Eh oh, eh oh, il rentre du boulot ! Sauf que William n'est pas un nain qui travaille dans une mine. Quoi que, la comparaison pourrait être amusante. Après tout, au sein de l'entreprise Stark, ce n'était qu'un petit minus, qu'un pion parmi tant d'autres. Il ne signifiait pas grand chose. Sauf peut-être pour Eleanor... Non, pas la peine de se faire des films. Il était juste là pour s'assurer qu'elle serait en sécurité quelques soient les circonstances. Jusqu'ici, on ne s'était pas plaint de son travail, faut dire qu'il n'était pas en fonction depuis très longtemps. Il espérait juste que ça ne s'arrête pas de si tôt.

« Je ne suis plus aussi rapide qu'à l'époque, monsieur Bloodworth. Tenez moi la porte, mon vieil ami. »

Comment ? Non, il ne se trompait pas, on s'adressait bien à lui. Pas de doute, à sa connaissance il était le seul Bloodworth de cette résidence. Faut dire qu'il n'y avait pas grand monde à habiter ici, c'était pas l'endroit le plus beau de la ville et encore moins le mieux placé. La jeunesse préférait le centre ville, plus animé. Lui appréciait le faire d'être à l'écart, le calme, ça l'apaisait. En réalité... Il avait été trop habitué à vivre sans qu'aucun bruits ne viennent le troubler, ça le perturbait toute cette agitation urbaine.

Bien que surpris par cette intrusion, autant le dire, plus qu'inattendue, William tint néanmoins la porte à cet homme à qui il devait un second tournant dans sa vie. Il ne savait pas encore s'il devait l'en féliciter ou l'en blâmer – bien que la deuxième option semblait la meilleure à ses yeux – et il ne manqua pas de froncer les sourcils à plusieurs reprises, scrutant l'individu sans aucune gêne. Il ne l'effrayait pas tant que ça... il ne sous estimait pas sa puissance et ses capacités, il en avait déjà eu un aperçu, mais au lieu de fuir face à la menace, Willy était plutôt du genre intrigué.

« La mutation est un don bien précieux, qu'il ne faut pas perdre. Sous aucun prétexte. Je suppose que vous vous souvenez de moi. C'est évident. Je suis comment dire... Votre sauveur ? »

C'est autant ce sourire qu'il devinait pleins d'intentions que cette remarque à laquelle il n'adhérait pas totalement qui arrachèrent un rire fade au jeune homme. Sauveur ? S'il se voyait de la sorte, il venait certainement avec une idée en tête. Mais en tout les cas, il était certain qu'il ne l'oublierait jamais. Pas forcément pour les bonnes raisons.
Toujours sans un mot, il s'avança dans le hall, s'arrêtant brusquement lorsque le sinistre reprit la parole. Tiens, qu'est-ce qu'il disait. Une dette. Il aurait dû s'y attendre depuis le début, il ne lui aurait jamais rendu ses pouvoirs si ce n'était pas dans un schéma bien précis.

« Dans ce cas, je suppose qu'il faudrait mieux monter et ne pas se mettre à débattre de la chose en plein milieu du couloir. J'habite au deuxième, j'espère que vous tiendrez jusque là. »

Il osa un sourire mesquin avec un regard en direction de sa canne, secoua ses boucles brunes trempées par la pluie qui frappait toujours dehors et commença à s'engager dans les escaliers (pas trop vite, histoire que le vieux puisse suivre).

« Je dois avouer que j'ai hâte d'entendre votre requête, ajouta-t-il alors qu'ils arrivaient au pas de la porte, insérant la clé dans la serrure avant d'inviter son... non, pas son invité, plutôt l'intrus, à rentrer à son tour. Si vous avez fait le déplacement, c'est que ça doit être important, non ? »

Le loft était spacieux, on accédait directement au salon dont les murs étaient ornés de plusieurs fenêtres, faisant de cette pièce un espace lumineux, jouxté par la cuisine américaine – pas souvent utilisée, ça se voyait. Posant nonchalamment sa veste sur un des fauteuils, William alla se servir un verre d'eau pétillante – les bulles c'est le bien – avant de se retourner vers Benji (ce surnom, ça donne une dimension intime à leur relation je trouve).

« Faites comme chez vous surtout. Après tout, on est plutôt proches maintenant non, mon ''sauveur'' ? »

Le ton était indéniablement ironique. Voir même un peu... énervé ? Non non, ce n'est pas comme s'il avait voulu se débarrasser de sa mutation toute sa vie et que cet homme était venu la lui rendre alors qu'il avait enfin réussi à trouver un moyen d'être normal.

Loin de prêter attention aux remarques de Benjamin, William alla s'adosser près d'une des baies vitrées. Il était évident qu'il ne voyait pas cette visite d'un très bon œil, il se doutait que la ''mission'' qu'il allait lui proposer – ou lui imposer serait un terme plus approprié – ne lui plairait pas forcément. Sinon, à quoi bon faire usage de cette faveur qu'il lui devait ? C'était bien parce qu'il pensait que Will n'accepterait pas sans rechigner.

« Votre nouvelle situation vous convient ? Vous ne regrettez pas d'être à nouveau vous même ? A part que votre appartement est dans un piteux état... Vous a t'en cambriolé récemment ? »

Le jeune homme faillit s'étouffer avec la gorgée d'eau qu'il était en train d'avaler. Qu'est-ce qu'il avait, son appartement ? Il était très bien ! Certes il aurait bien fallu passer un coup de balai, jeter les anciens journaux et magasines, sans doute faire la poussière également... Puis la vaisselle avait tendance à traîner, mais c'est qu'en ce moment il était plus souvent dans la tour Stark que dans son petit chez lui de New-York. Peut-être qu'il devrait penser à déménager plus près, histoire d'avoir l'occasion de rentrer plus souvent sans s'imposer un trop lourd trajet... Non, il aimait bien cet endroit. Peu importe ce que pouvait en dire Sinistre, le bordel qui pouvait traîner et le style un peu débraillé, ancien et donnant l'impression que tout allait s'écrouler d'une minute à l'autre... ça correspondait bien à William.

« Qu'est-ce que ça signifie exactement pour vous, être soi-même ? »

Il s'épargna la moindre réflexion quand à l'état de son logement, ce n'était pas le plus important. C'est vrai, cette notion d'être... soi-même. Il n'avait jamais compris ce que ça voulait dire. Il n'était pas lui-même avec sa mutation, puisqu'elle faisait de lui quelqu'un d'exceptionnel qui parfois perd le contrôle à cause du trop plein de pouvoirs. Alors, il n'est pas... lui. Et lorsqu'il s'en était débarrassé, il n'était pas lui-même non plus, puisqu'il lui manquait cette étrange partie de sa personne, cette part incroyable et unique qui faisait de lui... ce qu'il était.
Non, il n'avait jamais été lui-même, toujours pas aujourd'hui. Le tout était simplement de savoir, quelle condition lui convenait le mieux ?

Il tiqua lorsque Sinistre le nomma ''larbin''. Ce n'était pas vraiment la manière la plus juste pour le désigner, à son avis. Peut-être que Stark était celui qui signait son chèque à la fin du mois et celui qui lui avait assigné son rôle, mais c'est au service d'Eleanor qu'il se trouvait. Il préférait le penser de la sorte plutôt que de se dire que Tony était celui qu'il servait directement.
Malgré tout, il devait avouer que, si le récit de Sinistre commençait à s'éterniser, il n'avait pas tort. Non seulement lorsqu'il tentait de lui expliquer qu'il était celui qui l'avait amené ici aujourd'hui, mais pour tant d'autres situations. S'il n'avait jamais fait la connaissance de Benjamin, récupéré sa mutation, il n'aurait jamais été d'aucune utilité pour Stark. Mais si Stark n'avait pas connu Eleanor... et il n'aurait pas eu besoin de lui, ce retour de son pouvoir ne lui aurait rien apporté. Pire encore, il n'aurait pas rencontré Ellie... et elle ne l'aurait pas aidé, sans le réaliser, à surmonter cette épreuve plus difficile qu'il n'y paraissait.
Alors, ce n'était pas seulement une rencontre qui pouvait changer une vie. Plutôt une multitudes d'existences croisées à travers la planète entière. Il devait bien admettre que cela était véridique, bien que ça ne lui plaise pas forcément.

« Je vous ennuie peut être ? » 

Hum ? Oh non. Un peu peut-être ? C'est simplement qu'il était parti dans ses propres réflexions ne voyant pas d'intérêt à écouter celles de son interlocuteur. Pas du tout qu'il s'ennuyait lorsqu'il prêtait attention à ses paroles, pas du tout.

« J'ai un différent avec cet homme. Avec Stark ? Comme si c'était le seul à être dans cette situation. J'aimerai que vous l'espionner pour moi. Ce qu'il s'appliquait déjà à faire pour son propre compte. Oh rien de bien méchant, ne vous en faites pas. Vous vous contentez de jouer le mec un peu stupide, lèche botte et amoureux de sa copine comme vous le faites déjà si bien, mais à la différence qu'à la fin de la journée, vous m'informerez sur ses agissements. Il avait bien entendu ? ''Mec un peu stupide, lèche botte et amoureux de sa copine'' ? C'était quoi ce bordel ? J'aimerai savoir ce que manigance cet homme. Et c'est grâce à vous que je le saurai. Ah et à propos... Où avez vous eu cette veste ? »

« Je l'ai volé à un clochard. Oui je n'ai aucun scrupules. »

C'était sorti tout seul, automatiquement, bien que ce n'était pas vraiment un mensonge. Il avait du la trouver. Il n'était pas très boutiques et il l'avait depuis tellement longtemps, cette veste... Elle avait acquit une valeur sentimentale au fil du temps. Peut-être qu'elle avait appartenu à son père ? Non, ce n'était pas le style de son père, il était plutôt costard cravate. Oh finalement, c'était peut-être réellement à un clochard. Peu importe.
Ce qui l'intriguait davantage c'était le fait qu'il est conscience des sentiments que William commençait à développer à l'égard de celle qu'il était supposée ne faire que protéger. Soit il était devin ou il l'espionnait avec beaucoup de discrétion et dans les moindres détails. La première hypothèse était largement plus probable, étant donné que c'était un mutant, quand même. Néanmoins, cela n'empêcherait pas Willy de nier jusqu'à l'extrême. En toute subtilité.

« Je n'ai quasiment aucun contact avec Stark, comme vous devez bien le savoir, je passe la plupart de mon temps avec sa... copine. Comment voulez-vous que je retire la moindre information de cette jeune femme ? A moins qu'il soit assez stupide pour tout lui révéler et elle assez niaise pour tout me répéter, ça risque de prendre un certain temps avant de découvrir quoi que ce soit d'intéressant. »

Prenant place sur un des autres fauteuils, William se retrouva face à Sinistre, le dévisageant sans aucune gène.

« Qu'est-ce que vous pouvez faire, exactement ? J'en ai déjà eu un aperçu mais j'imagine que ce n'est pas votre seul... atout. D'ailleurs, pourquoi m'avoir redonné accès à ma mutation ? Vous n'avez pas pensé à un moment que ce n'était pas ce que je désirais ? »

Il voulait obtenir quelque chose de lui, très bien. Will acceptait – du moins acceptait l'idée, après pour le faire ce serait une autre histoire. Mais dans ce cas, lui aussi voulait les réponses à ses questions.

Sinistre avait sourit.

"Nous faisons partit d'un monde où quand on est différent, on représente une menace pour les autres. Pour le moment, c'est vous la menace, mais demain... Quand la tendance s'inversera et que les humains seront en minorité... Vous voulez vraiment redevenir comme l'un d’entre eux et être une nouvelle fois une menace pour les autres ? Choisissez bien votre camps mon jeune ami. Car tôt ou tard, la balance pèsera en faveur des mutants, et ceux qui n'en seront pas un, ne feront pas le poids face à ce qui les attend."

Il pensait que je voyais Ellie comme une fille niaise ? Mais que pouvait il en savoir ce jeune avorton ? Ellie était une femme forte, bien plus forte qu'on ne pouvait l'imaginer au premier regard. Elle n'avait rien d'une faible. Elle n'était pas naïve. Chacun de ses gestes étaient minutieusement préparés à l'avance. Elle n'était pas venue me chercher pour trouver un compagnon, une âme soeur. Non... Elle était venue pour trouver un allié de taille dans une guerre qu'elle comptait mener. Deux espèces. Une seule finira par triompher. Et elle savait que j'étais la salut que tout le monde attendait.

Que pouvait il bien représenter, lui ? Un amuse bouche ? Une petite promenade au bord de l'eau pour se changer les idées ? Il n'était rien de plus qu'un pion, ou un amusement, le temps que les pièces se mettent en place. Il ne pouvait rien espérer d'elle. Rien attendre à l'exception de la chance de pouvoir voir ce monde arrivé, à ses côtés. Comme aux miens. Comme s'il méritait une telle place. La seule chose qu'il avait fait, c'était d'avoir agis lâchement. De s'être fait vacciné. D'avoir refusé d'être ce qu'il était. Traitre ! Il ne méritait pas que je lui consacre autant de temps. Mais il fallait jouer le jeu... Du moins pour le moment... Je m'étais relevé, j'avais posé sa veste sur le fauteuil et j'avais fait quelques pas. Quand je restais sans bouger trop longtemps, ma jambe me tirait ! ( -_-' )

"En quoi cela peut il vous intéresser ? Vous avez déjà eu un premier aperçu de ce que j'étais capable de faire. Vous voulez vraiment que je vous montre ce que je peux faire d'autre ? Je ne pense pas que ce soit une bonne idée... Ni pour vous, ni pour moi."

Mais un jour mon ami, ne t'en fais pas, je te montrerai. Et ce jour sera ton dernier !

"Dans les profondeurs de la Tour Stark, il y a quelque chose qui se trame. Un sous sol tenu secret. Vous en trouverez l'accès dans l'ascenseur privé du bureau de Anthony Stark. Vous y descendrez, sans vous faire voir. Et une fois en bas, vous découvrirez ce qui s'y cache. On m'a parlé de d'un projet Iron Man. Sans doute une armure, une carapace... Quelque chose que Marvin Stark préparait, et que son frère s'est empressé de reprendre. Avec une telle arme, il pourrait être une menace non seulement pour ces humains, mais également pour nous. Pour vous... Pour moi... Peut être même pour elle."

J'étais persuadé que ça le convaincrait.

"A ce propos... Vous jouez à un jeu bien dangereux. Vous êtes un mutant, et vous tentez de voler la copine d'un des hommes les plus puissants des Etats Unis, voir même du monde... S'il venait à l'apprendre, il pourrait user de sa position pour vous faire disparaître..."

Il n'allait pas arrêter pour autant, j'en étais sûr, mais ça le ferait au moins réfléchir. Et si ce n'était pas le cas, ça voudrait sans doute dire qu'il l'aimait vraiment. Dans ce cas, rien pourrait le sauver...

"A votre place je ferai attention. La vie de tous les mutants est précieuse. Même celles des mutants de niveau 1."

Ben oui, il n'était pas si fort que cela, n'est ce pas ? Son pouvoir c'était quoi ? Créer des allusions ? Wouah ! Magnifique ! Grâce à lui demain, on pensera que Casimir se trouve à deux endroits en même temps. Il sera le clown parfait pour les enfants lors des tournées du cirque où il finira.

Une menace. C'était bien là que se situait le problème. Aux yeux des autres, il était un problème à éradiquer, un danger à éviter. Il s'en fichait bien de ce que lui préparait demain, il savait juste qu'à l'instant présent, il n'était pas bien vu sur cette planète – pas par la majorité des gens en tout cas. Ça avait suffit à la convaincre de craquer pour le vaccin – bien que ça n'avait pas suffit, à ce qu'il avait pu en juger. Et cette tendance inversée... Bien sûr, ça arriverait sans doute. Tôt ou tard. Mais pour en arriver là, il faudra tuer des humains, n'est-ce pas ? Des gens innocents qui ne font que répondre à leur instinct en ayant peur de ce qu'ils ne connaissent pas. Lui aussi avait eu peur, une fois... humain. Peur de cette normalité. Alors il avait commencer à comprendre ce que devait ressentir sa famille, si démunie face à ce que lui pouvait leur infliger. Sinistre pouvait bien dire ce qu'il voulait, William continuerait à croire que cette confrontation était vaine et qu'elle entraînerait plus de pertes que de gains. Il n'y aurait aucun vainqueur.

Il l'observa se lever, faisant glisser son doigt sur le bord de son verre vide. Il restait sur ses gardes. Qui sait ce qu'il pouvait faire, à n'importe quel moment, sous le coup d'une impulsion ? On ne peut pas prédire les gestes d'un homme tel que lui... Il n'aurait su le décrire, dire ce qui lui faisait ressentir une telle chose en sa présence – un mélange d'admiration, de haine naturelle, de curiosité maladive et de puissance – mais il dégageait une aura différente de n'importe quelle autre, c'était certain.

« En quoi cela peut il vous intéresser ? Vous avez déjà eu un premier aperçu de ce que j'étais capable de faire. Vous voulez vraiment que je vous montre ce que je peux faire d'autre ? Je ne pense pas que ce soit une bonne idée... Ni pour vous, ni pour moi. »

Étrange. Il savait que sa mutation pouvait se retourner contre lui... dans des circonstances extrêmes, mais Sinistre était-il doté de pouvoirs tels que le moindre écart dévoilait ses faiblesses ? Il était mortel, certainement, rares sont ceux dotés de la vie éternelle et, il vieillissait – ça se voyait qu'il était plus dans l'adolescence et qu'il avait vécu des choses, dans son regard, des choses que William préférait ne pas chercher à connaître. Pas pour l'instant.

« J'aime me cultiver et en apprendre plus sur les autres de... mon espèce. Je trouve ça intéressant. Mais je saurai attendre le jour où vous me montrerez enfin l'étendu de vos capacités. Je suis patient. »

Il afficha un sourire, bien qu'intérieurement il devait avouer qu'il aurait du mal à tenir le temps qu'il faudrait. Ne pas savoir à qui on avait à faire était pire que tout... Qui sait ce qu'il pouvait lui infliger. Peut-être le manipulait-il même sans qu'il ne s'en rende compte ! Ou alors il n'était qu'une vision. Will s'y connaissait dans ce domaine pourtant et il pouvait affirmer que c'était dans la réalité vraie qu'il se trouvait. Il ne fallait pas non plus qu'il commence à devenir parano, ça signerait le début de sa fin.

Comment pouvait-il être au courant de tout ça ? De ces passages situés dans l'immeuble de Stark ? S'il avait un plan, pourquoi ne pas le lui donner ? Ce serait tellement plus simple. Encore mieux, s'il connaissait si bien les lieux, autant se démerder seul au lieu de faire appel à un autre. Mais faire un tel commentaire serait sûrement mal vu... non ?

« Pourquoi ne pas faire le déplacement vous-même ? Vous allez l'air de bien connaître l'endroit. Peur de se faire attraper peut-être? »

Il laissa échapper un léger rire sarcastique. Un jour, il faudrait qu'il apprenne à se contrôler et à arrêter de se faire mal voir par tout le monde, ça lui apporterait des ennuis. Mais bon, ce qui est fait est fait, n'est-ce pas ?

« Et en quoi cet... Iron Man pourrait être dangereux ? Seul, il n'arrivera pas à grand chose. D'autant plus que je ne pense pas que les humains soient ceux ciblés par cette arme... Lorsqu'on fabrique un tel engin, c'est pour se débarrasser d'une menace, non ? Et la menace actuellement, c'est nous, vous l'avez dit vous-même. »

Il tenta de ne pas relever le ''pour elle'' bien qu'il l'avait entendu. Évidemment qu'il l'avait entendu. Et il pouvait assurer que cette machine – armure, arme ou carapace de tortue ninja - n'aurait jamais l'occasion de la toucher, quelles que soient ses fonctions d'attaque ou de défense. Tant qu'il serait en service, il ne lui arriverait rien. Néanmoins, bien qu'il ne le prononce pas à haute voix, il irait sans doute jeter un œil dans ce sous-sol, pour s'assurer que personne ne risquait rien...

Se levant pour se resservir un verre d'eau pétillante dans la cuisine, il alla reprendre sa place dans son fauteuil, s'enfonçant dedans – à la manière de la pub pour les kinder, comme si c'était un nuage tout moelleux – prêtant une attention secondaire aux mots de Sinistre.

« Voler sa copine ? Ce n'est pas vraiment dans mes plans. On ne vole pas un individu. Au mieux, on le kidnappe, mais je ne prévois rien de ce genre. Tony Stark n'a rien à craindre de moi, à moins que leur relation ne se porte pas au beau fixe et qu'il craigne qu'elle ne se tourne vers quelqu'un d'autre de plus présent. »

C'est vrai, pour l'instant, rien ne laissait penser qu'Eleanor lui portait le moindre intérêt. Il ne s'en plaignait pas, sa présence lui suffisait largement. Il voulait juste qu'elle soit heureuse et il avait des doutes sur le fait que ''l'homme le plus puissant des Etats-Unis'' soit capable de lui apporter ce bonheur qu'elle méritait.

« A votre place je ferai attention. La vie de tous les mutants est précieuse. Même celles des mutants de niveau 1. »

Cette réplique lui arracha un sourire. Oh il n'avait jamais prétendu avoir un pouvoir hors du commun, certains étaient tellement plus dangereux que lui... mais son but n'était pas de refaire le monde grâce à ses illusions. Et il ne fallait pas sous-estimer l'influence que les apparences pouvaient avoir sur la population.

« En quoi donc ? Pour asservir les humains sans pouvoirs hors du commun ? C'est bien votre projet, je me trompe ? C'est peut-être à vous de faire attention... de trop grands projets impliquent de grands sacrifices, à ce qu'on dit. Qui sait ce que vous allez perdre dans cette bataille. »

Ce jeune homme ne comprenait rien. Ou alors il n'entendait que ce qu'il voulait entendre. Oh oui j'étais un grand très grand méchant. Un comme ceux qu'on faisait dans les meilleurs comics. Avec plein de trucs hightech un peu partout sur le corps, et une tête bien amochée pour bien montrer que j'ai souffert et que je suis le méchant. Je me promenais avec dix armes bien sophistiquées, qui feront lancer un "Wouah attention il est armé" à toutes les personnes qui croiseront mon passage.... Il ne comprenait rien. Comment un homme boitant, qui avait besoin de sa canne pour marcher, et qui n'avait rien d'un guerrier, pourrait causer du tord aux humains ?

"Vous êtes jeune. Tellement jeune. Vous pensez pouvoir donner des conseils aux autres, mais vous ne vous rendez même pas compte que la véritable menace n'est pas celle que vous croyez. Vous pensez que je veux faire plier le genoux à chaque humain sur cette Terre ?"

J'avais donné un coup de canne très léger sur ma jambe droite.

"Regardez moi. Mes pouvoirs me permettent de redonner de l'espoir aux mutants, et de pouvoir en échange obtenir quelque chose, mais ça s'arrête là. Je n'ai pas l'ambition, ni même les moyens de mener une guerre contre qui que ce soit. Ce que je vous ai dit n'est qu'une simple vérité."

Tout en parlant, je marchais dans la pièce. J'avais pris dans les mains un truc bizarre qui se trouvait là. Je ne voulais même pas savoir ce que c'était. Je l'avais reposé tout en m'approchant de son frigo.

"Vous étiez déjà né, quand un mutant du nom de Magnéto a tenté de mettre le président à genoux. Ou quand un mutant aussi puissant que Jean Grey a tentée de détruire le monde. Ils ont à chaque fois été arrêté. Heureusement pour nous. Mais imaginez demain."

J'avais ouvert le frigo. Il ne contenait rien d'intéressant. Ce jeune homme ne prenait vraiment pas soin de lui...

"La menace est de plus en plus grande chaque jour. Il faudrait être aveugle pour ne pas s'en rendre compte."

J'avais refermé le frigo et je m'étais à nouveau approché de lui.

"Je suis une menace pour personne. La seule chose que je veux faire, c'est d'ouvrir les yeux à certaines personnes. De vous ouvrir les yeux à vous. Vous avez failli passer à côté de quelque chose d'exceptionnel. Sans moi, vous ne l'auriez pas rencontrée, elle. C'est important d'avoir quelqu'un avec qui partager ses jours sur cette Terre. Un monde aussi Sinistre que celui là, pour le traverser il faut être deux. Je regrette peut être juste que vous n'ayez pas choisi la bonne personne. Elle n'a rien de dangereux, mais elle est aux bras de quelqu'un qui peut l'être. Enfin, c'est à vous de me le dire. Faites cette petite recherche pour moi. Et je considérerais que vous avez payé votre dette."

J'avais posé une main sur son bras gauche. Il avait beau être mal habillé, ne pas prendre soin de lui, il n'en restait pas moins musclé. C'était une bonne chose pour lui. S'il venait à combattre un humain, il l'emporterait. Dommage qu'il n'avait pas les pouvoirs qui allaient avec. J'avais retiré ma main.

"Oh et une dernière chose. Quelqu'un qui contrôle le pouvoir de l'eau, est toujours attiré par cette chose. La mer serait un endroit bien idéal pour une promenade..."

Devais-je m'en aller ? Allait il faire ce que je voulais? La balle était dans son camps.

William le regardait. Il le regardait bien fixement. Mais malgré tout ce que pouvait dire Sinistre, tous les arguments qu'il pouvait lui mettre en pleine face pour lui prouver qu'il était incapable d'entamer le combat contre les humains pour mettre les mutants en haut de l'échelle, le jeune homme n'y croyait pas. Du moins, il n'avait aucun avis tranché... Pour lui, Sinistre était autant capable de ne rien faire que de tout faire.
C'était le mieux placé pour savoir que, dans ce monde, une arme dévastatrice pouvait se présenter sous la plus innocente des formes. Tout comme un horrible personnage pouvait être le plus sympathique et inoffensif des individus. Il ne fallait jamais se fier à ce que l'on voyait, à ce que l'on pouvait observer. Toujours chercher plus loin que la surface et le simple paraître, puisqu'il est trop facile de faire semblant d'être ce que l'on ait pas. Se dissimuler sous un déguisement, se cacher sous une deuxième couche... Tout le monde le faisait. Même les enfants, symbole pourtant de l'innocence. Ne se faisait-il pas passer pour tout autre chose lorsqu'ils se déguisaient pour jouer ? Sans s'en rendre compte, ils commençaient déjà à assimiler les lois du mensonge et de la dissimulation.

Il préférait donc enregistrer ses paroles sans pour autant les croire, les mettre dans un coin de sa tête afin de pouvoir les étudier plus tard, au calme, avec un certain recul. Il ne pouvait se fier à cet homme. Il ne pouvait se fier à personne, si on en croyait sa logique, au risque de trop rapidement se faire avoir. Ne cherchant pas à savoir ce que Sinistre allait faire dans son frigo, William continua de porter attention au récit du mutant, connaissant déjà les histoires de ces personnes qui avaient tout essayé pour arriver à leur but. C'est ce qui lui faisait penser que, n'importe où, n'importe quand, n'importe qui pourrait en faire de même. Il suffisait d'un seul mutant assez charismatique et puissant pour réussir à se mettre une armée dans la poche. Une armée destructrice et impossible à stopper, puisqu'elle n'aurait rien à perdre si ce n'est la vie. Mais que vaut la vie si nous ne sommes pas reconnus pour ce que nous sommes ?
Il y aurait forcément un groupe, un jour, qui finirait par atteindre son objectif, il devait bien admettre que Sinistre avait raison sur ce point. Peut-être demain, peut-être dans un mois, peut-être dans un an.... C'était à la fois grisant et effrayant puisque cela déréglerait toutes les règles mises en place à ce jour. Ce serait un tout autre monde.

« La menace est de plus en plus grande chaque jour. Il faudrait être aveugle pour ne pas s'en rendre compte. »

William était loin d'avoir perdu la vue. Il se rendait bien compte qu'il y avait du mouvement. Il ne savait juste pas où, de quel côté, de quelle manière. Et il était impossible de combattre sans savoir ce que l'on était supposé arrêter ou à qui l'on devait s'allier. Il avait décidé de rester à l'écart, de ne pas s'en mêler, de simplement voir de loin les changements opérés... et de s'y adapter. C'est ce qu'il faisait depuis toujours, s'adapter.

Il fronça les sourcils lorsque Sinistre évoqua Ellie. Ses paroles finiraient par lui faire croire qu'il savait pleinement, le jour où il lui rendit ses pouvoirs, quelle personne il allait rencontrer grâce à cela et l'effet qu'elle aurait sur lui. Pourtant, il n'aurait pas pu prédire qu'il recevrait l'offre de Stark et qu'il finirait par s'occuper d'Eleanor et par y trouver un certain réconfort. Quelqu'un avec qui partager ses jours sur cette Terre... Ce n'est pas ce qu'il cherchait, loin de là. Il n'avait jamais pensé à cela. Il ne partageait pas ce point de vue, être deux pour tout affronter. Seul, on se débrouille mieux, on n'a aucune entrave, aucune responsabilité. Du moins, ça ne le dérangeait pas d'avoir... cette charge à sens unique. Il la protégerait, certes, mais il ne demandait rien en retour. Quant au fait que Stark puisse être un danger, il l'avait depuis longtemps compris... Il ne restait plus qu'à savoir s'il était un danger pour lui, pour elle... ou pour eux tous. Il n'avait pas le choix, s'il voulait que ce Sinistre le laisse tranquille et arrête de le perturber et, plus que tout, s'il voulait être certain qu'Eleanor n'était pas entre de trop mauvaises mains, il devait accepter cette ''mission''.

« Je ferai de mon mieux dans ce cas. Comment pourrais-je vous contacter une fois que j'aurai les informations que vous me demandez ? »

A moins qu'il fasse comme à son habitude : apparaître au pied de la porte sans prévenir. Il avait l'air d'être le spécialiste dans les visites de courtoisie impromptues et improvisées.
Lorsque Sinistre se rapprocha et vint poser sa main sur lui, il hésita à entamer un mouvement de recul. La dernière fois qu'il l'avait touché, cela l'avait totalement... bouleversé. Qui sait ce qu'il allait lui faire cette fois-ci ? Il ne ressentit rien à ce contact, rien d'intérieur, ce qui le soulagea à vrai dire. Pourtant il n'en restait pas moins suspicieux.

« Oh et une dernière chose. Quelqu'un qui contrôle le pouvoir de l'eau, est toujours attiré par cette chose. La mer serait un endroit bien idéal pour une promenade... »

Un sourire mi-moqueur, mi-satisfait, s'esquissa sur les lèvres du jeune homme. Il fallait croire que Sinistre ne savait pas tout sur tout et pouvait parfois même avoir une longueur de retard... C'était rassurant de savoir qu'il n'était pas non plus partout, tout le temps. William devait bien dire que savoir que Sinistre avec autant d'informations entre les mains, autant sur lui que sur les gens qu'il fréquentait, que ça en devenait presque effrayant.

« Vous serez donc heureux de savoir que j'ai déjà pris cette initiative il y a peu. Et en effet, ça lui a beaucoup plu, je penserai à réitérer l'expérience. »

J'allais lui répondre quand à comment me contacter par la suite, mais il avait fini sa phrase par quelque chose qui avait attiré toute mon attention. Alors comme ça il l'avait conduite de son propre chef, jusqu'à la mer ? Mais qu'elle charmante attention. Je lui avais fait le plus beau des sourire de faux cul que l'on pouvait faire. A croire que je faisais une pub pour une nouvelle marque de dentifrice.

"Vous l'avez conduite à la mer ?"

Bon d'accord, pourquoi lui reprocher cela, alors que c'était moi même qui venait de lui proposer une idée quasi similaire, voir même TOTALEMENT identique. Comment avait il pu croire qu'il pourrait décider lui même ce genre de choses ? Que je lui propose, lui donne mon accord, ok. Mais de lui même ? Il allait le payer. Il allait vraiment le payer cette fois !

"Et puis-je savoir ce qui vous est passé par la tête ? Vous pensiez que ça serait une bonne idée d'aller vous promener main dans la main au bord de l'eau ? Je suppose que vous n'avez pas choisi cet endroit par hasard."

Oh non, ça, c'était évident. Il savait exactement comment lui faire plaisir, car il avait pris bien le temps d'apprendre à la connaître. Tout était prémédité...

"Vous lui avez offert une glace aussi ? Vous savez quel parfum elle préfère ?"

Mais valait ralentir, sinon il finirait par se douter d'un truc...

"Il va falloir vous montrer bien plus prudent à l'avenir. Si Stark a le moindre doute sur vous, il vous expulsera de la Tour. Vous ne pourrez plus faire ce que je vous ai demandé. Et sachez bien, que si vous ne payez pas votre dette, ce que je vous ai donné, je peux très bien vous le reprendre."

Voilà sur quoi il fallait miser. C'était bien mieux que des menaces. Car là s'en était pas une. Je ne ferai que reprendre une chose à moi... Enfin façon de parler. Donc, je ne le menaçais pas du tout...

"Vous pensez qu'elle vous aimera... (rien que de prononcer ce mot m'avait fait grincer des dents tellement que j'en frissonnais) toujours si n'êtes plus un mutant ?"

Quel idiot! Il n'était qu'un jeune prétentieux. Il ne savait rien de la vie. Il pensait qu'il pouvait débarquer comme ça et volait ce qui appartenait aux autres! Il n'en était pas question!

"Je me suis peut être trompé sur vous. Vous ne méritiez peut être pas d'être à nouveau des nôtres. Je pense même que vous ne méritez pas de seconde chance. De toute façon, je me doutais bien que vous serez le moins qualifié pour ce que je vous demandais. Et puis, vous aurez trop peur de trahir votre copine en espionnant son petit ami."

Oui, petit ami. Lui il n'était que l'amant...

"Je vais reprendre ce que je vous ai donné. Ca sera bien mieux ainsi."

J'avais approché ma main de son torse. Je ne voulais pas tâter ses pectoraux, mais simplement reprendre ce que je lui avais offert quelques mois auparavant...

William devait dire qu'il était étonné par la capacité de l'homme à passer d'un avis à un autre. Tout d'abord, il l'encourage à l'emmener dans un lien qu'elle appréciera grandement et, lorsqu'il avoue avoir déjà eu cette idée, il se met à dire – ou sous entendre plutôt - que c'était complètement... stupide, comme initiative. Cela avait de quoi décontenancer le mutant d'être face à un interlocuteur aussi lunatique. Puis main dans la main, c'était vite dit... Will n'était pas romantique à ce point, trop cliché pour lui. Et qu'est-ce que venait faire les glaces là-dedans ? Comme si c'était déjà la saison ! Il faisait encore trop froid pour aller voir le marchand ! (ce qui n'empêche qu'il serait bon de se renseigner sur ce qu'aimait Eleanor à ce niveau-là, ça pourrait toujours lui servir quand la canicule pointerait son nez)

« (…) Et sachez bien, que si vous ne payez pas votre dette, ce que je vous ai donné, je peux très bien vous le reprendre. »

Le jeune homme tiqua, releva la tête, fronça les sourcils, interrogeant Sinistre du regard. C'était une mission pourtant toute simple... mais selon son pourcentage de réussite, sa vie pourrait reprendre un tournant à 180°. Il n'avait pas l'air comme ça, le bonhomme, mais il pouvait faire changer votre existence à un point inimaginable.

Ses muscles se tendirent légèrement, William se mettant sur la défensive. En même temps, il se demandait bien pourquoi il réagissait de la sorte. Après tout, n'était-ce pas ce qu'il désirait le plus au monde ? Retourner à cette vie « d'après vaccin » ? … C'était. Avant. Mais aujourd'hui... Sans mutation, impossible de protéger Ellie, impossible de découvrir ce que Stark peut bien prévoir. Pire, impossible de revoir Ellie. Déjà, il serait tout de suite viré et elle ne voudrait certainement plus lui parler. Elle ignorait qu'il avait un jour été... sans pouvoir, qu'il avait renié cette nature anormale. Sinistre avait, en quelques sortes, encore une fois raison. Il était certain qu'elle ne l'aimait pas (pas pour l'instant) donc évidemment qu'elle ne l'aimerait pas plus s'il devenait... humain. Il n'avait aucune chance à vrai dire, aucun espoir à cultiver – déjà qu'il n'en avait pas vraiment dans sa situation actuelle.

« Je me suis peut être trompé sur vous. Vous ne méritiez peut être pas d'être à nouveau des nôtres. Je pense même que vous ne méritez pas de seconde chance. »

William du retenir un rire nerveux à ces paroles. Il ne méritait pas d'être un mutant, pas plus qu'il ne méritait d'être « guéri », tellement il avait fait de choses ignobles. Qu'est-ce qu'il était supposé être, dans ce cas ? Il devait être maudit, condamné à vivre dans le tourment et l'indécision. Quel destin !

« De toute façon, je me doutais bien que vous serez le moins qualifié pour ce que je vous demandais. Et puis, vous aurez trop peur de trahir votre copine en espionnant son petit ami. »

La seule réflexion qu'il réussit à se faire à ce moment là fut que, pour un petit ami, Tony Stark était étonnamment grand. C'était stupide et insensé comme pensée, mais il fallait dire que la crainte commençait à l'envahir petit à petit, à mesure que l'homme se rapprochait de lui. C'était donc si simple que ça ? Un frôlement, un toucher, une sorte de fluide invisible passant entre leurs deux corps et de nouveau ses illusions s'évaporeraient dans l'air ? Il n'en avait rien à faire, de gâcher l'utilité de son pouvoir, d'être vu comme un lâche incapable de supporter le poids de son pouvoir. Ce n'était pas ça, qui lui faisait peur. C'était d'à nouveau se retrouver seul.

« Je vais reprendre ce que je vous ai donné. Ca sera bien mieux ainsi.
- Non. »

Sec, décidé, presque trop, William se redressa et s'écarta de Sinistre de quelques pas. Il se passa une main sur le visage, sans savoir vraiment ce qui lui passait par la tête. Il avait toujours voulu se débarrasser de ce fardeau qui pesait sur ses épaules, et pour elle, pour elle et personne d'autre, il changeait d'avis, comme ça ? Elle était donc si importante pour lui ? C'était à la fois égoïste et étrangement altruiste. D'un côté, il agissait de la sorte pour pouvoir continuer à la garder sous son aile, pour faire en sorte que rien ne lui arrive... mais de l'autre, c'était juste parce qu'elle lui apportait un certain bien-être.

« Peur de la trahir ? J'en ai rien à foutre, de la trahison. Je ferai ce que vous me demander sans hésiter. Peu importe si ça lui fait du mal à la petite que j'espionne son cher et tendre... je le ferai. »

C'était difficile de sortir ces mots, parce qu'à vrai dire il ne voulait pas la blesser. Mais il était sincère lorsqu'il disait que chercher des infos sur Stark n'était pas quelque chose qu'il jugeait de... compliqué ou plus ou moins contraignant. Non, il ne le visualisait pas comme une trahison... C'était seulement... disons, de l'anticipation. Les méchants peuvent se trouver n'importe où.

« Marché conclu ? »

Il se retourna vers Sinistre, se redressant légèrement. Il lui aurait bien serré la main pour marquer le coup, sauf qu'il ne voulait pas prendre le risque de le toucher... sait-on jamais.

Un petit sourire en coin, j'avais acquisé. Voilà qui était bien mieux. Il était prêt et déterminé à faire ce que j'attendais de lui. J'étais enfin sûr qu'il irait jusqu'au bout. Mon plan commençait tout doucement à prendre forme. Il ne me restait plus qu'une chose à faire, c'était de m'en aller. Ce que j'avais fait.