Le gang des Mal-Aimés [Pv' Trist][Terminé]

Il était moche ce plafond.
Tout comme ces murs, cette table de nuit, ce lit, cette commode, cette armoire, et comme tout ce qui pouvait presque se promener dans l'institut qui n'était pas un minimum normal.
Les draps grattaient, le chauffage était toujours trop haut, l'eau n'avait même pas bulles, et jus de pomme non plus. Qu'est ce qu'ils croyaient ? Le jus de pomme ça se buvait avec des bulles, ils connaissaient pas ce que c'était le vrai Apfelsaft ?
L'horreur ou presque.
Des hybrides partout, mi monstre, mi humain et re mi monstre derrière, c'était d'un stressant. L'ambiance lourde était insoutenable pour le nouvel arrivé de l'institut. Il avait vraiment du mal à s’accommoder à cet endroit, et pourtant on disait de lui qu'il était débrouillard et plutôt flexible, mais là non, il y avait un truc qui n'allait pas.

C'était la pause. Entre les cours et le repas. Impossible de supporter plus longtemps de l'anglais, et ces gosses qui criaient.
Le jeune allemand était retourné dans sa piaule de fortune, le sac jeté à coté de l'entrée, et il regardait le plafond, avec les écouteurs branchés à son mp3 qui débitait des riffs de guitare électrique sur des paroles de la sublime langue de Goethe.
Ça lui faisait du bien d'entendre quelque chose venu de son pays, de sa véritable langue natale, et pas de cet horrible anglais parlé du nez qui n'avait rien de comparable à celui qu'il avait eu en cours, nan, c'était autre chose, plus complexe, plus concret, et plus rapide.
Il fallait l'avouer, sans concentration, il décrochait vite.
Mais là, pas d'anglais, juste du métal et de l'allemand, le pied.

Alors qu'il fermait les yeux pour se plonger dans la musique, la chambre disparut. Fini les horribles rideaux bleus, fini le bois, fini cette vision d'un endroit qui n'était en rien personnel. Pas de posters, pas de cadres avec des photos, pas de décoration, c'était neuf, et tellement neuf que s'en était déplaisant tellement c'était vieillot. Là où on pourrait y voir un paradoxe, il s'agissait surtout d'une question de référentiel, et pas besoin d'être matheux pour le concevoir.
Cependant en ces temps troublés, les gens avaient légèrement tendance à ne plus concevoir grand chose.

Un instant, le jeune adolescent se retrouva dans sa chambre en Bavière. Les posters de Trivium, Rammstein, Iron Maiden, Motorhead, System of a Down étaient toujours là, les photos de lui et Elia aussi. Au mur, il y avait toujours ce couteau de l'armée allemande accroché, et le colt quarante-cinq non chargé que son grand-père lui avait filé en souvenir trainait toujours dans son bureau.
D'ailleurs c'était le bordel sur ce dernier, les feuilles de maths et de physique se battant en duel pour savoir lesquelles se barreraient le plus vite de la pile, et surtout arracheraient un juron malsain à leur propriétaire quand il devrait ramasser la pile éparpillée.
Et puis cette odeur subtile de cola …

Vvvvvvvvvvvvvvvvzzz

Soupire.
Valen rouvrit les yeux, et chercha de la main son portable, posé quelque part sur son plumard où il était allongé.
L'attrapant, il fit coulisser le clavier.
Huit appels en absence, quinze nouveaux messages.
Re soupire.
Survolant ces derniers, il n'en lut qu'un sur deux. C'était majoritairement Elia qui demandait des nouvelles, qui s'inquiétait, et qui finissait tout simplement par avoir une trouille phénoménale. Au milieu de tout ça un message de sa mère pour lui demander quand il allait rentrer à la maison. C'était bien de se sentir soutenu, vraiment bien.
Avec dextérité, il entreprit d'écrire un message à sa chère et tendre.

Tout va bien, je suis arriver à la destination que je m'étais fixé. J'aurais avec moi l'ordinateur pour te parler sur facebook le soir, et t'expliquer plus en détail la situation.
Tu me manques vraiment, je ne me sens pas très bien ici, mais c'est nécessaire malheureusement. Je t'aime plus que tout. Gros bisous ma chérie, je pense fort à toi.

Envoi en cours.

Voilà, ça c'était fait.
Message envoyé. Bien, il y avait quoi, six, sept heures de décalage horaire ? C'était beaucoup, et à l'heure qu'il était, elle devait déjà être couchée. Dommage, elle aurait le message au réveil.
Ce n'était pas grave, dans sa situation elle ne pouvait rien faire, ni comprendre l'étendue du problème, et surtout, elle ne le vivait pas.
On pouvait dire que Valen n'était pas expressif, mais c'était avant tout lui le principal intéressé, le premier concerné par ce gêne qui le rendait dangereux et instable, il n'avait pas envie, ni besoin d'en parler avec quelqu'un qui ne pouvait pas le comprendre. C'était pour ça qu'il était venu ici, et bien que l'accueil par cette fille, Kitty, avait été plutôt sympathique … il doutait que l'on soit capable de l'aider, mais ces gens là étaient peut être les mieux placés pour ça.
À voir sur le plus ou moins long terme.

Batterie faible.

Et merde. Voilà que le téléphone allait le lâcher, pas maintenant, il en avait besoin.
Échec critique. Où était le chargeur ? Probablement dans le bas de la table de la nuit. Oui c'était là qu'il avait l'habitude de le laisser d'ordinaire. Se saisissant de ce dernier, le jeune allemand se pencha pour essayer de brancher le portable de l'autre coté.
Horreur.
Epic fail comme il disait.
C'était quoi ces prises électriques ? Ça ne ressemblait pas à celle qu'il y avait en Allemagne. Ah nan pas ça, pas maintenant.
Dans une ultime tentative, il essaya de voir s'il n'y avait pas moyen que cela marche, mais non, pas moyen d'y emboîter, un échec de plus au compteur.
Vraiment, l’Amérique était un pays de merde. Il ne prenait pas les euros, il faisait mauvais temps, et les prises électriques n'avaient pas la forme des prises électrique. Ajoutez à ça le fait que Apfelsaft n'était pas du Apfelsaft, et qu'il mettait des bulles dans le cola, et là on avait la totale.

Batterie déchargée.

Et ça y était, le point de non retour.
Le téléphone vint à s'éteindre de lui, même, dans une dernière d'espoir. Un jour peut être il y aurait un adaptateur pour le faire revivre, mais ça semblait mal barré.
Ultime recours, la PSP.
D'aucun aurait pu dire : 'Mer il et fou'. Mais non, c'était le dernier rempart contre la solitude en cet institut bizarre, rempli de gens bizarres, qui faisaient des trucs bizarres.

Vous voyez le genre de sale journée ? Celle qui commence mal, du genre vous renversez votre tartine de confiture, vos lacets vous craquent dans les mains, vous passez au self mais le plat que vous vouliez par en dernier exemplaire devant vous, vous vous ramassez la flotte alors que vous vouliez vous balader, votre prof vous lance un tacle oral, vous arrivez dans le prochain cours et interro surprise, en rentrant vous vous posez dans votre siège mais un des pieds craque et vous vous pétez la gueule. Bah cette guigne là, le jeune homme connaissait, toujours la même rengaine.
Et ce damn fuckin' voyant qui devenait rouge.
C'était vraiment pas son jour.
Et puis on entendit des cris, des rires d'enfants à peine âgés de plus de sept ans. Le genre de marmots que lui ne pouvait pas supporter, et d'autant plus s'ils étaient mutants. Là, c'était trop. Journée de merde ! Voilà ce qu'il aurait voulu gueuler. Mais personne n'aurait compris vu qu'il parlait allemand.
Dire que ces chiards faisaient plus de bruit que Hate Forest, c'était malheureux.
Alors venait le point de rupture, fini le domaine plastique, maintenant c'était foutu pour lui, il avait les nerfs.

Fortement agacé par le bruit, Valen jeta la psp sur son lit avant de sortir de sa chambre, de la refermer, puis de passer à coté des enfants.
Ces gamins ne méritaient qu'une chose, que son pouvoir se manifeste, et qu'ils pourrissent comme des charognes, de la vermine voilà tout.
Quel endroit était le plus calme de l'institut à part le bureau des profs ? Probablement les salles de cours.
Descendant d'un étage, prenant soin d'éviter tout contact physique avec les autres étudiants de l'institut, le jeune homme passa dans le couloir, jusqu'à la salle de maths qui était ouverte.
Probablement un endroit calme et que personne ne fréquentait.
Entrant dans cette dernière, il passa la porte et s'enfonça dans l'endroit avant de voir qu'il y avait un mutant au fond de la salle. Oui un autre mutant.
Panique total.
Pour sûr qu'il était pas à l'aise le gamin. Perdu, et interloqué, le jeune homme enleva ses écouteurs et s'adressa à lui précipitamment pour s'excuser du dérangement … à un détail près.

« Entschuldigen Sie mir … ich hab' nicht gesehen dass du hier bist ... »

A tel point qu'il ne se rendit pas compte qu'il s'était adressé à lui dans un allemand parfait, rapide, et même si l'autre en avait quelques notions, il était improbable qu'il eusse tout compris.
Ce type lui faisait froid dans le dos, il avait un regard vraiment bizarre, et semblait plutôt âgé, la vingtaine bien passée, du moins pensait il.
Désignant une chaise et une table un peu plus loin, il demanda d'un air vraiment paumé et confus :

« Kann ich ? »

Bon ça ressemblait vraiment à de l'anglais, l'autre devait avoir compris à son signe de tête. Pas très causant visiblement. Tant mieux au moins, lui ne l'était pas non plus.
Il remit ses écouteurs. Et retour à la musique.
Merci Rammstein d'occuper tant son esprit …

Rosenrot oh Rosenrot, Tiefe Wasser sind nicht still.

Ça au moins, à Munich ou à l'Institut Xavier, même seul, ça n'avait pas changé.

2+2 = 4.. 4+4=8 et 4525X56 ca faisait combien ? Aucune idée, obligé de sortir sa calculette de son sac. Depuis tout ce temps sans l'avoir utiliser, il peinait à la faire marcher.. Arg, c'était quoi tous ces boutons dessus ? Des espèces de symboles, des abréviations sans significations à ses yeux et.. Zut, il venait d'appuyer sur une touche et voila que l'écran affichait un tableau. Dans chacune des cases, il y avait des minis dessins avec des chiffres à gauche. Il se gratta la tête, il pencha la machine vers la lumière. Il garda cette position environs deux ou trois minutes. Il cherchait à faire marche arrière dans sa main oeuvre, à mettre le doigt sur ce fichu bouton " précédent".. En vain, il tombait sur une sorte de courbe qui sillonnait une droite.. Non deux droites positionnées en forme de croix.. C'était quoi ce bordel ? Son incompréhension se manifesta par un mouvement de recul. Garder son calme, ne pas paniquer pour un stupide exercice de math.. Hormis gaspiller son temps, ca ne lui servirait à rien. Il finit par reposer son objet sur la table, à relire l'énoncer du problème.

Un calcule de prix, des pourcentages et des statistiques ? Pour lui, c'était du japonnais ou du chinois. Ou peut être du latin ? En gros, tous ces chiffres le décourageaient, étaient si compliqués pour lui. Il nageait, il coulait dans un gouffre profond. L'image parfaite qui illustrait son état d'esprit.. Arg, c'était dur.. c'était.. Des maths.. La matière haït de tous ! Tristan la détestait, il en avait horreur. Un véritable enfer, ce devoir lui semblait insurmontable. Une matinée entière plus la moitié de son après midi, il en avait par dessus la tête ! Ce n'était pas pour autant qu'il baissa les bras. Dans le genre déterminé, l'enfant des ténèbres se jurait de ressortir de la, qu'une fois avoir achever son devoir. De toute façon, aucune autre possibilité ne lui était offerte. Il devait rendre le devoir pour le lendemain. Bien fait pour lui penserait on, il aurait du s'y prendre en avance : le mutant sanglant avait eut une semaine pour préparer ce devoir. Mais hélas, il trouvait toujours une bonne raison pour le remettre à plus tard. Prit par le temps, il s'en mordait les doigts à l'heure actuelle.. De temps en temps, il s'autorisait des poses. Soit il continuait à lire son roman, beaucoup plus intéressant ou soit il regardait le paysage à travers de la fenêtre. A 15 heures, le ciel était mitigé : Un ou deux nuages se battaient en duel, le soleil ne semblait pas faire son travail et il vit au loin un espèce de vent souffler sur la cime des arbres. En sommes, un temps qui ne donnait pas du tout envie de sortir dehors. Au final, il était bien content de cette salle de cours.

Les maths n'étaient pas sa tasse de thé, il finit par se plonger au cœur des rêves. Doux songes nourris par ces nombreux romans, ces belles histoires qu'il lisait. Son livre sous le coude, ses yeux parcouraient les grandes lignes. Sans sa bonne conscience, il y serait resté jusqu'au soir. Celle ci le rappela à l'ordre, le força à refermer son roman. A contre cœur, il le fit, reprit une grande respiration.. Les chiffres, revenons en.. A non, une fois de plus sa concentration fut attirée par autre chose : L'arrivé d'un autre élève. Valentin ? Vince ? Ah non, valen ! Un jeune allemand à peu près de la même trempe que tristan. Celui ci l'avait souvent vu dans des endroits isolés. Le petit soucis avec lui fut sa langue. A la place de l allemand, il avait prit le japonnais en deuxième langue étrangère.. Autrement dit, le mutant sanglant ne comprenait strictement rien à ses mots ! Comme les maths, ce qui valu son air de déphasé. Bougon, il l'observa s'avancer vers lui, prendre une chaise pour s'asseoir à sa table.. Kann ich ? Enfin une phrase qu'il comprit. Puis je ? En déduisait il grâce à la situation.

« Ja.. »

Ja, oui dans sa propre langue.. La présence du mutant ne le dérangeait pas.. Non, du moment ou il se tenait tranquille avec lui, qu'il parvint à garder de stupides questions pour lui..AAAAAAAAAH bon sang !!! Enervé, agacé par sa calculette, l'enfant des ténèbres la tapa contre le mur avant de la poser brutalement contre la table..

« Je HAIIIIS les maths !!! »

Impulsif, totalement à bout de nerfs, il se laissa aller.. En exprimant ouvertement le fond de sa pensée, il eut l'impression de se débarrasser d'un énorme poids.. Puis, il se souvenu de la filière du nouveau venu : scientifique !? Oh mais ça voulait dire qu'il pouvait l'aider , ? content d'avoir trouver une éventuelle solution à son problème, il se retourna vers lui ..

« Dis... peux tu m'aider pour ce devoir s'il te plait ? » demandait il en anglais..

C'était calme ici.
Juste la musique. L'autre ne disait rien, et tant mieux, il avait l'air agacé, mais le jeune homme préférait penser qu'il s'agissait de la copie et de la calculette plutôt que de sa présence. De toute façon, il ne faisait pas de bruit avec sa musique sur les oreilles et les yeux fermés en se balançant calmement sur sa chaise.
C'était plus tranquille que dans les dortoirs ou les chambres, et tant mieux à vrai dire, sinon, on courrait droit à la catastrophe, et à l'accident mutagène, ou mutant, tout simplement. Et on pouvait être persuadé que les profs ne voulaient pas d'une pile de cadavres d'enfants complètement nécrosés.
Un risque à prendre pour son propre confort ?
De toute façon, qui irait pleurer des parias de la sorte ? Qui se soucierait de ça ? C'était bien ce que souhaitait tous les gouvernements nan ?
Tous des pourris.
D'ailleurs, pourquoi ne pas créer un pays composé que de mutants ? Un endroit où ceux ci seraient tranquilles, avec leurs écoles, leurs magasins, leurs industries, il y avait de tout pour faire un monde, mais la mutation permettait d'offrir des possibilités de développement quasi infinies.
Une idée que le jeune Valen pourrait développer dans un éventuel devoir pour réfléchir sur la relation humain-mutant.

Sous ces airs de gamin timide et solitaire, un brin badboy, il y avait un cerveau. Un cerveau entraîné, taillé pour la science et la logique, tributaire d'une méthodologie hasardeuse mais qui effectuée avec brio, parvenait à déjouer les pièges complexes des situations les plus improbables. Sauf une seule. Celle qui balayait cette certitude de la science, la mutation.
Le simple fait d'être mutant l'avait forcé à remettre en cause tout ce qu'il savait, à cause de ce simple truc qui lui pourrissait la vie.
Bien sûr, il ne faisait pas table rase du passé, mais il avait appris à … prendre du recul dirons nous, il se méfiait plus, doutait bien plus facilement, si bien que son aplomb c'était transformé en une timidité poussée et clairement orientée vers la solitude.
Réaction somme toute logique quand on connaissait sa condition de vie.

Et lui ? Comment s'appelait il ? Aucune idée et est ce que ça l'intéressait vraiment ? Pas exactement, tout du moins intéresser n'était pas le terme exact. C'était un autre de ces monstres, même s'il avait l'air normal, s'il était là c'était pour une bonne raison. Et puis il portait un air fou sur lui, un air mauvais qui le rendait étrangement humain et sympathique aux yeux de l'adolescent. Mais c'était un des leur, et il n'avait rien de commun avec Valen, non, il ne voulait de toute manière pas être comparé à eux.

Sa vie n'était pas sur un champ de bataille, ou dans un institut, non, elle était à faire dehors, à l'extérieur, avec Elia, dans un coin paumé de l'Allemagne de l'Ouest, à bosser dans une structure de science, peut être prof de maths, ingénieur en physique quantique, ou que savait il … mais pas à subir sa mutation comme une loque. Ça non ! Il voulait la dominer, la soumettre, et lui demander de rester bien planquée au fond de lui, ce n'était pas comme si elle était utile. À part pour se défendre, ou se débarrasser d'un corps , à voir.
Mais non. Et accepter le vaccin, c'était nier une partie de ce qu'il était, une partie qu'il n'assumait pas encore, cependant quelque chose au fond lui disait de garder ce gène, pas forcément pour une raison consciente, mais il avait la légère impression que cela représentait quelque chose, même une infinitésimale partie de l'univers. Mais parmi les milliards de péon qui grattaient le globe, il avait fallu que ça soit lui, lui et personne d'autre.
Une sorte de cadeau empoisonné. Ne disait on pas que c'était l'intention qui comptait ?

Et puis un grand bruit qui tira le jeune homme de sa rêverie. Ouvrant les yeux, il eut une réaction du genre 'what dafuck ?' mais sans le prononcer. Et il vit l'autre massacrer sa calculette. Mais massacrer de chez massacrer, elle était bousillée là. Forcément, elle allait beaucoup moins bien marcher maintenant.
Après, il se mit à hurler quelque chose d'incompréhensible, d'autant plus qu'avec la musique dans les oreilles, ça n'aidait pas.
Valen essaya de l'ignorer, mais difficile, en plus il était … un brin plus flippant qu'avant. Mais ce n'était pas rare de voir quelqu'un extérioriser sa haine, son énervement, du moment que ça ne le concernait pas. Par contre dans cet institut, vu que c'était rempli de mutants, ça pouvait vite faire flipper un type qui s'énervait, et mieux valait que ce dernier ait le contrôle de son pouvoir.
Cela sembla être le cas, vu que rien ne se produisit. Mais ce n'était pas une raison pour ne pas surveiller.

Cinglé, il était cinglé ce type, avec un regard vide, un regard de tueur. Mais il semblait aussi humain, plus que les autres qui semblaient se comporter 'normalement', dans cet endroit.
Au moins, il rendait la chose un peu plus facile à appréhender, il semblait contrôler son pouvoir, gérer ses émotions, ça pouvait être un chic type vu la distance qu'il prenait vis à vis du nouvel arrivant.
Ce mec semblait avoir la tête sur les épaules, et peu importe son nom.

« Dis... peux tu m'aider pour ce devoir s'il te plait ? »

Valen mit un instant avant de comprendre que l'autre s'était penché vers lui pour quémander un coup de paluche pour ce qui semblait être selon l'allemand 'un bête exercice de maths'.
En même temps, ils étaient peu nombreux les élèves scientifiques de seize ans à avoir triturer une intégrale triple, lui en faisait partie. Les maths il connaissait, et bien, alors aider ce type n'allait pas être un problème.
Fin l'aider, pas vraiment, lui faire son truc oui, sans problème, par contre lui expliquer, et en anglais, ça demandait déjà un peu plus de technique, de concentration. Mais rien n'était impossible, enfin, pas ça tout du moins. L'élève Stiglitz avait toujours eu de bonnes notes et en maths et en anglais, donc ça allait le faire.
Posant son mp3 sur la table, il éteignit ce dernier, et enleva ses écouteurs avant de lui dire lentement et avec son accent allemand, même si on sentait une timidité appliquée :

« Oui bien sûr. »

Il se décala et posa la chaise à coté de celle de l'inconnu qui répondait au nom de Tristan Troy, même s'il ne le savait pas encore.
Une fois à coté de lui, il lui dit alors :

« Laisse moi voir ça ... »

Évitant soigneusement le contact physique, il prit la feuille entre ses mains, la parcourut du regard rapidement. Bon, ça ne semblait pas compliqué du tout, surtout pour un type de son âge.
Peut être qu'il faisait plus vieux que son âge, à voir, en tout cas c'était somme toute réellement abordable comme exercices, vraiment abordable.
Reposant la feuille, il lui demanda sans le regarder dans les yeux :

« Hmmm c'est quoi que tu … ne comprends pas ? »

Il y avait un tableau et des feutres, au pire, s'il n'arrivait pas à lui expliquer oralement, ça ferait l'affaire.
Magique, Valen l’asocial arrivait à parler avec un autre élève, et pas que Kitty, qui était la seule à qui il avait réellement adressé la parole à son arrivée ici.
Bon, il avait fallu que l'autre engage la conversation, mais ça semblait parti, peut être allait il se faire là son premier ami. Qui sait ?
Après peut être que cela relevait de l'utopie … cela serait fonction de la tournure que prendrait cette explication de maths.

Souvent, les copies de Tristan étaient très soignées, lisibles, organisées voir très belles. Oh oui, certains de ses professeurs complimentaient sa façon d'écrire. Sa calligraphie sortait de l'ordinaire, attirait l'oeil. Ses lettres étaient penchées, fines et très arrondies là ou il le fallait. Tristan utilisait un stylo encre pour ses devoirs, pour les lecons importantes, ainsi son écriture se rapprochait de celle des hauts elfes de Tolkien. Le seigneur des anneaux selon Shade, une mutante de sa classe, qui lui avait fait cette remarque. Loin d'être à jour dans les nouveautés, l'enfant des ténèbres avait du voir la page du livre pour assimiler le lien. De magnifiques feuilles en temps normal, ce fut tout l'inverse de son devoir de maths. Un brouillon, un torchon.. Que disait on ! Mais c'était un véritable champs de bataille ! Des ratures, des trucs inscrits un peu partout, des gribouillis, des chiffres dans tous les sens et de toutes les couleurs. En bas de la fiche, on y voyait même une couche épaisse de blanco. A cette réponse ça, il avait du s'y prendre de nombreuses fois et encore.. Il connaissait bien ses faibles compétences dans cette matière, il se doutait qu'il risquait d'en rajouter une couche. En gros, sa copie était affreuse, illisible ! La honte si jamais il rendrait une telle abomination ! Avec un peu de chance, il se ferait juste engueler par son professeur à la fin de l'heure. Et dans le pire des cas, il risquait de s'attraper l'une des meilleures retenues de l'école. Pendant un mois, il devra laver une salle, voir tout le sous sol ! Là ou ils y garer le Blackbird, l'avion de l'institut des mutants. Sadique comme punition mais très connues chez les troubles fêtes. Ca et bien sur le fameux entraînement infernal avec Logan toutes les semaines. Autant le dire clairement, tristan préféra rendre une belle copie à ce genre de festivités.. Quitte à passer toute la nuit.. Au point ou il en était, il perdait pas grand chose..

Une, deux fois, ses paupières se fermaient.. Un, deux, trois et ses yeux osaient enfin se river sur sa.. Fiche ? Oh mon dieu ! Face à l'état pitoyable de sa feuille, il se surprenait lui même. Il avait fait un massacre, il s'en mourrait de honte. Il se frotta la tête, grommela des injures à son issus et finit par faire un joli ronchonnement. A présent qu'il avait vu le désastre, il regretta de lui avoir montrer, était sur le point de lui reprendre. Par pure respect pour lui, qui avait accepté de l'aider, sa conscience le priva de le faire. Le mauvais élève attendit donc le verdict, très impatient d'ailleurs.. Valen, de son point de vue, devait se tordre de rire ! En soit, cet exercice de maths était très simple ! Du seconde général, voir moins à certaines questions. Pauvre Tristan, lui qui avait oublié toutes ses bases, il peinait à les retrouver.. 6 ans sans voir un calcule, un graphisme ou des pourcentages, ca laissait évidement de nombreuses séquelles..

Le germanique lui demanda ce qui le troubla.. Euh.. Bonne interrogation.. Le sanguinaire fut incapable de pointer ses faiblesses du doigt.. Ses yeux se levaient en l'air, il cherchait.. Il cherchait.. En attente.. Ah oui ! Mais euh.. Se rappelant du peu de vocabulaire en allemand, il prit un air blasé. De quelle manière allait il lui faire entendre ? Des signes ? Dans un anglais très niais à la « moi tarzan, toi jane » ? Sans le vouloir, pour les rares fois, il lançait de très mauvais regards..

« ça.. Moi appliquer la formule.. Mais.. moi tomber sur un faux résultat.. »

Tritri, tu sais que tu ferais un très bon Tarzan ? Allé, en plus de son humiliation, sa conscience en rajouter une couche ! Elle se moquait de lui. Le mutant sanglant passa outre, se concentra plutôt à bien se faire comprendre. Il montrait les chiffres, la formule dans le cours et... Lassé devant tout ce bordel, il s'empressa d'attraper une feuille. Dessus, il se dépêcha de retranscrire les données importantes. Beaucoup plus mise en valeur, ca allait lui facilité la tache.

« tiens.. Pour toi »

Lui fit il en lui tendant la feuille.. Bon, un exercice de maths sans calculette, c'était un peu comme un ordinateur sans écran. En gros, il fallait qu'il se remettait à.. Oh zut ! Sa machine était HS ! Impossible de la rallumer.. Et merde ! Ca lui apprendra à se défouler dessus..

« euh.. Problème.. »

Well, où était le problème ?
Le problème, c'était que peut être ce type là n'était vraiment pas bon en maths, mais alors vraiment pas. Tous n'avaient pas la chance d'avoir de bonne capacité cognitive, tout du moins aussi bonne que celle de Valen. Il avait toujours eu de bonnes notes sans réellement bosser, le genre de type qui se contente d'avoir douze sans rien foutre et qui aurait dix-sept en bossant, ça pouvait agacer, ça pouvait impressionner, mais lui n'en avait rien à foutre, il préférait l'indifférence face à cela.
Mais le problème n'était pas de gérer ses facultés d'apprentissage, non, c'était de se gérer lui, ses émotions, son stress, qui le parasitait et lui faisaient perdre le contrôle dès qu'un brin de mutation apparaissait ci et là.
Si pour l'instant il le gérait seul, tôt ou tard, on lui indiquerait qui contacter pour apprendre à maîtriser tout ça.
Enfin, il n'en était pas question ici, c'était un simple exo de maths, tout ce qu'il y a de plus normal, avec une calculatrice normale, une feuille normale, un stylo normal et deux types anormaux.

Mais l'autre semblait légèrement dépassé par le statut de son interlocuteur, pas parce qu'il était mutant, juste parce qu'il était allemand. En outre, le fait qu'il ne parle pas la langue aussi qu'un natif pouvait être un problème, un handicap, mais de là à en faire tout un plat. Valen n'avait pas un bagage technique très impressionnant, il pouvait suivre une conversation 'normale' ou parler de science sans vraiment entrer dans le détail, mais si tôt qu'on sortait de ce domaine et qu'on entrait dans la littérature, l'histoire, la géographie, avec des termes spécifiques, il ne pouvait plus communiquer.

Alors Tristan essaya d'expliquer son problème de manière à se faire comprendre par un étranger, ou un trisomique, voir encore un gibbon occupé à manger une banane.

« ça.. Moi appliquer la formule.. Mais.. moi tomber sur un faux résultat.. »

D'ordinaire, il aurait répondu du tac au tac en lui envoyant une vacherie, et en lui prouvant que se foutre de sa gueule comme ça n'était pas vraiment le truc à dire à un type qui avait la gentillesse d'aider. Bon ça partait d'un bon sentiment, mais de là à le prendre pour un autiste, quand même. Enfin bref, au moins le problème était identifier, et il s'agissait d'un soucis d'application numérique.
Ça arrivait souvent, d'où l'intérêt de faire plusieurs fois ses calculs, histoire de vérifier si on ne s'est pas planté lors de la saisie avec la calculette.
D'ailleurs, les non-matheux avaient tendance à trop se servir de cet engin, d'où la source d'une erreur, d'où une mauvaise vision de la matière, et de fil en aiguille, on arrivait au simple fait que ça pouvait dégoûter quelqu'un alors que cette dite personne pouvait bien avoir manqué de synchronisation au moment de taper sur cette dernière.
En général, ça arrivait à l'allemand, oui, sauf que lui c'était un brin plus rageant. Au lieu de donner un résultat différent de celui attendu, l'engin du diable matriciel affichait avec un air plus sadique et cynique qu'à l'ordinaire : Syntax error.

Syntax error … dafuck ! Le truc qui t'indique clairement que tu es un polio et que tu sais pas taper à la calculette. C'était dans ses moments là que Valen s'énervait, pestait contre la machine, jusqu'à manquer de devenir entièrement vert, d'avoir une tronche de grenouille ébavurée après s'être faite écrasée par un camion, qu'il soulevait l'engin comme s'il tentait de battre un record d’haltérophilie avant de l'envoyer dans un cri animalier au travers de la pièce … en ds de physique, alors que tous les regards des présents se tournaient vers lui et l'interrogeaient tacitement.
Ça lui était arrivé, pas de cette manière là, mais presque.
Là, il imaginait facilement son compère de maths faire de même, à ceci près que ce dernier préférait lyncher le sarcastique engin plutôt que de lui apprendre à voler, une manière comme une autre d'élever le châtiment corporel, Valen trouvait ça juste moins instructif du point de vue de la victime.

« tiens.. Pour toi »

Relevant la tête de la feuille, l'adolescent vit l'importun lui offrir une feuille avec les données. Évitant le contact physique, il prit cette dernière et l'examina. Facile, du moins pour lui. Saisissant un crayon bille dans la trousse de son voisin, il commença à transcrire les chiffres dans une police calligraphiée digne de ses ancêtres. Une écriture gothique et italique que l'on retrouvait encore dans les petits bleds allemands bien ancrés dans les traditions. Ça n'était pas dérangeant si on pouvait savoir de quoi il s'agissait.
Les chiffres prenaient forme rapidement alors que les traits de fraction tracés à l'arrache se succédaient au rythme des équivalences et égalités. Dans sa bulle, le scientifique ne vit pas le littéraire se battre avec l'engin du démon.
C'était des statistiques, de simples probabilités tout au plus. L'intuition, il l'avait à ce niveau là, on pouvait même dire qu'il était plus qu'à l'aise avec, l'habitude d'en faire avec les jeux de rôles, ou autres trucs de geek. Si bien qu'il n'avait pas besoin de la machine, il était capable de les faire de tête, surtout à ce niveau là.

Alors qu'il écrivait le résultat différent de celui que le jeune homme trouvait comme faux, il regarda l'énoncé et ce qu'on devait trouver. C'était le même, à une approximation près puisque l'adolescent l'avait laissé sous forme fractionnel et que l'on attendait un chiffre à virgule, suffisait maintenant de vérifier à la calculette que cinq sur huit faisait à peu près zéro six.

« euh.. Problème.. »

Relevant la tête vers lui, Valen fit glisser sa feuille sur la table, avant de lui dire :

« Laisse moi voir ... »

Et il attrapa précautionneusement l'objet scientifique qui refusait de répondre.
Laissant Tristan regarder ses calculs, le jeune homme essaya d'allumer la machine, pas moyen. Et pourtant elle marchait tout à l'heure. Appuyant sur l'écran, il vit les cristaux prendre la teinte noire sur le vert pâle du fond. Bon ça ne venait pas de l'affichage.
Retournant la calculatrice, il souleva la languette et enleva le cache pour les piles. Tiens, cela provenait peut être d'un faux-contact. Enlevant et remettant ces dernières, il referma le réceptacle à énergie avant de tester l'allumage.
Et voilà que s'affichait le menu. Rien de bien compliqué.
Alors il la lui posa devant, quand s'affichait l'écran pour que l'on entre les chiffres. Il laisserait à son compère le soin de faire lui même le calcul.

Regardant ce qu'avait fait Tristan sur sa feuille, il ne remarquait rien d'anormal pour le moment. Ne comprenant pas de suite, il finit par avoir une idée.
Faisant tourner le stylo bic dans sa main, il désigna du bout de ce dernier une des touches parenthèses de la machine.

« Tu as peut être oublié ça ... »

Ouais, il ne connaissait pas le mot anglais pour parenthèses, et alors ? Il arrivait à se faire comprendre. Sans que ça ressemble à du toi Tarzan moi Jane. Et c'était probable. La machine ne pouvait pas deviner, la multiplication ou la division était prioritaire sur la somme, et si on oubliait une de ces choses, elle comprenait différemment de l'utilisateur.
Valen laissa le temps à l'autre d'effectuer le calcul et l'interrogea en continuant de jouer avec le stylo qu'il avait emprunté.

« Alles ok ? »

Devant lui se dressait un feu de joie. Immenses, terrifiantes, des flammes dansaient au grès du vent.. Une chaleur se dégageait, réchauffait son corps. Dans les flammes, au pied du bûcher, des feuilles étaient en train de partir en fumé.. Ses yeux contemplaient ce spectacle, un petit rire se fit entendre.. Petit à petit, un sourire malicieux se dessina sur son visage. Ce spétacle le comblait d'une joie infinie, le soulageait. Et pouffe, le feu s'éteignait, il en restait plus que des cendres.. Que des cendres ? Oh quelle dommage de n'avoir pas garder une seule trace de cette matière.. Bwahaha, ca lui faisait du bien une telle pensée ! Oh mon dieu, ça le soulageait ! En réalité, le mutant sanglant s'imaginait la fin des mathématiques. La disparition des chiffres ! Bon sang, si ca avait été le cas, il en saurait devenu l'homme le plus heureux du monde ! Et les calculettes ? Au bûchet aussi !

Bon d'accord, il poussait le bouchon un peu trop loin. Son souhait se réalisera jamais.. Dans la vie courante, même si peu le savaient, les maths étaient très utiles ! Des exemples ? Hm allé, tout simple : Lorsque vous devez doubler les quantités d'une recette ou alors lorsque vous vous tuer à faire le décompte de l'essence. Sans compter bien sur, tous les petits calculs qu'il faut faire dans les courses, pour vos comptes etc.. Voila, nous venons de vous démontrer l'importance des chiffres. A son grand désarroi, il du reconnaître cette fatalité. Avachi sur sa machine, il stoppa ses rêvasseries, il se concentra à élucider cet endommagement. Bon, le coup d'enlever et de remettre la batterie ne marchait pas, il prit donc son stylo. Il s'aida de la pointe pour faire un reset de la calculette. Vous savez le petit bouton au dos, super chiant à atteindre ? Ce fut contre lui qu'il s'acharnait et.. BIIIIIIIP ! Oh miracle ! Pensant avoir réussit, il se hâta à la retourner devant lui. Ah bah non.. Manqué.. tous ses espoirs s'envolèrent en fumer lorsqu'il aperçu le triste résultat. Ses efforts ne donnaient rien, elle s'était immédiatement éteint. A court d'idée, il finit par la reposer à coté de sa trousse.

Durant sa petite manipulation, foireuse au passage, Valen s'était occupé de son exercice de maths. Contrairement à lui, il s'en sortait plutot bien.. Un ou deux chiffres en plus et voilà le travail achevé.. Déjà ? Et oui, il lui avait juste fallut trois minutes pour résoudre ce problème.. En repensant à tout ce temps d’acharnement, soit quatre bonnes heures en tout, il se sentit très très con sur ce coup. LA LOOSE ! Minable..

Sans dire un mot, le jeune homme reprit sa copie. Il la plaça en face de lui, lu l'oeuvre de l allemand. Hormis des nombres et des mots, il remarqua sa belle caligraphie. Lui aussi était un adepte de l'écriture ancienne.. Un peu étonnant pour un scientifique.. Tellement plongés dans leurs théorèmes, dans leurs formules sans fin, ils en oubliaient le reste. Pour faire simple, ils écrivaient souvent très très vite, en oubliant ainsi de forger leur propre style d'écriture.

Reconnaissant, il était à deux doigts de le remercier alors que valen se mit à réparer son engin à démon. Un court circuit au niveau des piles, le problème venait donc de là. Résolu, Tristan pu enfin taper son dernier calcul.. Syntax error.. Aah c'était quoi encore le soucis ? Ah euh oui, un oublie de parenthèse.. Ouf voilà, enfin il avait son résultat ! Enfin il avait finit son devoir ! Content comme tout, il s'empressa de le ranger dans son sac, de remettre tous ses stylos dans sa trousse.

« Merci... merci de m'aider ! »

Si régler un problème de maths avait été une dure épreuve, se lier d'amitié avec lui allait être une toute autre affaire.. Enfin, faire quelque chose pour le remercier.. Entre nous, un simple merci ne suffisait pas.. Pas assez pour lui.. Il prit le temps de bien réfléchir à ce qu'il pouvait lui offrir.. un scientifique.. Ah tiens, l'inverse de ce qu'il était.. Ah bah c'était tout trouvé, sur un plateau d'argent !!

« problème avec les... Romans ? Aider toi pour.. Histoire ? Philosophie ou.. Lettre.. »

Au passage, il devrait aussi se procurer un dictionnaire allemand / anglais ! Ca lui éviterait de lui parler dans la langue moi tarzan toi jane et ça lui ferait une langue en plus..

« c'est quoi ? »

lui demandait il en montrant son... Mp3 ? Mp4 ? Ces écouteurs ? Oula, ça faisait si longtemps qu'il en avait vu.

C'était fait. Le problème de maths était tombé, simplement, à ceci près que la calculette avait morflé, mais ce n'était pas un soucis vu qu'elle fonctionnait encore.
En fait il était plutôt sympa ce type, même très sympa. Il avait l'air un peu cinglé, c'était un violent dans l'âme, mais au moins, il avait le mérite d'avoir demandé de l'aide, d'avoir osé le contact avec quelqu'un qui n'y semblait pas pourvu au premier abord.
Valen s'était naturellement isolé depuis son arrivée, cette dernière l'avait mis particulièrement mal à l'aise, et même le simple fait de côtoyer des 'mutants', n'aidait pas à ce qu'il se sente bien. Il ne pensait toujours pas être l'un d'eux, il ne réalisait pas, et à vrai dire, pour l'instant, personne ici n'avait vu son don se manifester, et heureusement.
Le réalisme le jetait l’abîme sordide de sa condition d'étranger à l'humain, il était autre chose, il le savait, mais il était loin de l'assumer, de l'accepter.
On trouvait ce genre de trucs classes, quand on regardait un film, ouais, là on pouvait dire que c'était cool, que ça ne présentait que des bons cotés, mais le vivre était une autre histoire.
De la simple synopsis, on passait au vécu, au vrai, si cruel soit il, ça n'avait rien d'un roman ou d'un film, c'était la condition du mutant.
Et bien qu'il l'eusse été, il ne se sentait pas comme appartenant à leur communauté.

Ce mec violent semblait ne rien en avoir à foutre du pouvoir que Valen pouvait bien posséder. Il le considérait comme un type normal, il ne voyait pas le mutant, juste … l'humain, le gamin de seize ans qui triturait des chiffres avec une certaine aisance, il voyait l'adolescent que l'autre était il y a de ça quelques mois.
Foutre divin, que ça faisait du bien de se sentir humain, et considéré comme accepté par quelqu'un plus ou moins dans le même cas. Ce n'était pas de la folie, non, il n'était plus vraiment seul. Ce type semblait reconnaissant, vraiment content, comme en témoignait son expression de soulagement quand il fourrait son dm dans son sac en rangeant ses stylos.
D'ailleurs, il fallut reposer le bic sur la table, manière étrange plutôt que de lui donner en main propre, mais l'autre ne s'en inquiéta pas, ne s'en offusqua pas. Peut être s'en foutait il. Si c'était le cas, il marquait des points, et l'autre commençait à le considérer un peu plus que comme un type qui avait eu le courage de lui demander de l'aide sans se soucier de sa nature.

En fait, depuis son arrivée, outre les profs, le jeune allemand ne considérait pas grand monde. Kitty bien sûr, elle qui lui avait appris à connaître l'institut, et ce jeune homme inconnu à la violence mathématique et à la normalité appréciable.
Kitty. Elle lui avait fait forte impression, probablement la jeune fille la plus gentille ici, peut être pas la plus belle, ni la plus sexy, mais elle avait au moins eu le mérite de s'occuper d'un type dans le besoin. Le jeune Valen ne connaissait pas encore tout le monde ici, mais déjà il avait repéré au détour d'un couloir cette jeune fille à la peau pâle et aux mains gantées. Son nom lui était jusqu'à lors inconnu, mais elle avait un certain charme, et sa tenue n'était pas sans la rendre attirante. D'autant plus que ces mèches blanches lui donnait un coté gothique vraiment sexy. Oui, c'était probablement la beauté la plus pure ici, la plus belle demoiselle de la demeure, la plus sexy. Jeune demoiselle inconnue … toi qu'il avait croisé au détour d'un couloir avant que tu ne disparaisses … n'y avait il qu'une existence fugace de ta présence ici ?
Qui savait.
Il n'y avait pas forcément besoin de plus pour plaire.

« Merci... merci de m'aider ! »

Hochant la tête, se fut la seule réponse que lui proposa Valen, tout juste un sourire en coin gêné ou forcé pour agrémenter le tout. Il avait du mal à se laisser aller, surtout depuis qu'il savait de quoi pouvait être capable son pouvoir, il était toujours méfiant, distant, comme s'il ne voulait pas transmettre la mort à tout ceux qui l'entouraient, fussent ils de simples inconnus.
Et maintenant que ce dm était terminé, il allait retourner à son habituelle solitude. Se poser dans sa chambre, mettre son mp3 en lecture aléatoire, les écouteurs sur les oreilles, jusqu'à ce qu'il soit l'heure de manger, il descendrait et mangerait sans dire un mot. Puis il remonterait dans sa chambre, il allumerait le pc, irait sur internet, sur facebook, enverrait un message à sa chérie qui ne lui répondrait que le lendemain matin pour lui, et après quoi ?
Il retournerait à la musique, et viendrait l'heure de la douche, puis un petit gueuleton, et au plumard.
La journée d'après, il prévoyait déjà de demander à Kitty, si elle avait le temps, où il pouvait trouver un adaptateur pour les prises électriques.
Ici il allait vivre seul, sans soutien, il le savait, on se foutait de lui, on l'ignorait. Pas de tendresse, pas d'amour, rien, juste du désintérêt, et des moqueries, car il y en aurait, il le savait.

« problème avec les... Romans ? Aider toi pour.. Histoire ? Philosophie ou.. Lettre.. »

Tiens, les américains avaient un sens de l'honneur maintenant ? C'était bizarre d'entendre quelqu'un lui être reconnaissant, vraiment bizarre. De plus il se proposait d'être utile dans les matières littéraires, à ce qu'avait cru comprendre Valen sans avoir compris les termes spécifiques qui étaient associés à certains domaines.
Pourquoi pas, c'était généreux de sa part, d'autant plus que les scientifiques avaient toujours eu plus de soucis avec les matières littéraires. L'adolescent faisait partie de ceux là, il avait souvent du mal avec les commentaires de texte ou les conneries de ce genre. Déjà galérait il en allemand, alors en anglais … oui, il n'y avait pas pensé mais ça allait être compliqué.

Ajoutant un ok en haussant les épaules.
Un prêté pour un rendu, c'était honorable, ça allait lui tirer une épine du pied quand viendrait les premiers moments de devoir d'anglais. Oh damned, la littérature américaine ça ressemblait à quoi ? À rien probablement, mais pour eux peut être que si. Pour l'allemand, ça se limitait à quelques romans de science fiction lu ci et là, à rien de bien connu. Vrai qu'on devait Harry Potter à une anglaise, idem pour le Seigneur des Anneaux et la saga qui allait avec. Le théâtre devait être français, la poésie était allemande, comme les comptes. Que restait il aux américains si ce n'était la BD, plutôt belge d'ailleurs, ou les comics, et encore.
Oui, il y aurait vite quelques problèmes.

« c'est quoi ? »

Hum ?
Ah ça. Il désignait le mp3 posé sur la table avec les écouteurs.
C'était curieux qu'il ne connaisse pas, le jeune homme avait vu d'autres élèves qui en avaient, et tous n'étaient pas allemands. Étrange bonhomme que ce type.
Détendu, il ne fit pas gaffe à la réponse qu'il formula, naturellement en allemand sans penser que son interlocuteur n'en comprendrait rien.

« Es ist ein mp3 …»

Il fit glisser ce dernier sur la table, et laissa Tristan mettre les écouteurs.
Faisant gaffe de ne pas toucher ce dernier, il alluma le zinzin, et la musique se lança toute seule, délivrant ainsi à celui qui écoutait le doux son de l'introduction de 'Ich Will', chanson bien connue de Rammstein que l'adolescent appréciait particulièrement.

« Es ist 'Ich Will' von Rammstein kennst du ? Sie kommen aus Deutschland auch. »

Et re bourde, toujours ce foutu réflexe de parler en allemand quand il avait quelque chose à dire. Précipitation sans doute, il était plutôt content de pouvoir enfin parler à quelqu'un, qu'il en oubliait presque que ce dernier ne comprenait foutrement rien à ce que lui disait son compère.
Alors il fallut reprendre, mais là il parla plus lentement, comme s'il cherchait ses mots bien que ce n'était pas vraiment le cas.

« C'est 'Ich Will' de Rammstein, ça veut dire 'je veux' … tu connais peut être le groupe Rammstein ? Ils sont allemands. »

Mais actuellement, la chanson que le jeune adolescent écoutait le plus, surtout le soir en s'endormant après avoir regardé une photo d'Elia, c'était 'Mutter'. Cette chanson correspondait parfaitement à ce qu'il vivait. Il était concerné par cette dernière, et la musique lui permettait d'oublier son quotidien.
Sa vie se limiterait à cette chanson, à ce qui avait été décrit par ce groupe, il serait à jamais un paria sans mère, sans famille, sans attaches.
Un de ces monstres que l'on parque, que l'on met en cage pour mieux contrôler.

Laissant Tristan apprécier ou non la musique, il pensa enfin à se présenter, l'air un brin gêné de ne le faire que maintenant.

« Au fait, je m'appelle Valen … je suis nouveau à ...hum l'institut.»

Mieux valait que cela soit préciser, sait on jamais.
Évidemment, il évita la poignée de main, préférant planquer ses patounes dans ses poches pour éviter que l'autre n'espère un geste qu'il aurait pu regretter.
Peut être était ce là le premier ami qu'il se ferait ici … peut être une lumière dans ces ténèbres de solitude qui l'entouraient.
Peut être … peut être. Sa vie n'était plus qu'un 'peut être' de toute manière.

Plancher des heures et des heures sans relâche sur un devoir de maths, ça en demandait du courage ! Une torture, un supplice pour le littéraire ! Le temps lui semblait interminable, il avait du mal à en voir le bout. En cours, l'ennuie le gagnait très vite.. Il pestait contre le temps, il avait hate d'entendre la sonnerie. Il n'était pas rare de le voir endormi sur sa table ou en train de dessiner sur son cahier. Entre parenthèse, des pages entières en étaient ornées. En fin de journée, un vendredi, il s'était occupé à dessiner sur toute une page ! Juste à droite de sa lecon, on y voyait un énorme dragon en colère. Furieux, il était sur une montagne et il crachait du feu sur un village. Une illustration tout droit sortit d'un roman de Tolkien.Suite au conseil de sa gentille camarade, il s’était empresser d'aller emprunter ces romans a la bibliothèque. La créature de feu apparaît dans le tout premier tome: bilbbo le hobbit. Une histoire assez distrayante, originale et riche aux yeux du jeune homme. Il avait lu les romans en moins d'une semaine, souvent la nuit ou le sommeil ne venait pas.

Cette petite pensée le soulageait, lui fit un bien fou. A présent, l'épisode des maths était très loin dernière lui. A ses yeux, il faisait partit du passé, il ne voyait plus aucune raison d'y repenser. Le devoir était finit, il pouvait enfin passer à autre chose. Se poser devant son roman, continuer à le dévorer. Ou alors d'essayer de sympathiser avec ce jeune étudient ? Pour une fois, il pourrait faire cet effort.Asocial ? La crainte de se faire trahir une nouvelle fois ? Se refermer dans son silence habituel ? Repartir dans sa chambre et reprendre le dessin ? Ce n'était pas la meilleure chose à faire et il le savait que trop bien. Tristan n'allait pas passer sa vie dans ses angoisses éternelles ! Il s'en sortira jamais de cette façon la. Non, il fallait surmonter tout cela, passer outre. Cette occasion en or –Grâce à la question sur le baladeur, la discussion avait été relancé- était une grande chance pour lui. Il fallait la saisir, il devait le faire. Surtout quant Valen l'invita à écouter sa musique..

L'enfant des ténèbres prit donc les écouteurs devant lui. Il les regarda, les détailla et remarqua une particularité : Les oreillettes n'avaient pas la même forme. L'une était plus grosse que l'autre et de couleur rouge. Sur l'autre, il y voyait aussi la lettre R.. R ?? Right ? Droite ? L comme left ? Ca y était ! Il venait de comprendre l'astuce ! Il y avait un sens particulier pour les mettre ! Après avoir replacé quelques mèches de cheveux derrières ses oreilles, il mit les écouteurs à l'intérieur du lobe. Clic, L'allemand appuya sur un bouton et la musique démarra.

Tiens.. Un rythme assez brutal, une voix rugueuse et en allemand ? Rammstein ! Le célèbre groupe de métal connue de la majorité de jeunes. Il lui semblait même de l'avoir déjà entendu. Sans doute quant il faisait ses recherches sur son ordinateur. Parfois, ca lui arrivait de mettre de la musique, de renouveler sa playliste. Mais pour le peu de fois qu'il allumait son windows média, ce groupe lui était sortit de son esprit. Valen essaya de l'initier à sa langue natale, débuta à lui traduire une simple phrase. Tristan l'écouta attentivement, mémorisa les mouvements de sa bouche. Quoique ca se révélera très vite inefficace quant il tenta de répéter ses mots. Il me souvenait ni de la gestuelle, ni des mots et encore moins de l'accentuation. C'était le bordel dans sa tête, il finit par abandonner..

« je connais.. Un peu.. Parfois, je l'écoute aussi.. mais je préfère nightwish et.. épica ? »

Le répertoire du mutant sanglant était très maigre, il se résumait qu'à deux groupes.. Les seuls qu'il écoutait régulièrement avant sa petite mise à jour. La semaine dernière, il avait téléchargé sur son pc un bon paquets de chansons.. Un peau trop d'ailleurs, il ne s'y retrouvait plus ! En tout cas, Rammstein lui plaisait, il écouta jusqu'à la fin du morceau. A petite dose, les choses étaient plus appréciables. L'enfant des ténèbres appliqua très souvent ce vieux dicton.

« Tristan.. je suis ici depuis deux semaines.. je crois.. »

Déjà deux semaines ? Son arrivé -dont l'acceuil l'avait totalement chamboulée- remontait donc à 15 malheureux petits jours ? Le temps passait vite mine de rien.. Ah, en parlant de ça, la grande pendule indiquer les six heures du soir..

« Pfiou.. une journée dans les maths.. »

A son plus grand désarroi d'ailleurs, lui qui aurait bien voulu faire autre chose de son temps.. Oh, comme aller se balader dans le parc ou s'entraîner un peu avec ses pouvoirs.

« Je.. désolé pour tout à l'heure..j'ai cru que tu ne parlais pas du tout l'anglais.. »

Excusait il en se rappelant de son erreur. Car au final, le plus maladroit des deux, c'était bien tristan !

La solitude, la mutation, tout ça, ça vous changeait un homme. Transformait la peur en haine, la colère en hystérie, la prudence en paranoïa, oui, ça vous changeait du tout au tout, car rongeant les dernières parcelles de votre passé en vous, que l'on assommait à horrible coup de 'normalité'.
La différence n'avait toujours été qu'un prétexte à l’exutoire de la haine, il s'agissait en outre de trouver un souffre-douleur, un bouc émissaire, et de se défouler joyeusement dessus. Mais cela était déjà inscrit dans le comportement naturel de l'humain, qu'à cela ne tienne, il n'y avait qu'à regarder les cours de récréation de maternelle.
De deux choses l'une, les enfants étaient des êtres sadiques, n'avait on jamais pris conscience de cela ? L'humain était sadique, car durant la période de son innocence, il pouvait torturer à coup de bout de bois un scarabée juste pour 'voir ce que ça faisait', tout comme persécuter ses semblables en les excluant d'un groupe à la récréation.
Qu'à cela ne tienne, un enfant n'était en aucun cas réfléchi, pas à cet âge là. Alors comment expliquer la chose ? Simple, la nature de l'humain. L'humain était sadique, l'humain était méchant de nature, une créature pourrie et viciée, mais c'était toujours le plus vicieux qui gouvernait nan ?
Pas étonnant qu'on le retrouve au sommet de la chaîne alimentaire, à se chasser lui même. Ne disait on pas que l'homme était un loup pour l'homme.

Valen le savait. Pas parcequ'il avait eu le privilège de lire Nietzsche, pas parce qu'il avait observé des enfants, pas parce qu'il était capable de réfléchir et d'interpréter, non, simplement parce que maintenant qu'il était passé de l'autre coté de la barrière, il le ressentait.
Parmi tous les groupes, il y en aurait toujours un mis de coté, c'était comme ça, le cinquième, le quatrième, qu'importe. Il serait toujours mis de coté et négligé.
Les choses étaient ainsi faites, comme l'humain, il n'y avait rien à changer, c'était déjà trop tard, il était ancré en ce système, et n'était plus capable d'évoluer, voilà tout. Mais c'était là une généralité, et sous des allures de prédateurs, il n'y avait pas toujours un chasseur, non, il ne fallait pas non plus laisser à la dérive ces expiations de mauvais goût, il y avait des exceptions. Et c'était précisément là que le personnage de Tristan pouvait intervenir.
D'apparence froid, sordide, limite austère, se cachait une personne qui avait du en souffrir, pas besoin d'être profiler pour le voir, mais il avait tendu la main à quelqu'un qui s'affichait plus ou moins dans le même registre, il avait lui aussi la volonté d'être aidé, de sortir de ce tourbillon, le pourquoi il avait sans doute lui aussi rejoint l'institut.
Mais ça, aller l'expliquer au commun … il ne comprendrait jamais. Et si on foutait la paix à Tristan, c'était juste parce qu'il filait la pétoche à ceux qui le regardaient, parce qu'il était grand et baraqué, mais mettez le petit et gros, là … là on retrouvait le cas de figure précédent.
Ce n'était qu'une question d'apparence.

Le jeune adolescent souffrait énormément de ça. Encore, si sa mutation ne pouvait pas altérer son apparence, il n'aurait probablement pas rejoint l'école, mais il avait peur qu'on le voit ainsi, qu'on le voit mutant, et c'était plus qu'une peur. Une phobie. Provoquant crise de panique, moment de stress intense, et perte de contrôle, pour ne pas endiguer le phénomène. Le cercle vicieux, le serpent qui se mord la queue. La boucle est bouclée.
Dans une spirale inarrêtable, d'encore et de toujours.
Ce n'était qu'un rêve d'en sortir. Mais on pouvait s'en échapper momentanément, c'était là l'effet de la musique pour l'allemand, fini la mutation, fini l'institut, plus rien n'existait à par lui et le rythme de la batterie, la vague de la basse et les cris stridents d'une distorsion de guitare électrique sèchement accordée. Simple, mais foutrement efficace.

« je connais.. Un peu.. Parfois, je l'écoute aussi.. mais je préfère nightwish et.. épica ? »

Qui ne connaissait pas ? Quand on voyait qu'on pouvait écouter cela aux confins des terres gelées de Russie, il était impossible qu'un amerlock n'eut pas connu ce groupe. Qui commençait à dater d'ailleurs.
Valen ne commenta pas sa vision de Nightwish, non. Il aurait été déplacé d'évoquer le fait que pour lui ce genre de musique était purement commercial, et que c'était de la drogue à pucelles ou à ado prébubères qui n'avaient pas encore l'âge de passer à quelque chose de plus recherché et accessoirement viril. D'ailleurs le dire en ces termes aurait probablement pu porter atteinte à l'ego de son interlocuteur, le pourquoi il ne releva pas. De toute manière, l'autre avec son look de baroudeur à la Rambo, faisait bien plus viril et masculin qu'un ado typé badboy mais qui avait la simple pétoche de toucher quelqu'un. Fatalement, les goûts et les couleurs, ça ne se discutait pas.
D'ailleurs ce dernier se présenta, somme toute très rapidement, on voyait qu'il n'aimait pas trop parler de lui en cet instant comme en témoignait son dernier bout de phrase.

« Tristan.. je suis ici depuis deux semaines.. je crois.. »

Détourner l'attention sur la durée, voilà le meilleur moyen qu'il avait eu de ne pas s'éterniser sur qui il était. Ça tombait bien, son interlocuteur s'en foutait royalement. Il n'était pas là pour juger la qualité de la réponse, ou du résultat. Grand bien lui en fasse, le passé de l'autre lui importait peu tant qu'il était correct avec lui, voir sympa, si possible.
Pour ça que Valen avait des connaissances que l'on disait autrefois 'peu fréquentables'. Il n'était pas rare du temps où il allait encore au lycée, de le voir trainer avec des skined. Vous savez, ces néo-nazis au crâne rasé, le stéréotype du militariste en treillis et rangers. L'icône d'une violence de l'idéologie nazie. Oh Valen n'était pas à proprement parlé l'un d'eux, mais il fréquentait ces milieux là, pour la simple et bonne raison qu'il avait grandi avec ces garçons, et même s'ils ne prenaient pas en apparence le chemin idéologique, ils n'en demeuraient pas moins amis, il voyait des amis avant de voir des types prêts à planter au cran-d'arrêt le premier youpin ou nègre croisé.
Mais ça, personne ne voulait le comprendre.
C'était bien simple, on faisait trop souvent l'amalgame. Et bien qu'il traînait autrefois avec les durs, les brutes de l'établissement, il n'en était pas pour autant l'un d'eux. Le commun était simplement trop con pour le comprendre, inutile de chercher plus loin.
Il fallait ajouter la connerie au sadisme pour ficher l'humain de manière global. Comme l'avait dit Einstein, bon allemand de son état, il y a deux choses qui sont infinies : l'univers et la connerie humaine, encore que je ne sois pas totalement sûr pour l'univers.

« Pfiou.. une journée dans les maths.. »

Tiens, ça se voyait qu'il n'avait pas fait des études scientifiques. Une journée dans les maths, rien de rare pour un scientifique. Tristan ne devait pas avoir bouffé de journée de neuf heures pour gober et ingurgiter des intégrales de Gauss. Pire encore, se faire lobotomiser à coup de plan de Laplace, ou tout simplement triturer une équation de Schrödinger pour simplement se rendre compte qu'il manquait simplement une donnée dans l'énoncé.
Se limiter à des stats, ou Thalès et Pythagore, c'était pas ça les maths, et une journée de statistiques ou de problèmes de ce niveau, Val' aurait signé directement sans chercher plus loin, c'était bien moins chiant qu'analyser Faust de Goethe. Tout ça pour débiter quatre conneries sur un bout de papelard qui de toute façon n'intéressait ni le prof, ni l'élève, ce dernier l'ayant fait par obligation, et l'autre par simple chiantise, et qu'il ne manquerait pas de sanctionner une vision différente de la sienne par une note déplorable alors que le point de vue était recevable et argumenté dans un autre sens que celui du commun. Faire le petit toutou docile et baisser son froc, c'était pas du tout le genre de Valen Stiglitz, pas du tout. L'hypocrisie très peu pour lui, il préférait de loin le silence ou le débat, et si jamais la parole ne suffisait plus, il avait toujours une connaissance à même de massacrer les éventuelles castagnettes de l'autre en face à coup de genou. Qu'on se le dise, la compression des gonades masculines résolvait bien des problèmes. Des demoiselles de tous les domaines pourraient en témoigner ...

« Je.. désolé pour tout à l'heure..j'ai cru que tu ne parlais pas du tout l'anglais.. »

L'autre eut un sourire et hocha la tête en ajoutant d'un air naturel et amusé :

« Egal ... »

D'ailleurs, les anglais n'avaient pas encore eu la bonne idée de faire une traduction de ce petit mot qui en disait bien plus qu'un poème à la grandeur du je-m’en-foutisme absolu.
On pourrait le traduire aussi bien par un 'rien à foutre' qu'un 'c'est pas grave', tout comme 'tu fais comme tu veux'. Un mot passe-partout très utilisé et que tout germanophone devait un tant soit peu maîtrisé sous peine d'excommunication germanique, voir de gazage intégral à la manière de ce que certains appelaient, non sans une pointe de cynisme déplacé mais drôle, un détail de l'histoire.
Au moins ça prouvait que son interlocuteur en avait quelque chose à foutre de lui, et de ce que sa condition impliquait.
Après, il ne pouvait pas deviné que le type en face de lui parlait anglais, peut être pas couramment mais pouvait s'en sortir avec un peu de temps pour comprendre et penser, traduire, ses réponses. Le tout était variable, mais Tristan semblait le comprendre, chose que certains oubliaient, parler rapidement sans prendre gaffe, c'était évidemment ne pas vouloir le contact, il semblait s'impliquer, au moins c'était un point positif, bien qu'une preuve de maladresse.

« Hum … ce n'est pas très grave. Tant que tu ne parles pas très vite je peux te comprendre. »

Avec ses formulations scolaires, académiques, qui devaient lui donner un faux-air bourgeois. C'était beau de voir ce que la scolarité et l'éducation contribuaient à créer comme relationnel. D'un coté on avait un mec cool qui parlait sans trop de complexes et qui devait se sentir couillon, et de l'autre un je-m'en-foutiste qui parlait avec des formulations tirées par les cheveux, à la limite de la structure typiquement germanique. Valen parlait un anglais plus écrit, il évitait, par mégarde sans doute, les contractions, faisait de belles phrases bien construites, s'en était risible vu son horrible accent qui laissait transparaître avec évidence ses origines. À entendre sa langue massacrée ainsi, Shakespeare pouvait se retourner dans sa tombe.
Voilà, bon, maintenant ils étaient à court de sujet de conversation. Que faire ? Idée numéro un remettre ses écouteurs. Idée deux, trouver un autre sujet. Idée trois, aller au frigo prendre une bière. Et idée quatre, l'idée quatre …
C'était l'occasion d'avoir un 'contact' humain, chose que le jeune adolescent avait tendance à éviter. Mieux valait bien s'entendre avec quelqu'un ici, plutôt que de se limiter à 'salut ça va ? Ouais et toi ?' dès qu'ils se croiseraient. Qu'on se le dise, Valen avait tout de même besoin d'alliés ici, tout comme Tristan. Cependant, ce dernier avait déjà eu deux semaines pour s'en faire.
Oui, il fallait tenter sa chance, saisir l'opportunité d'en savoir un peu plus sur cet endroit de dingues.

« Hum dis moi … Tristan … comment s'est passée ton intégration ici ? Ils t'ont appris maîtriser ton … hum tes mhmm ... »

Difficile de le dire autant que de l'accepter.
Enfin, il baissa les yeux et cracha presque le mot en se faisant violence.

« Tes … pouvoirs ... »

Il était là pour ça, et personne ne s'était penché sur la question, c'était difficile, délicat, et bien qu'il avait du mal à en parler, il sentait le besoin de le faire. Il devrait l'accepter, le mieux était d'en parler avec quelqu'un de plus ou moins sympathique. Ce type là semblait d'une trempe similaire, il était nouveau sans l'être, avait réussi visiblement à s'accommoder de tout ça, et à plutôt bien le vivre, si on oubliait l'épisode du massacre de calculette.
Un avant goût d'un futur potentiel.

Le genre métal conviendrait à l'enfant des ténèbres. Ce style musical se rapprochait de son tempérament sauvage voir agressif. Il y avait des jours, où il se levait du pied gauche. Il était de mauvaise humeur, s'énervait contre tout. A rien l'agacer, il s'emportait très vite. Un regard louche ? Une réflexion déplaisante ? De la provocation dans l'air ? Un bon moyen de vous recevoir une claque dans la poire. Ah bah si on le cherche trop, il ne faut pas s'étonner de ce genre de retour.A son arrivé à l'institut, le jeune homme avait cru pouvoir diminuer ses ardeurs. Néanmoins, les jours passaient, des semaines s'écoulaient sans y voir un réel progrès. Il arriva quand même à se contrôler, à contenir toute cette colère. Ainsi, il évitait une mini guerre mondiale, un gros bordel dans l'école des mutants.En vu des circonstances, ça ne saurait pas du tout le bon moment. Tous avaient déjà beaucoup de problèmes à régler. Entre la confrérie, les anti mutants, la disparition du professeur xavier, ca pesait sur les consciences ! Pas la peine d'en rajouter d'avantage quoi !

Ses crises de folies ou d'angoisses, il ne les connaissait que trop bien. En remède, il avait recours à différentes méthodes : Lire, dormir, dessiner et... S'entraîner avec ses pouvoirs lorsqu'il pouvait avoir accès à la salle.. Pour le peu de fois où il y allait, il en ressortait très détendu. Malgré ces passes temps, d'autres ne sauraient pas à négliger.. Par exemple, écouter de la musique et en particulier le genre métal.. A travers cela, il y verrait sa haine, sa colère et sa brutalité. Ca saurait un moyen très efficace pour relâcher sa pression et ça lui ferait un énorme bien. Le petit bémol dans l'histoire était que le bruit lui était insupportable à la longue. La preuve, le mutant sanglant écoutait toujours la musique environ trente minute.. Au delà de ce temps, il sentait des affreux maux de tête !Dans son esprit, une mélodie se baladait, sifflait et l'énervait.. Et zut, la chanson de Rammstein lui était resté dans le crane.. Flûte, il allait l'avoir pendant toute la soirée. çà l'irritait d'avoir une musique dans la tête !! Le genre de chose parfait pour plomber son moral.. Une raison de plus de délaisser ce loisir..

« Iche ville dass ihre mirt vetraut
Iche wille dass ihr mir glaubt
Iche wille heure Bike spruen »

Le meilleur moyen de se débarrasser d'une musique, était de la chanter à voix haute ! D'accord, il avait fait une véritable boucherie de la langue -Si valen faisait partit des patriotes il risquait de mal le prendre-, pourtant il avait réussit à s'en débarrasser ! Ouf, sauvé ! Sauvé par le ridicule !? Cherchez pas, il fallait s'appeler Tristan Gabriel Troy pour s'humilier à ce point.. Au moins, valen savait quelques uns de ses points faibles. A savoir, l'allemand, les maths et le chant ! Le prince noir n'était pas près de faire une carrière dans le monde du spétacle et encore moins dans le domaine des sciences.

Rassurez vous, ils avaient au moins un point en commun : Ils étaient tous les deux associables ou comment savoir jouer aux statues ! Vous voyez ces grands bonhommes en pierre face à face à l'entrée d'un grand domaine ? Et bah, ce fut quasiment la même chose de Tristan et de valen.. Deux gros ronds de flans à court de sujet, incapables de faire une vrai discussion. Le mutant sanglant le regardait, essaya de trouve un bon sujet et.. Loupé, toujours rien d'intéressant à se mettre sous la dent.

Pendant un moment, il avait eut l'idée de partir dans les romans. Une section ou il était plutôt à l'aise, où il adorait partager son savoir. En se souvenant de l'esprit de son camarade, cette idée tomba très vite à l'eau. Il était un scientifique, un amoureux des chiffres et des calcules et dont ces pires ennemis étaient... les romans et des.. les arts littéraires ? S'il était aussi en froid avec les livres que tristan avec les maths.. Autant faire une croix sur ce sujet la. Au final, il fut dépité, commença à tripoter son stylo.. Il le faisait glisser entre ses doigts, le retourner dans tous les sens.. Un signe d'une inconfortabilité, d'une sorte de gêne en lui.

« Hm ? »

Valen tenta de relancer la conversation sur.. sur son intégration à l'instittut xavier ! Bâteau comme thématique bien qu'on ne pouvait lui en vouloir.. l'allemand au moins, il avait fait l'effort de repartir sur autre chose. A l'inverse de Tristan, qui avait regardé le temps passer sur la grande pendule..

« Assez … Surprenant.. je m'attendais pas à un accueil dans ce genre la.. Logan est particulier. »

Logan, wolverine.. Le professeur célèbre pour sa mauvaise humeur chronique, pour sa bestialité et surtout pour sa mauvaise manie d'être sadique dans ses punitions.. Sans entrer dans les détails, le jeune homme aux cheveux d'or accepta de parler de ses pouvoirs..

« Hm... disons que je m'en sors pas trop mal.. j arrive à faire quelque chose de bien avec mon don.. j'admets qu'il est très pratique »

Un petit rire s'échappa de sa bouche, il repensa au joli coup qu'il avait fait.. Oh trois fois rien.. Non, Non, il avait juste utiliser son sang pour s'échapper de cet asile de fous. Ce soir la, il avait bien berné le personnel et il en était ravis.

« … et toi ??... c'est assez fou quand même. Un jour, on aime nos pouvoirs alors qu'on peut les haïr le lendemain.. »

Il lui semblait étrange qu'un type comme Tristan réussisse à s'intégrer. Après tout, avec sa tronche de sauvage, difficile de vraiment le penser sociable, voir adaptable. En fait, Valen avait l'impression que ce mec avait été enfermé dans une grotte avec une peau de bête, qu'il avait été congelé, voir cryogénisé, puis décongelé pour le sortir à cette époque. Ok, à ceci près qu'il connaissait Rammstein et écorchait de l'allemand aussi bien que Jack l'éventreur c'était occupé des catins de Londres en son temps.
Ses manières, sa façon d'agir, c'était à la fois simple et … étrange. Vrai mais superficiel, une sorte de vraie fleur qu'on aurait froissé pour qu'elle ait l'air d'une vraie-fausse fleur, ou fausse-vraie fleur, l'un ou l'autre, qu'importe, la comparaison ne se doit pas toujours d'être équivoque.

Tout simplement, le jeune allemand avait vécu dans un système différent.
Il avait réussi à s'imposer, dans le sien, il avait une place plutôt agréable, qui lui convenait, il avait tout pour être heureux. Une petite amie on ne peut plus classe, des potes qui pouvaient le protéger, des relations dans à peu près tous les milieux, des études qui lui plaisaient.
Et voilà que maintenant il était obligé de repartir depuis le bas. Toute sa vie foutue en l'air par une simple mutation, un putain de génome codé, une connerie d'enzyme à la con. Toute une vie balayée en quelques mois … toute une vie.

Voilà pourquoi il se sentait si mal ici. Il avait tout perdu, plus rien ne lui restait, à part une copine qui, il ne se leurrait pas, aurait tôt fait de trouver quelqu'un d'autre à cause de son absence. Du moins, quand elle le poserait, car elle le poserait, c'était obligé. Il ne lui resterait plus rien, plus de notion de bien ou de mal, notion qui déjà avait été sacrément amochée par son éducation anti manichéisme. Mais là non, il ne s'en remettrait pas.
C'était fini les soirées en amoureux, à regarder des films comme Sin-City, à mater les Lecter, ses films préférés, surtout les origines du mal, il avait adoré l'idée des prémices du monstre génialissime qu'était ce personnage. Plus de séries à l'eau-de-rose qu'il supportait pour elle. Non, tout ça se finirait là où autre chose devait commencer. Troquer une vie d'humain contre celle d'un mutant.
Et l'adage disait bien vrai : on sait ce qu'on perd, mais on sait pas ce qu'on retrouve.
Comme s'il avait eu le choix.

Non, il fallait oublier. Tout peut s'oublier …
Alors penser à l'avenir n'était plus un choix mais une obligation, il devait réussir sa vie ici, et ça passait fatalement par une bonne intégration. Si Tristan avait réussi, alors lui devait réussir aussi. Pour cela, il fallait prendre de la graine de ce qui avait été fait.

« Assez … Surprenant.. je m'attendais pas à un accueil dans ce genre la.. Logan est particulier. »

Logan, le prof griffu. Enfin, c'était qu'on disait de lui. Valen l'avait croisé dans les couloirs une fois ou deux, mais sans jamais lui avoir parlé, trop occupé dans sa musique, ou à baisser les yeux. Disait on qu'il était sadique à souhait, que c'était lui tortionnaire de l'endroit, un peu comme le bourreau.
Mais l'allemand préférait se faire un avis par lui même plutôt que de faire confiance aux racontars.
Puis on parla du sujet qui fâche.

« Hm... disons que je m'en sors pas trop mal.. j arrive à faire quelque chose de bien avec mon don.. j'admets qu'il est très pratique »

Il le considérait comme un don. Et en plus pratique. Il en avait de la chance ce gars là, lui ne vivait pas dans la peur de buter le premier venu d'un simple contact, oui, il n'imaginait pas la chance qu'il avait, tout simplement.

« … et toi ??... c'est assez fou quand même. Un jour, on aime nos pouvoirs alors qu'on peut les haïr le lendemain.. »

Valen leva les yeux au ciel, fin au plafond. Lui c'était compliqué, et il avait du mal à en parler, mais Tristan semblait à l'écoute, bien que sa remarque suivante semblait indiquer le contraire.
Lui vivait peut être comme ça, mais pas son interlocuteur. Non, Valen haïssait ses pouvoirs, il haïssait les mutants, il haïssait toutes les bizarreries qui peuplaient ce monde, il allait même jusqu'à se haïr lui.
En fait, il ne comprenait rien le père Tristan, non, vraiment rien.
Mais au lieu de se prendre la tête avec lui, Valen détourna le regard, flanqua son mp3 dans sa poche avec ses écouteurs et parla calmement, même si on devinait qu'il y a avait un problème de par le fait qu'il faisait moins d'efforts pour cacher son accent allemand.

« Mhm … moi c'est compliqué. »

Il soupira avant de reprendre.

« Je suis venu pour apprendre à contrôler ce … ce truc ... »

Ses yeux verts vinrent se poser sur Tristan.

« J'ai pas le choix d'être ici en fait ... »

Oui, l'endroit prenait des allures de bagne pour lui, pour la simple et bonne raison qu'il avait l'impression qu'on ne voulait pas de lui ici. C'était ce qu'il avait cru comprendre en fait.
Croisant les bras, il se remit à se balancer.

« Mais depuis que je suis là hum … on y a pas vraiment fait attention en fait. »

Un laissé pour compte.
Oh les choses allaient changer, elles le devaient.

Les pouvoirs de tristan et lui étaient tout comme le temps et la terre. Un jour, ils étaient ronchons, un autre ils étaient les meilleurs amis du monde. En fait, ca dépendait juste des situations, de leurs humeurs respectives. Cette semaine, le jeune homme n'avait pas trop eut à s'en plaindre. Il en était même assez fier d'avoir progressé. Il avait contrôler son don avec une certaine aisance. Il avait été au délà de ses capacités. Par exemple, il avait fait deux sabres japonnais au lieu d'un. Quant à sa liane, il était parvenu à la solidifier plus longtemps qu'avant.. Son sang s'était montré assez docile pendant les entraînements.

Juste trois ou quatre fois ou tristan en avait perdu le contrôle. La fatigue lui avait on dit à la fin des cours, quant il ne s'agissait guère de l'un de ses excès. En effet, il avait toujours la fâcheuse manie d'essayer de se surpasser. Aller au delà de ses limites, de faire le malin devant un ou deux personne n'était pas une si bonne idée. Il finissait par se couvrir de honte ou par se faire engueler par les responsables. bref, à l'inverse de valen, son arrivé a l'institut xavier lui avait permis de se réconcilier avec ses capacités. Entouré de mutants, d'être comme lui, il pouvait montrer son pouvoir au grand jour sans avoir à subir les moqueries ou le rejet.

Quant il y repensait, Sirius n'avait pas tout à fait tord. Dans un sens, même si ses relations sociales et sa sociabilité n'avaient pas bougé d'un pouce, il se sentait plus à l'aise dans cette école. Après, c'était sur que des liens forts avec des individus de son âge lui sauraient plus que bénéfiques. Néanmoins, il ne fallait oublier ses premiers efforts d'adaptation.. En acceptant son intégration ici, il avait déjà fait un grand pas en avant. Pour une personne très solitaire et très sauvage, vivre en communauté était déjà un grand exploit pour lui. Sans doute avec le temps, il arriva à se tisser des liens.. Et puis.. Dans la vie, ca ne servait à rien de bruler des étapes ! Il devait plutot y aller progressivement ! Car à quoi bon de faire tout vite si c'est mal fait ?! Une phrase que sa mère aurait très bien pu lui dire comme la fois ou ils s'étaient disputaient au sujet d'une commande.. Oh, juste l'impatience du jeune homme à désirer acheter toute une série de livre sans n'avoir lu le premier. Au final, elle avait eut raison de lui interdire.. Euh.. ce roman, il ne l'avait pas aimé et il l'avait rendu sans le terminer.

Dans ses rêvasseries habituelles, l'enfant des ténèbres zappa la présence de valen. Ce dernier se manifesta en poursuivant la conversation. A ses dits, il ne semblait toujours pas à sa place ici.. A l'institut ? Tristan posa les yeux sur lui, cessa par la même occasion de jouer avec son stylo. A la longue, c'était assez pénible de l'entendre tapoter sur la table. Hm.. Il plissa les yeux, essaya de comprendre de lui même. Institut... Mutants ? Tout le monde était logé à la même enseigne, tout le monde avait des pouvoirs. Quoi ? Oui ou non ? Dans ce cas la pour quelles raisons se sentaient il discriminé ? La, il séchait, il ne voyait pas ou était le problème. Respectueux, il retenait sa vilaine curiosité de lui poser de mauvaises questions. A la place de cela, il tenta de trouver une solution..

« Hm... Que.. j'avais pensé à.. enfin.. Si t'as du mal avec tes pouvoirs, je … Ca te dit un entraînement à deux un de ces quatre ? »

Dans le genre suicidaire, on ne pouvait faire mieux que lui.. Tristan avait il perdu la tête ou quoi ? Il n'était ni professeur ni capable d'utiliser son sang à la perfection et voilà qu'il tentait à aider un autre mutant ? Quant il se rendit compte de sa gourde, il hocha tristement les épaules.. mécontent contre sa conscience, il grogna pour la faire taire une bonne fois pour toute.

« Mais en attendant, je te propose de profiter de cet endroit pour... Et si tu me faisais connaître d'autres musiques ? »

S.O.S boulet à l'horizon. Bon sang, il venait juste de toucher le fond.. pauvre tristan, il avait encore beaucoup de progrès a faire. Maladroit avec son entourage, il ne pensait pourtant pas à mal.. il voulait juste détendre ce scientifique, le mettre à l'aise bien qu'il était assez froid dans son attitude et dans ses mots..

Aussi bizarre que cela puisse paraître, la conversation n'évoluait pas. On avait la nette impression que les deux ne s'écoutaient pas vraiment, sorte de monologue à deux.
Avaient ils seulement quelque chose à se donner, à s'offrir ? Pas exactement. Valen, avait l'impression que son interlocuteur n'était pas vraiment du genre fréquentable. Peut être qu'il savait se servir de son pouvoir, certes, mais ça ne faisait pas pour autant de lui, quelqu'un d'utile, d'intéressant.
Il y avait plein de mutants qui maîtrisaient leur pouvoir, mais est ce qu'au moins l'un d'eux savait ce que cela faisait d'être privé de toucher ? D'appréhender chaque contact, chaque frôlement, de toujours surveiller son entourage afin d'éviter de tuer le premier venu ? Non, ces crétins de X-men ne savaient pas. C'était d'ailleurs pour ça que personne ne venait l'aider.
Parce que si ça se trouvait, personne ne savait comment l'aider à gérer ça.
Condamné à rester dans cet éternel état de peur, c'était cynique pour celui qui autrefois avait contribué à l'instaurer aux autres.

Tristan était de ces rustres qui ne pensaient qu'à leur gueule, ou qui ne vous aidaient que par service rendu. Tout simplement. Il était d'un égoïsme monstre, mais ne semblait pas s'en rendre compte. Lui non plus ne devait pas être vraiment adapté pour la vie en société. C'était comme si on l'avait parachuté là, en attendant qu'il fasse une connerie.
Sorte de … d'homme des cavernes posé dans un asile de dingues.
Val' était méfiant vis à vis de ce genre de bombe humaine prête à exploser, et encore plus lorsqu'il s'agissait de ces … mutants.
En plus, celui là était un cas, bien qu'il soit surprenant. Oui, surprenant, c'était le mot.

« Hm... Que.. j'avais pensé à.. enfin.. Si t'as du mal avec tes pouvoirs, je … Ca te dit un entraînement à deux un de ces quatre ? »

Et désormais officiellement complètement cinglé, jeté, tordu. Adepte de l'araignée au plafond et du pet au casque. Il lui manquait des pages à son cahier et avait des fils qui se touchaient. Bon à être interné ce type.
Il proposait un entraînement avec un type qu'il ne connaissait, dont il ne savait rien, pas même la nature des pouvoirs. C'était dingue de voir à quel point ce mec était inconscient et impulsif.

Là, Valen ne sut quoi répondre. Il aurait bien tenté une réponse pleine de répartie, mais il l'aurait fait en allemand, et l'autre n'aurait pas pu comprendre toute la subtilité, donc inutile de s'y attacher.
En vrai, il resta un moment en bug comme ça, sans vraiment trop savoir quoi dire.

« Mais en attendant, je te propose de profiter de cet endroit pour... Et si tu me faisais connaître d'autres musiques ? »

Mouais.
Mouais … franchement, ça n'emballait pas tant le jeune homme que ça. Non pas qu'il soit matérialiste ou avare de sa culture musicale, mais tôt ou tard, et il le savait, il en aurait marre. Ça l'amusait bien cinq minutes, mais il n'était pas là pour faire promoteur ou ce genre de jobs pourris qui ne servaient, selon lui, strictement à rien.
Et l'idée vint … naturellement, comme si le vice était en lui. Puis il se questionna lui même sur le fondement de tout ça. Faire cracher un son vicié aux oreilles de l'autre, juste pour le faire chier, ça pouvait faire mal. En plus il devait avoir du hate forest quelque part sur son mp3, ou un finntroll pas fini en studio. Oui, il ferait sans doute ça si l'autre continuait à l'importuner de cette manière.

Gentiment, il s'exécuta et entama une autre sélection.
Cette dernière était bien sympathique. Le mp3 affichait en digital le nom d'une chanson et d'un groupe : Hadès – Kalmah.
Et le son se libéra, laissant entrevoir la douce mélodie de métal à Tristan alors que Valen, la connaissant par cœur, tapotait cette dernière du bout des doigts sur la table, murmurant à peine les paroles.
Une fois la piste terminée, le jeune allemand demanda à l'autre :

« Hm tu as un papier et un stylo ? Que je te note quelques … titres de musiques et … groupes? »

C'était le plus simple, et ça irait plus vite.
D'un coté Val' avait hâte que ça se termine, mais de l'autre, il ne voulait pas rompre le peu de contact qu'il avait avec une personne en face de lui.

C'était étrange, c'était loufoque. L'enfant des ténèbres avait un mauvais pressentiment. Ca lui donnait l'envie de quitter la salle, de partir se réfugier dans un endroit isolé ou de se jeter au haut d'une falaise. Définir cette sensation avec des mots lui semblait impossible, et encore moins en allemand.. En allemand ? Pourquoi dans cette langue ? Il était en Amérique et non en Allemagne.. Qu'est ce qui lui prenait à vouloir tout traduire ? Euh.. Très bonne remarque.. Valen parlait bien l'anglais lui, alors tristan ne voyait pas pourquoi il ne ferait pas un effort pour apprendre sa langue. Ca saurait un bon moyen de communication et il deviendrait super ami avec le garçon le plus tordu de l'institut des mutants.. Youpi, tout est bien qui finit bien ! Chouette, j'adore ce genre de fin ! Il ne fallait pas chercher bien loin pour comprendre son état. Son esprit commença à débloquer sec, à s'en mêler les pinceaux. .Ses pensées quant à elles, elles se bousculaient dans sa tête. Comme souvent, il remit tout ça sur le dos de la fatigue. La journée avait été très longue, les maths ça épuisaient. Cette phrase était bien connue chez les littéraires. Echec critique, excuse non valable.. Elle ne passait pas ! Sans l'aide de sa bonne conscience, il lui aurait fallu du temps pour mettre le doigt sur son problème.

Tristan n'était fait pour rester en société. Après toutes ces années, il avait perdu l'habitude des longues conversations. Les mots et les idées des gens finissaient toujours par l'embrouiller. Valen, les maths, les soucis de pouvoirs, d'intégration, l'allemand à déchiffrer et la musique.. Ca en faisait beaucoup trop pour lui.. Trop d'informations d'un coup, il peina à les remettre dans l'ordre ou dans le bon contexte.. A un moment, il fallait savoir dire stop ! Un mouvement de recule, il s'écarta de la table. Il lâcha son crayon au sol, ses deux mains viennent s'agripper au rebord.. Une petite pause, juste quelques minutes, l'aida à éclaircir toutes ses idées. Sauvé, il venait de retrouver le fil de la discussion. Une bonne ou une mauvaise chose ? Ca dépendait des points de vue. Il venait de se prendre trois magnifiques vents par le jeune scientifique et depuis tout à l'heure ce dernier n'arrêtait pas de le regarder d'une drôle de manière. Face à cette prise de conscience, il se vengea nerveusement sur son stylo bleu. Il ne cessait pas de mâchouiller son capuchon, de se balancer en avant en arrière. Son comportement laissait à désirer, le mutant sanglant devait bien l'admettre..

Néanmoins, ce fut sa seule façon d'estirper tout son malaise, tout son stress ainsi que sa rencoeur de s'être montrer si maladroit avec lui.. Deux minutes plus tard, il se rendit enfin compte d'un détail important. Dans cette histoire, il n'était pas tout à fait le seul fautif. En effet, l'aura de son compagnon dégageait quelque chose de désagréable.. Une sorte de rejet de sa part.. Involontairement ou non, ca jouait sur l'attitude de tristan. Déjà mal à l'aise dans ses baskets au départ, si en plus il en rajoutait.. Le seul remède qui le calma vraiment, fut la musique. A l'instant où il entendit le nouveau morceau dans ses oreilles, toutes ses angoisses s'envolaient. Il se faisait bercé au rythme de cette symphonie.. C'était assez bien comme genre musical ! Finalement, valen avait de très bon goût en la matière. Il retira les écouteurs lorsqu'il entendit la demande de l'étudiant.. Un papier et un crayon ? Il s’exécuta tout de suite..

« Tiens voilà.. Zut.. Grr.. Alors !!»

La trousse de tristan en faisait des siennes. Une fois de plus, la fermeture éclaire bloquait.. Un jour, il devrait songer à s'en racheter une autre.. Ca ne saurait pas si mal depuis le temps.. Cette trousse datait de sa première année du lycée.. Lassé, il abandonna en la plaçant sur le coté. Il regardait les groupes de musiques s’inscrire sur le papier, sans se douter de la suite des événements.

Tout à coup, il se sentait étouffé ! Sans en savoir la ou les causes, il s'imaginait d'être prit dans une sorte d'étau. Puis, une force mystérieuse s'empara de lui. Puissante, elle lui provoqua une violente réaction : De son poing ferme, il tapa la table, se releva brusquement en se reculant contre le mur.. Là, il était sur le point d'hurler, de verser un torrent de larmes.. Il grogna une ou deux fois, jeta des regards noirs en direction de Valen..

« Je.. Désolé.. Je.. Que ce passe-t-il en moi ? »

Murmurait il d'une voix affaiblit. Dans les yeux de l'enfant des ténèbres, on pouvait y voir cette grande détresse..

En fait, il y avait un vrai malaise entre les deux mal-aimés. Se regarder en chien de faïence n'arrangerait pas les choses, pas plus que ça ne les envenimerait. Quoi que … Valen n'était pas bien sûr quant à la stabilité mentale de son interlocuteur. Le regarder comme ça pouvait lui faire péter un câble et après ? Bah après on improvise, on se démerde.
S'il maîtrisait son truc en lui, la vigilance n'aurait été que diminuée. Là, l'étrange sensation d'être avec une bombe prête à péter à tout instant mettrait mal à l'aise n'importe qui, sauf Logan le prof griffu qui, à ce qu'on disait, était tranquille tant qu'il avait une bière ou un cigare.
Mais ce type là, Tristan, bien que sympa, avait la mauvaise et fâcheuse tendance à s'énerver très vite, ce qui n'avait pas pour effet de calmer ceux à proximité, bien au contraire.
En effet, l'école était remplie de bombe humaine, toute plus bizarre les unes que les autres. La moindre détonation et c'était Hiroshima version Charles Xavier !

Comment s'intégrer auprès de ceux que vous aviez autrefois massacré à coup de différence ? Combien d'élèves de l'institut avaient un jour fait partie d'un groupe qui cassait des innocents sous peine d'être différents ? Pas beaucoup, voir aucun. Valen le savait, il était parachuté dans ce monde de différence qu'il détestait, et haïssait du même temps. Cela devait se voir malgré ses efforts pour le cacher.
Il était loin le temps où il traînait avec des skineds et où il pouvait rire d'un turc fracassé dans un caniveau de la banlieue de Munich.
Maintenant le différent c'était lui.

Il avait fui ce monde qu'il avait autrefois tant apprécier. Ce monde qui lui avait tout donné. Une image, des idées, une raison de faire, un esprit critique, chaque partie de lui était construite à l'image d'un monde où la différence était écrasée si elle n'était pas trop faible pour s'imposer. Et il était le faible désormais. La dégringolade dans l'échelle de puissance. Le maillon fort devenu maillon faible. C'était frustrant et terriblement dégradant.
Alors oui, Tristran était un mutant, oui Valen en était un également, oui il n'aimait pas les mutants, oui il devait se faire des amis, mais putain qu'il n'y arrivait pas. On ne balayait pas seize ans de certitudes avec une simple rencontre, du moins, il ne se voyait pas le faire.

Bien, au final le sauvage se décida à lui donner un crayon et un bout de papier, histoire de faire bonne figure. La police gothique s'inscrivant sur le papier pour former des noms à n'en plus finir.
On y trouvait alors une bonne liste, assez conséquente sans être vraiment exhaustive. Trivium, Killswitch Engage, Burn Halo, Children of Bodom, Dimmu Borgir, Korn, System of a Down, Motorhead, Iron Maiden, Finntroll, M-Manson …
La liste fut complémentée de quelques chansons, deux ou trois par groupe. Like light to the flies, pull harder on the strings of your martyr, pour Trivium, This fire burns, this is goodbye, rose oh sharyn pour Kse, Save me et dirty little girl pour Burn halo.
Puis Valen hésita. Oui, pour COB, il ne lui inscrirait que 'are you dead yet ?', titre emblématique du groupe selon lui. En revanche pour Dimmu Borgir, il n'hésita pas. The Serpentine offering, the ancestral fever, the sacriligeous scorn, the chosen legacy, voilà ce que Tristan devait tester.
Pour Korn, difficile à dire, c'était variable comme goût, un peu comme Slipknot, donc il préféra les valeurs sûres comme got the life, right now, make me bad. Pour Motorhead ce fut the game, the king of kings, the ace of spades, pour Maiden the trooper, two minutes to midnight, the duellist. Et les deux groupes qui posaient problème. SOAD et Finntroll. Le jeune allemand avait la discographie de ces derniers sur son pc. Groupes emblématiques de deux genres différents mais complémentaires selon lui. Pour Finntroll, bien qu'il se fasse violence pour ne pas inscrire tous les titres, il nota que certains. Midnattens Widunder, Slagbroder, en maktig har, trollhammaren, vättaenda, vindafard mannikospesten. Oui, ça allait suffire pour lui faire découvrir le viking métal. Et System. Le groupe par lequel tout avait commencé, là, ça l'inspirait également. La première fut symbolique. BYOB. Celle qui l'avait plongé dans cet univers musical, un coup de cœur, un coup de foudre.
Radio/video, toxicity, question !, sugar, ego brain, soldier side, aerial. C'était à peu près tout ce dont Tristan avait besoin pour l'instant.
La liste se faisait longue, aussi Valen fit glisser la feuille sur la table, lentement, en évitant le moindre contact.

C'était bon, il avait fait ce qu'il devait faire. L'autre aurait de quoi télécharger et écouter pour déjà un petit moment.
Et puis l'infarctus.
Ce même 'autre' venait de cogner la table, ce qui avait provoqué un sursaut au jeune homme qui avait manqué de se casser la gueule de sa chaise. Qu'est ce qui lui prenait à lui là ? Un malade ce mec !
Il venait de se lever en plus. Valen réagit assez rapidement, se relevant aussi il fit un pas en arrière en portant une main à sa poche pour y tirer … rien du tout. Merde ! Ça c'était pas prévu. Depuis qu'il était à l'institut, on lui avait plus ou moins fait comprendre que les armes devaient rester planquées dans la chambre, du coup, pas de cran d'arrêt. Pour se défendre, ça allait moins bien forcément.
Le mutant opposé s'était reculé contre le mur, et Valen, en bon élève intelligent, était prêt à assumer sa couardise et à prendre ses jambes à son cou pour se barrer illico presto.
La survie avant tout pardi !

Avec sa tronche de tueur échappé de l'asile, ce regard mauvais, comment voulez vous que ça se passe bien ? C'était techniquement pas jouable. Il grognait comme une bête en cage. Et dans un moment de lucidité, il se mit à bredouiller un truc incompréhensible. Oh il devait demander de l'aide, mais Val' était pas foutu de s'aider lui, c'était pas pour aider les autres.
Simple, au moindre mouvement suspect, l'allemand prendrait la fuite, à l'anglaise comme on disait. Inutile de rester là à risquer sa peau pour un putain d'inconnu.
Nan mais sérieusement, il voulait lui proposer un entraînement alors qu'il se contrôlait même pas lui même.
Val' avait des envies de 'are you kidding me ?!'.
il ne savait pas quoi dire, il était sur ses gardes. Putain cet exo de maths prenait des tournures dramatiques. Ça allait chier des bulles carrées, et au cas où, il était prêt à se barrer aussi vite que possible.

Un gouffre sans fin, une violente descente aux enfers. Il vit l'horrible mort devant lui, toute souriante avec les bras ouverts.. Elle l'appelait par son prénom, elle lui susurrait des mots gentils.. Elle s'avançait vers lui, l'enlaçait de tout son corps. Dans une étreinte parfaite, elle l'emmenait tout droit dans les brasiers du monde des ténèbres. Brusquement, elle le lâcha, elle s'écarta de lui.. Elle abandonna le malheureux à son triste sort. Seul, terriblement seul, il sentait les flemmes le dévorer petit à petit. Il avait mal, il souffrait. Une épouvantable chaleur montait en lui, étranglait sa gorge. Elle était sec, il mourrait de soif, mourrait de douleur. Il n'avait plus rien à perdre, il le savait.. Sur le point de rendre son dernier souffle, le mutant sanglant sentit une soudaine décharge parcourir tout son corps. Sortit de nul part, un monstre rouge apparu, se rua sur lui.. Désespéré, Gabriel ferma les yeux et plaça ses mains devant son visage.. Et.. Plus rien.. le néant total. La chaleur, la douleur ainsi que le démon avaient disparu. Les horloges du temps pesaient sur lui. Tic tac, tac tic.. Le son d'une petite trotteuse résonnait dans son esprit. Bientôt, il y verrait des grandes pendules autour de lui.. Les secondes défilaient, semblaient s'écouler dans une monotonie. Très long, ce rythme l'embrassait plus qu'autre chose. Une salle d'attendre entre le monde des vivants et celui des âmes ? Il était dans l'incertitude, il hésitait d'ouvrir les yeux pour en avoir le coeur net.

Il reprit une grande respiration et ses paupières se soulevaient enfin. En face de lui, ce n'était pas le paradis mais une grande salle de.. Livres ? Inquiet, l'enfant des ténèbres se retourna pour détailler la pièce. Quelques indices l'aidaient à reprendre ses repères. Il était dans la salle d'étude en train de faire son devoir de maths, un étudiant lui avait donné un coup de main pour son dernier exercice et là... Il s'en souvenait plus, sa mémoire défaillait comme si on lui avait fait un lavage de cerveau.. Il tenta encore de s'en rappeler mais en vain.. En se disant que le temps allait faire son effet -Une fois encore, il remit cela sur le dos de la fatigue-, il garda cette idée de coté et il prit la sage décision de se concentrer sur le présent. Il fit le point sur cette curieuse situation : Son corps tremblait, son visage était en sueur et le mur semblait avoir un sacret coup.. Curieusement, il ne céda pas à la panique. Il jugeait que tout était normal, qu'il avait juste eut un petit passage à vide. En remarquant sa main en sang, il grimaça légèrement. Il ordonna à son liquide rouge d'entrer dans ses veines.. Il était bien long pour s'exécuter. A la dernière goutte, le mutant sanglant soupira et fut soulagé.

Il avait subit une crise d'angoisse -La raison demeurait inconnue-, et il vint d'en sortir. Mais ca, il ne le savait pas encore..Aucun signe n'était en mesure de lui démontrer le contraire, que ca fut dans son comportement ou sur son corps. A ses yeux, la blessure sur sa main était uniquement une toute petite maladresse de sa part.. En gros, rien d'alarmant. En revanche, il se faisait du soucis pour Valen. Il lui parût un peu trop sur ses gardes,

« Ou..tout va bien ? »

Il se comportait comme si de rien n'était, l'anomalie dans cette histoire restait secrète. Ses yeux se baladaient toujours dans la salle lorsqu'il aperçu un bout de papier près de ses affaires. Cet objet attira son intention. Sans attendre une réponse éventuelle de son ''ami'', il se rapprochait de la table. Là il prit la fiche entre ses doigts, la lut en vitesse.. Il y avait plein de nom de marquer mais il en connaissait aucun. Il se retourna alors vers la seule personne de présente et il décida de tirer ça au clair.

« C'est à toi ou à moi ? C'est quoi ? »

A l'inverse de se retrouver en face de l'allemand, il tomba nez à nez avec une jeune fille.. Elle devait avoir 12 / 13 ans. Celle ci se mit a rire de plus belle, à tourner sur elle même tout en chantant une chanson agaçante.. Elle s'arrêta, passa la main dans ses cheveux roux avant de questionner les deux mutants..

« Désolée, je me suis emportée... je recherche quelqu'un pour m'aider pour mon devoir de maths »

faire des maths dans l'état actuel ? Tristan fit un signe négative de la tête et.. Le sadique, il avait une très mauvaise idée en tête.

« Ce n'est pas ma spécialité, mais j'en connais un qui pourrait t'aider.. Hein ? T'en penses quoi ? Je vous regarde. »

Les maths étaient une torture pour lui et il se faisait un plaisir de recoller cette jeune dans les bras de valen.. Lui, il allait sans doute prendre un livre et les regarder souffrir le martyr.. Au sens imagé bien entendu.

Une bombe à retardement, un champ de mine, un manchot qui veut jongler avec des dynamites, ce que vous voulez, mais ce mec là, il était fin barge. Bon à interner, avec son regard de cinglé, et sa façon de cogner et de hurler sans qu'aucune logique n'apparaisse.
Un barbare. Sa place était sur un champ de bataille de l'antiquité à vénérer Crom, casser des crânes en faisant tournoyer une hache. Là il aurait été normal.
Mais pensez vous qu'encore en ce temps là, quelqu'un connaisse le sens du mot normalité ?
Tristan n'avait pas sa place parmi des monstres bizarroïdes, sa place elle était dans une cellule, à être attaché et drogué aux électrochocs. Disait on que c'était plus 'humain' que de le gazer … tu parles, les allemands avaient au mois eu les couilles d'assumer que les autres étaient assez nuisibles pour être éliminés.

« Ou..tout va bien ? »

Oh con ? T'as failli le buter et tu lui demandes s'il va bien ? Tact zéro.
Ce mec était tout bonnement cinglé, et là Valen ne pensait qu'à une chose, trouver une excuse valable pour se barrer le plus vite possible, aller s'enfermer dans sa piaule, et lancer counter strike pour se défouler violemment sur des types qui n'avaient rien demandé mais qui étaient là pour ça.
Un taré violent, il fallait éviter ce sauvage à l'avenir. Val' avait fait la connerie une fois, pas deux.

« C'est à toi ou à moi ? C'est quoi ? »

Maintenant, Tristan venait d'écoper de l'étiquette 'à ne plus fréquenter'. Amnésique en plus, comme s'il avait besoin de ça. Il fallait que le seul type à qui il parle, soit en fait un cinglé qui pétait des câbles et ne se souvenait de rien, nan sans déconner ça relevait de la poisse !
Il ne se souvenait même pas de ce qu'il voulait. Facile à manipuler ? Non, trop risqué car trop instable. Impossible de le canaliser. Le jeune allemand ne pouvait pas se contrôler lui et un autre, c'était injouable. Il avait beau être manipulateur dans l'âme, ça ne changeait rien au fait qu'il devait penser à s'occuper de lui, et pas des autres. Un miracle qu'il ait déjà accepté de l'aider pour un stupide exo de maths.

Et comme si un type bizarre ne suffisait pas, il fallut qu'une gamine vienne les rejoindre. Une tarée qui chantait, à peine en âge de comprendre ce qu'être une femme signifiait.
Elle riait, comme si elle était innocente alors qu'elle n'était qu'un monstre parmi les autres. Candide petite fille qui portait en elle le vice, et elle trouvait encore le moyen de rire. Chienne de vie, si seulement elle pouvait comprendre ce que cela signifiait.
Elle ne valait rien de plus qu'une bouse parmi le limier, et pourtant. Elle était là, à rire, petite inconsciente, gamine impudente, la mutation ne lui avait pas amputé de plaisir à celle là, quelle garce !
Oui Valen en était jaloux. Tous les mutants n'avaient pas la chance de cette petite pétasse. Elle riait alors que d'autres souffraient. Où était l'empathie ? Hein ! Elle est où cette foutue empathie qui pousse les mutants à se dire 'pas si différent que ça' des humains ? Nan, ils étaient tous les mêmes. Tous des cons, des enfants de salops ! Parce que leur prétendue empathie, ils n'en avaient pas. Pas une once de bonté, en l'humain comme en le mutant. Rien à en tirer, un fruit pourri !

« Désolée, je me suis emportée... je recherche quelqu'un pour m'aider pour mon devoir de maths »

You're mocking me ?
Mais ils étaient tous cons dans cette putain de baraque ou quoi ? Y en avait il un qui était capable d'aligner deux chiffres correctement ? À part le professeur McCoy, il semblait que non.
Val' était agacé par ça, usé. En vrai, il était déjà difficile d'aider quelqu'un sans qu'il perde son calme et le traite de bouse ou de con. Mais là, c'était trop. Deux personnes … on se foutait de sa gueule.

« Ce n'est pas ma spécialité, mais j'en connais un qui pourrait t'aider.. Hein ? T'en penses quoi ? Je vous regarde. »

Mais quel connard celui là ! Le jeune allemand lança un regard noir à son compère d'infortune. Ce type était un fils de chien ! Lui refiler le bébé comme ça … c'était lâche. Un couard, et un putain de … bref vous voyez.
Là, l'adolescent, s'il avait eu la maîtrise de son pouvoir, aurait probablement ôté une main à Tristan, et la langue de la gamine. Ou la tête, plus long mais plus facile.
C'était pas lui la nounou de service, c'était un étudiant, comme eux, et il n'avait pas demandé à être là, ni à subir ça. Il était pas là pour les aider, il était là pour être aidé. Il y avait un monde de différence. Tout simplement.

Rejetant son regard agacé, voir énervé de Tristan à la miss, le jeune allemand ne fit aucun effort. Il en avait bien assez fait comme ça. Aussi, il lui lança un 'give it to me' avec son effroyable accent allemand. Lui arrachant presque des mains le devoir, il tira une chaise, et il parcourut rapidement l'énoncé. Trop simple.
Lui faisant signe de lui donner rapidement un crayon et une feuille, dès qu'elle lui eut donné, le gamin matheux, envoya le pâté.
Pas besoin de rédiger, juste les mots essentiels.
Pythagore, puis Thalès. Il lui posa un schéma, avec les longueurs, ne prit même pas la peine de poser les donner de l'énoncé, et enquilla deux lignes de calcul écrites à l'arrache.
On voyait à sa façon d'écrire qu'il avait légèrement les nerfs.
Il aboutit au résultat, simplement. Résultat qu'il souligna bien fortement avec le stylo, laissant là une grosse tache bien moche.

Puis il se releva, et la fixa avant de lui dire avec un énervement palpable :

« Alles ok ? »

On courrait à la catastrophe si on tentait de le retenir, et il n'avait pas envie de provoquer une émeute ou un accident, mais là, on allait l'y forcer. Il faisait un maximum d'effort pour se concentrer et contrôler un éventuel soubresaut de sa mutation, mais au bout d'un moment, il craquerait. Cela semblait presque évident.
Il était peut être pas imposant, ni grand ou baraqué, mais si jamais on le cherchait, son pouvoir aurait tôt fait de les calmer vite fait, les deux bouses en maths.
Son regard passa de Tristan à la gamine, un regard qui se voulait presque mauvais malgré les efforts de dissimulation.
À trop jouer avec lui, ça n'allait pas se passer comme prévu. Venu en quête de solitude ou d'amis, il allait probablement repartir avec ni l'un, ni l'autre.

c'était difficile pour lui, de se faire passer pour une toute autre personne. Il avait essayé, il avait fait des efforts mais sans succès. Ce rôle ne lui convenait guère, il devait se faire à cette idée. Ce n'était pas lui, cette allure était incompatible avec sa vraie personnalité. Il était trop distant pour s'ouvrir du jour au lendemain. Il avait tord sur toute la ligne, impossible de le nier. Inutile de se bercer d'illusions, il s'enfonçait de plus en plus. Son humour était pathétique, elle arriva juste à décrocher un faible sourire à la jeune fille. Celle ci le regardait plutôt avec une drôle de mine, air de dire "Je suis tombée sur le mutant le plus fou de l'institut". La folie, l'enfant des ténèbres la connaissait que trop bien, il vivait avec depuis si longtemps. Elle le rendait instable, elle était à l'origine de ses sauts d'humeurs. Il ne pouvait rien faire contre elle, c'était ça le pire ! Dans la toute puissance, elle s'amusait à le manipuler et il en subissait les conséquences. Raisons ou pas, elle venait de frapper une nouvelle fois.

Il s'en doutait bien, c'était l'attitude de l'allemand qui l'avait mit sur la voix : Tout à coup, son comportement avait changé. Il était plus hostile et son aura lui inspirait une certaine méfiance vis à vis de lui. Dans ses yeux, Tristan découvrit une nouvelle rancœur. A plusieurs reprises, le jeune étudiant lui lança de mauvais regards, lui faisait comprendre son mécontentement. A première vu, il n'avait pas aimé son petit coup, les maths commençaient à lui taper sur le système. Certes, il aimait se montrer sadique – de temps en temps, il se permettait ce genre de mauvais coup-, néanmoins il avait surtout fait cela dans le but d'aider la fillette. Il se voyait mal la laisser en plan, ca ne faisait pas parti de ses convictions.En tous les cas, Valen finit par accepter – à contre coeur- de lui donner un coup de main. Les deux mutants allaient s'installer à une table tendis que le mutant sanglant prit la sage décision de les laisser travailler. Ce dernier avait jugé sa présence inutile, il n'avait plus rien à faire avec eux pour le moment.

Il se mit alors à la recherche de nouvelles histoires, longeait les rangés de romans. Du fantastique, du classique, du théâtre, des biographies, il y avait un multitude de choix la dedans. Avec tout ça, il comptait bien se refaire sa petite réserve de livres pour le restant de la semaine.. Ces temps ci, il lisait beaucoup, il voulait rattraper toutes ces années d'ignorance. Au rayon du fantastique, Gabriel lança un bref coup d'oeil sur les deux autres. L'allemand griffonait encore sur la fiche tendis que la fille le regarda d'un air admiratif. Ils faisaient un très beau tableau, ils allaient plutôt bien ensemble. A la fin du devoir, la petite en fit des tonnes pour le remercier. Elle le couvrait de compliment, elle lui disait milles fois le mot merci tout en tapant dans ses mains. Un bon paquet de livre en mains, le prince sanglant revint vers eux. Il les posa sur la table, prit son sac en main et il les rangea un par un pour éviter de les abîmer. En voyant tous ces bouquins, la mutante hallucinait, ses yeux s'écarquillèrent.. Il comptait lire tous ca ? Pensait elle en l'observant.

Son étonnement amusa Tristan, sa réaction innocente le sensibilisa. Ca le changeait de ces mutants qui pensaient avoir tout vu ou tout connaître sur tout. Curieuse de nature – c'était assez courant à cet age-, elle lui posa une ou deux questions. Sans rentrer dans les détails, l'enfant des ténèbres lui répondit sur un ton neutre. Puis, sous prétexte de devoir rejoindre une de ses amis, elle rangea toutes ses affaires et quitta la salle en saluant les deux asociales.

« Désolé.. Je ne voulais pa.. Enfin .. Elle avait besoin d'aide et.. »

Et.. Il avait tout dit, il ne savait pas quoi rajouté la dessus.. Avec un peu d’intelligence, valen le comprendrait peut être. L'enfant des ténèbres leva les yeux sur la grande pendule. A présent, elle affichait les six heures du soir.. Une heure et il sera temps de rejoindre le réfectoire pour manger le repas du soir.. Il avait donc une heure pour essayer de réparer les degats..

« Euh.. Sinon.. si tu veux je suis libre le … Le mercredi après midi pour tes.. Pouvoirs »

Sans vouloir lui manquer de respect ou enfoncer le clou, le mutant sanglant cherchait à lui montrer qu'il n'était pas tout seul et qu'il serait près à l'aider.. Après tout, ce n'était qu'un prêt pour un rendu..

La gamine était on ne peut plus chiante. Valen avait horreur des gosses, il ne les supportait pas, eux et leur caractère débile, l'insouciance l'énervait en général, mais plus que ça, la débilité l'affligeait. Et cette gamine, qui en plus avait l'air heureuse, en était l'avatar. La personnification de la bêtise et de la niaiserie, pour les plus littéraires.
Et ce n'était pas la pile de bouquin que Tristan emporterait, ou les mercis incohérents de la chieuse qui allait changer quelque chose à tout ça.
Que foutait il là ?
De jour en jour, il se le demandait.

Enfin, la patience était de mise, puisque de toute manière, il n'avait pas le choix. La vie était ainsi faite, la mutation aussi, seul on avançait lentement, et il y avait l'intérêt qu'on pouvait porter aux dommages collatéraux. Autant dire aucun pour Valen, il n'avait juste pas le temps.
Bref, enfin la gamine se cassa. Mieux valait tard que jamais, et le jeune allemand trouvait qu'il était à peine temps pour elle de se sauver.
Pauvrette, si jamais il lui arrivait malheur …

« Désolé.. Je ne voulais pa.. Enfin .. Elle avait besoin d'aide et.. »

Et ?! Et quoi ?
Qu'elle aille se faire foutre, lui personne ne l'aidait. Mais Tristan ne comprenait pas. Il ne comprenait rien de toute manière.

« Euh.. Sinon.. si tu veux je suis libre le … Le mercredi après midi pour tes.. Pouvoirs »

Val eut un sourire en coin et un rire amusé qu'il étouffa assez vite. Rangeant ses affaires, il adressa un regard à l'autre mutant. Il le fixait dans les yeux, de ce regard franc, honnête, et pas forcément plaisant, ajoutant alors :

« Écoute Tristan … on a tous besoin d'aide … sinon on serait pas ici. »

C'était jeté comme ça. Froidement, mais avec une réflexion d'un étonnant réalisme pour son âge. Qu'à cela ne tienne, il n'y avait pas de rêve américain, pas plus que de salut pour les mutants en dehors de cet institut, si cela ne bougeait pas.

Alors qu'il éteignait son mp3, toujours dans sa poche, il se dirigea vers la sortie, s'arrêtant au niveau de l'embrasure de la porte, il lui dit à nouveau.

« Tu sais, t'es sympa comme mec, t'es cool … mais avant de chercher à aider les autres, faut déjà que tu te gères toi. »

Et de ce coté, il avait du boulot.
C'était dit sans méchanceté, en tout cas, dans son timbre de voix, rien n'indiquait que le jeune mutant voulait être désagréable envers son compère, non. Mais il fallait être réaliste, et voir les choses comme elles étaient.
Actuellement, Tristan savait peut être se démerder avec son pouvoir, mais il était instable psychologiquement, alors il n'avait pas les compétences pour se permettre ce genre de cours.
Valen souhaitait peut être contrôler son pouvoir, mais pas au détriment de sa sécurité.

Quittant la pièce il ajouta avant de disparaître dans le couloir :

« Bonne soirée Tristan ... »

Et le jeune mutant se dirigea vers sa chambre. Tout cela était instructif, vraiment instructif ...

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