, léger, et qui ne craignait pas grand chose quant aux attaques chimiques ou toxiques, fin ce genre de trucs.
Creusant dans ses souvenirs, il chercha du coté de ses anciens cours pratiques de chimie et de bio. Avec quoi se protégeaient ils ? Des gants en latex ou … l'idée apparut d'elle même.
À défaut de pouvoir prendre un fibre textile de polymères complexes, il irait au plus simple, au plus commun pour compenser.
Les gants nitriles étaient ce qu'il lui fallait pour l'instant. Il devait y en avoir au labo de chimie du professeur McCoy. Au prochain tp, il en prendrait une paire pour lui … devait il en parler aux profs avant ? Il ne savait pas vraiment s'il pouvait leur faire confiance. Il verrait …

Au fond, savait il vraiment ce qu'était son pouvoir ? Non, pas vraiment.
Alors quoi, il allait rester là sans savoir ? Non, ça ne lui ressemblait pas.
S'empressant de rejoindre le fauteuil devant son bureau, il lança google chrome pour trouver des réponses à ses questions.
Qu'est ce que c'était son pouvoir ? Tout faire pourrir sur place ? La première idée fut celle ci. Visiblement, il n'y avait pas que les produits organiques de touché, donc ce n'était pas une nécrose cellulaire, les métaux étaient également attaqués par son pouvoir, il avait vu un des morceaux d'acier complètement amoché par l'effet de son don. Qu'est ce qui détruisait les matériaux ?
La corrosion fut sa première idée, seulement le processus est réversible, et dépend de l'intensité, et de tellement de conditions qu'il était impossible que deux matériaux soient attaqués de manière identique. Et puis, la corrosion d'une céramique ou d'un polymère, franchement, c'était moyen, voir très foireux.
Ce n'était donc pas ça.

Il soupira.
Belle impasse que voilà, il aurait été tellement plus simple qu'un télépathe ou un truc du genre le lui dise. Paraissait qu'il y en avait quelques un, peut être y en avait il à l'institut, difficile à dire pour le jeune homme qui passait pour un asocial.
Qu'est ce qui peut attaquer un savon, un bout de métal, du tissu, et du bois ? Qu'est ce qui est capable de bouffer tout ça si ce n'était le temps ?
Il avait beau avoir un bon niveau scolaire, ses connaissances étaient limitées de par ses études, même s'il avait beau chercher à coté et s'intéresser à tout, il ne suffisait pas simplement de lire et de comprendre pour s'approprier ce savoir, il fallait le mettre en application.

Le gamin passa bien une demie heure à fouiner sur la toile avant de tomber par hasard sur ce lien étrange.
Cliquant sur ce dernier, le jeune homme parcourut alors quelques lignes avant de répéter à haute voix, en marmonnant dans sa barbe.

« La transmutation est la transformation d'un élément en un autre … si autrefois l'alchimie ne développait que l'aspect élémentaire de la chose, la transmutation prend désormais un autre sens de par les notions d'atomistiques que l'on peut désormais apercevoir comme bien tangibles.
En effet, la désintégration radioactive de certains éléments est appelée transmutation … ainsi en rejetant des particules tel que l'hélium, le neutron ou l'électron, voir le positron, les noyaux peuvent changer et devenir un autre élément. »

Faisant une pause, Valen se remémora ses cours d'atomistique en lien avec le nucléaire, il y avait une piste à creuser, peut être.

« La dismutation concernant essentiellement les éléments lourds, car plus instables, il n'est pas impossible d'amorcer la dismutation de noyaux plus légers. Cette dernière nécessitant une énergie difficilement quantifiable et somme toute assez importante au regard de l'interaction faible entre les différents composants d'un noyau. »

Tout ça, il l'avait déjà étudié, mais la théorie concernant les noyaux plus faibles, ça non, il ne l'avait pas entrevu de cette manière. Et puis, il savait pertinemment que modifier un atome, c'était modifier les liaisons de ce dernier, donc la structure en plus de la composition chimique. La mutation commençait à prendre du sens dans sa tête, tout s'organisait, il entrevoyait donc son pouvoir par le biais de cette étude personnelle.

« S'il existe le phénomène de fusion, il est cependant plus difficile à mettre en œuvre, et bien qu'il faille certaines conditions pour l'amorcer, il est toutefois plus productif en énergie et donc plus dangereux, plus instable, c'est le cas de la réaction solaire entre hélium et hydrogène pour arriver à ses isotopes, tritium et deutérium.

Le rêve des alchimistes de transformer le plomb en or était effectivement possible, puisque d'un point de vue de la désintégration radioactive, un isotope du plomb permet d'arriver à un isotope de l'or. Ce rêve qui autrefois relevait du mythe, est désormais réalité. Pas besoin de pierre philosophale pour ça, l'humain à d'autres outils à sa disposition ... »

S'arrêtant sur cette dernière phrase, le jeune allemand regarda ses mains.
Voilà peut être ce qui composait son pouvoir, une transmutation quelconque d'éléments pour permettre une désintégration, une attaque chimique. Seulement au regard de la définition, les phénomènes étaient assez violents, alors qu'apportait sa mutation ? Une certaine stabilité ?
Pour cela, il fallait évidemment désexciter les particules crées, en ça résidait peut être son pouvoir, le contrôle de ce phénomène … voilà qui compliquait la chose.
Ainsi, pouvait il réaliser la transmutation de certains éléments et pas d'autres. Il ne pouvait pas tout contrôler, et cela paraissait désormais plus délicat qu'une simple destruction.

Les éléments et structures complexes étaient donc plus difficilement transmutable de par l'importance de l'énergie potentielle à fournir pour rompre ces liaisons et amorcer le changement d'élément. Et pourquoi cela marchait sur une seule cible et pas sur son environnement entier ?
Il continua de regarder ses mains.
Ses mains … tout passait pour l'instant par ses mains, avec elle, il arrivait à transformer un élément en un autre. Et ce qui pouvait corroder un métal, c'était évidemment un acide plus de l'oxygène, un phénomène somme toute de base organique, comme pour les céramiques qui contenaient un élément organique, comme les polymères comme tout le reste.
L'air environnant était essentiellement organique … voilà la source de tout ça, l'activation du phénomène par l'élément environnant, ou par la transmutation de ce dernier.
Ainsi, si on l'isolait dans un vide parfait, son pouvoir ne serait d'aucune utilité.

Le jeune homme se précipita alors sur son sac de cours, tirant de ce dernier une table de valeur numérique, à l'intérieur de laquelle, se trouvait le tableau périodique des éléments.
Les attaques se faisaient par des éléments d'acides plutôt agressif aux vues de l'ampleur … pour ne nommer que l'acide fluorhydrique, nitrique, sulfurique, chlorhydrique, et des bases violentes, soude, potasse … c'était ça son pouvoir.
Changer un élément en un autre, un élément organique ! De la transmutation toxique. Corrosion, attaque acide … tout ça, c'était son pouvoir. Un pouvoir dangereux, mais ô combien utile pour qui avait des notions de chimie et d'atomistique en plus de contrôler ce don.

Voilà le mal duquel il souffrait … celui de modifier la matière à son sein même, la modeler à son envie, c'était tout à coup passionnant et terriblement effrayant.
Il était peut être un monstre, mais un monstre puissant qui avait les moyens d'aller loin. La science apporterait des réponses à ses questions.
Quittant la chaise devant son ordinateur pour se poser sur son lit, le gamin aux origines germaniques se demanda un temps qui il pouvait vraiment être.
Était ce toujours lui ? Qu'avait changé la mutation en lui si ce n'était ce nouveau pouvoir ? Était il supérieur aux humains ? Était il l'évolution ?
Quelles étaient les limites de son pouvoir ? Pouvait il tuer avec ? Le maîtriserait il un jour ? Fallait il le travailler ?

Tant de questions … à l'âge de la remise en question et du changement, l'indécision coûtait cher.
Une seule était vraiment valable …

Qui es tu Valen ? Qui es tu ...

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