Les gouttes d’eau tombaient sur le sol de pierres grises, et leur bruit résonnait dans les ruelles vides. Altaban, la petite ville, était toujours vide après la tombée de la nuit. Vide, ou presque, car dans la pénombre, à la faible lueur de quelques torches, des hommes marchaient le long des allées sinueuses. Il y avait avec eux quelques enfants, tributs qu’ils se devaient d’apporter au château. Certains pleuraient. On les faisait avancer, dans le froid, sans autres protections que quelques fins vêtements, lourds du poids de l’eau qu’ils avaient bu. Ils avançaient en lente procession jusqu’à l’orée de la ville, pour prendre le petit chemin de terre qui menait au château des Trois Seigneurs.
Deux hommes à cheval descendirent à leur rencontre, et les accompagnèrent jusqu’aux imposantes portes de bois et de métal. Les enfants tremblaient sous la pluie, leurs pieds peinaient à avancer dans la boue. Certains ne portaient même pas de chaussures, d’autres, plus chanceux, possédaient des bottes. Les portes s’ouvrirent, comme un espoir de fin d’un calvaire froid et humide. Un homme se présenta, élégament vêtu, et scruta la petite troupe de ses yeux bleus, dont la couleur presque irréelle fit frissonner les adultes. Lorsqu’il prit la parole, ce fut comme si rien d’autre au monde n’avait d’importance :
_ Nous vous attendions, entrez donc.
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Dans notre monde, à une époque reculée cependant, vivaient dans ce château, trois Seigneurs. En Tribut pour la sécurité des peuples, comme impôts pour leur survie, les villageois donnaient des enfants, et parfois, des adultes. On les envoyait alors ailleurs, comme en témoignent les chariots bâchés qui partent régulièrement des terres, et qui reviennent vides. On ne revoit jamais ces Tributs. Et pour cause, car en réalité, ils ne ressortent jamais du château. Les chariots sont vides. Eux, ils sont donnés à L'Autre Monde, un monde de magie et de ténèbres, où ils recommencent une nouvelle vie... en peinant parfois à oublier leurs origines...
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