Chapitre 1 - Partie 1
Voilà quelques heures que je me trouvais à New York, grâce au pouvoir de ce stupide mais gentil médecin qui m’avait permit de m’échapper. Mes parents étaient idiots, ils ne comprenaient rien à ce que je leur racontais et ils avaient peur de moi pour une raison inexplicable... Je suis leur fille, non ? Alors ils ne devraient pas avoir peur de moi ! Ni même de ce que je suis, c’est évident... Même si moi, ça me contrarie. Qui suis-je au juste ? Pourquoi puis-je me transformer en tout le monde, d’un simple regard ? Pourquoi… mais surtout comment je fais ça ? C’est dingue. Que suis-je nom d’un chien ? En tout cas,... ce n’est pas l’estomac vide que j’arriverai à trouver la réponse, ni en léchant des yeux, cette vitrine pleine de gâteaux ! Oh bon sang ce que j’ai faim ! Tout cela me donne l’eau à la bouche rien que de regarder. J’en ai mal au ventre tellement celui-ci crie de famine à l’idée de vouloir goûter à tous ces gâteaux, mais je détournais mon regard... Je résistais. Tous ces trucs-là, je n’étais même pas sûre qu’ils soient bons, jamais je n’en avais mangé de toute ma vie ! Et puis je ne parlais pas la langue d’ici, d’ailleurs je ne savais même pas où j’étais... Comment j’avais fais pour atterrir ici ? Mystère et boule de gomme !
Hélas, alors que je détournais mes yeux de cette alléchante vitrine, je me cognais à une personne qui évidemment était un homme plus grand et plus fort que moi et par ce fait, il m’avait faite tomber. Je ne sais pas ce qu’il m’a prit sur le coup, mais je n’ai pas eu la force de me relever, oh non rassurez-vous, ça allait très bien... Physiquement ! Mais j’avais comme une révélation, quand ce type m’avait dit «
Tu peux pas regarder où tu vas ? » que je n’avais bien sûr pas compris, je me mis à pleurnicher. À pleurer, mais alors, tellement fort que j’en usais toutes les larmes de mon corps ! C’était comme si ce n’était pas mon monde, que j’étais une extra-terrestre ! J’avais atterri ici par magie et je ne m’en contentais même pas... Bref ! Un homme asiatique pas très loin, vint à mon « petit soin », non non je ne vais pas dire « secours » car vous me prendriez pour une chochotte ! Il me releva et comme par miracle, il parlait ma langue ! Je lui répondis donc tout en séchant ces vilaines larmes, et il m’invitait à manger avec lui lorsqu’il entendit mon ventre grogner. Bon j’avoue je n’avais pas trop confiance en lui, mais je ne m’en faisais pas trop car il avait l’air aussi gentil que moi.
C’est là, dans ce petit café-restaurant, que j’appris tout d’ici, enfin... tout, c’était un grand mot quand même ! Il me racontait qu’ici on parlait anglais, qu’il avait une femme, des enfants... enfin ça je m’en fichais un peu, puis il me demanda tout à coup d’où je venais...
- Euh.... euuuuuh... Je viens de... bah de... de la campagne, voilà ! Répondais-je d’un air totalement ahurie.
Mais quelle crétine je fais, réfléchir aussi longtemps pour répondre une bêtise, et en plus j’en rigole ! Mon dieu que je suis pitoyable ! Il devait me prendre pour une allumée, ou pire encore, alors je me mis à rougir et me crisper, sans bouger j’attendais là qu’il réagisse autrement que par son silence.
- Ahahahaha !! Tu sais que tu es trop mignonne toi ! Hé dis, tu as entendu parler de tous ces mutants ? Enfin je ne sais pas trop ce que c’est... Me confiait-il d’un air totalement secret dans notre langue.
- Non c’est quoi ? ... Ça se mange ?Il éclata de rire devant mon regard totalement perturbé. Il m’apprit donc ce qu’il avait apprit sur le sujet et j’écoutais attentivement, tout en me disant que je n’étais finalement pas seule au monde. Mais je me retenais de sauter de joie ou même de sourire à ce qu’il disait parce que je me méfiais, si ça se trouve, c’était un médecin qui venait de ma ville, et si ça se trouve, il allait me ramener là d’où je venais et m’enfermer encore une fois ! Frustrée, je me levais d’un coup sec, et timidement en cachant mon air totalement « folle de panique » et je le remerciais pour le repas.
- Hé mais attends reste !- Au revoir !J’en avais assez entendu pour me mettre à la recherche de ces mutants, peut-être qu’ils m’aideraient si ça se trouve ? Mais l’homme inconnu m’avait rappelé une fois de plus, me suivant même jusqu’à la sortie du café. Je m’en allais en courant sous son nez d’idiot. Comme si j’avais du temps à perdre avec lui ?! S’il voulait de la compagnie il n’avait qu’avait s’asseoir à coté des deux autres hommes, à sa table voisine ! Je me rendis compte quelques mètres plus loin qu’il s’était renversé de la sauce tomate sur le pull en tentant de me rattraper, j’éclatais de rire dans mon coin, pas loin d’un arrêt de bus et les gens me regardèrent tout à coup comme si j’étais une crétine, née de la dernière pluie. Ravalant ma salive d’un air honteux, je détournais le regard d’eux. Non mais de quoi je me mêle ? Regardez ailleurs !
Le bus arriva enfin, mais je n’avais pas de pièces pour monter à bord, alors j’avais attendu pour rien et j’en suis redescendue aussi sec. Pauvre idiote que je fais ! Cela faisait au moins la troisième situation embarrassante en moins de dix minutes. La honte ! La honte ! Si ça se trouve je vais être célèbre avant demain, placardée sur tous les murs avec écrit « Baka ¹ » en gros sur mon nez ! Un moment de désespoir, je m’asseyais en solitaire sur un banc, regardant les oiseaux claquer du bec pas loin de mes pieds, observant les gens marcher devant moi... C’était calme, apaisant, joyeux et beau comme un quotidien qui me manquait depuis fort longtemps. Tout le monde vaquait à ses occupations et moi je restais là comme à regarder un film au cinéma, perdue dans mes pensées, le menton appuyé sur ma main. Je m’ennuyais déjà mais cela fut de courte durée. Car tout à coup, je fis un sursaut, je venais de sentir quelque chose d’étrange en moi, un autre pouvoir ? Déjà ? Je sentais comme une différence en moi, comme si on venait de me greffer un truc invisible : J’entendais des voix dans ma tête ! Des voix aiguës, graves, d’hommes, de femmes et d’enfants. Était-ce en regardant cet homme là-bas passer avec une blonde, bras dessus bras dessous, que j’avais eu cette capacité, d’entendre tout gratuitement ? Aucune idée, je me levais pour aller confirmer mes doutes et je traversais la route en faisant attention. Je m’approchais timidement de ce couple -me semblait-il- et je l’observais, face à face, en penchant la tête comme un chien perdu, si vous voyez ce que je veux dire, là je tentais de lui parler mais crétine que j’étais ! Je ne parlais pas un mot de sa langue !
- Konnichiwa ² ! Saluais-je en souriant bêtement, encore.
Eh voilà, quatrième bourde ! Je m’en rendais compte trop tard malheureusement car j’eus le droit à un magnifique sourcil arqué qui voulait tout dire : «
Qu’est-ce qu’elle me veut celle-là ? » Bon d’accord ! J’étais mal barrée et il fallait vite que je trouve une solution à ce problème de communication. Heureusement je reconnaissais vite le symbole d’une librairie pas loin… Un livre. Ça ne pouvait être qu’une librairie, ma foi. Alors je m’en allais en courant vers celle-ci, mais aussi d’un air totalement honteux en pensant : «
Pourvu qu’il m’oublie, pourvu qu’il m’oublie vite ! » J’avais tellement honte que j’aurais bien aimé me fracasser la tête contre une boite aux lettres, hélas il n’y en avait pas dans le coin, alors tant pis ! J’entrais dans le magasin et je me mis à chercher un dictionnaire anglais japonais. «
Pourvu qu’ils en aient. » Je le trouvais quelques minutes plus tard, après avoir cherché partout, mais je ne pouvais malheureusement pas le payer. Cependant, il me vint vite une petite astuce en tête lorsque je vis un gamin passer à coté de moi. Je mis le livre dans le panier d’une vieille dame et j’attendais qu’elle sorte en ayant payé. À la sortie il me fallait juste récupérer le dictionnaire et ce serait chose réglée. C’était du vol, je sais, mais je n’avais pas d’autres choix pour être comprise de mon nouvel entourage. Et puis ce n’est pas comme si j’avais envie de retourner dans mon pays ! Alors je fis ce que j’avais prévu et je partais comme la petite voleuse que j’étais... La vieille dame n’y aura vu que du feu ! Enfin… façon de parler quoi...
L’homme que j’avais regardé tantôt m’inspirait vraiment ce pouvoir qui m’avait été offert -ou que j’avais volé- car je n’avais regardé que lui avant que cela ne m’arrive. Je le cherchais des yeux en quittant la boutique. Miracle ! Le couple devant lequel je m’étais humiliée n’était pas parti trop loin, fort heureusement. Je me mis donc à le suivre discrètement tout en lisant ce dictionnaire sur la route. Oui, enfin... Lire ou marcher il faut choisir ! Voilà que je me prenais les pieds dans une pancarte publicitaire en ardoise ! Mais quelle empotée je vous jure ! Je me relevais et je faisais comme si je n’avais rien vu ! C’était le cas, puisque je n’avais pas vu la pancarte, ni même la fille qui s’était vautrée sur le sol ! Évidemment puisque c’était moi ! Et je continuais ma route comme si de rien n’était. Deux ou trois kilomètres plus loin nous arrivions devant une grande grille. Dis donc, ils peuvent marcher combien de temps sans être fatigués ? Je suis essoufflée ! Un magnifique château se trouvait là-bas au loin, derrière ce grand parc et ses longs et fins barreaux ! Je m’arrêtais, les yeux ébahis d’émerveillement, tandis qu’il rentrait avec sa compagne ! Quoi ?! Non mais vous rigolez ? Je me suis ridiculisée devant un riche, moi ?! Ce ... Cet homme là, il vit dans un château aussi immense et aussi beau que celui-ci ? Je n’arrive pas à le croire !