Le matin se levait sur la grande ville de New York. Le soleil illuminait un petit appartement de ses rayons, laissant de longues traînées sur un tapis de poil blanc, traversant avec force les petites ouvertures des volets. Un peu plus loin, sur un lit se dessinait une masse. Une sorte de boule entortillée dans des draps. Le jeune homme qui se trouvait ici n'était pas idiot, pour se protéger des rayons mesquins d'un soleil taquin, il s'était caché sous ses draps. Mais c'était sans compter sur le réveil qui le fit sursauter, passant un morceau pop rock connu, relatant d'un pauvre sous-marin jaune. Ce titre, Max ne pouvait plus l'entendre. Tous les matins c'était la même chose, la même rengaine. Et surtout, la même période de la chanson, comme s'il n'avait pas le droit de connaître la suite.

Légèrement bougon, il tapa sur le réveil pour l’arrêter, retira toute couverture de sur lui et se frotta les yeux qu'il ouvrit ensuite, ses pupilles bleues souffrant face à un soleil trop présent. Nom de Dieu ! Ne pouvait-il simplement pas faire une grasse matinée comme il le voulait ? Était-il obligé tout le temps de se réveiller ? Puis pourquoi un réveil bon sang ? Il n'avait pas de travail, ni de quoi se motiver pour se lever. À partir de ce moment, ce fut décidé : il allait péter ce maudit réveil.

Sans détailler la toilette, le voilà propre comme un sou neuf. Il passa une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille et le réveil dans une main, ses clefs dans l'autre, il sortit de chez lui. Il en profiterait ainsi pour prendre son courrier. Un bâillement lui échappa, il se frotta à nouveau les yeux ; et après ça il dormirait sûrement. Encore et toujours... Qu'avait-il d'autre à faire dans cette ville de toute manière ?! Elle n'était jamais stable, toujours en mouvement. Pour son plus grand malheur. Ne pouvait-elle pas simplement un jour se mettre sur pause, et s’arrêter de tourner ? Non, sûrement pas. Cela bouleverserait tellement de choses. Oh oui, tellement de choses. Maximillien poussa la grande porte vitrée et posa ses pieds nus sur le trottoir. À le voir comme ça, il ressemblait à un vieux junkie, ou à un petit rebelle au style grunge. Quoique... Il ne ressemblait à rien en fait. Son jean troué permettait de voir ses fines jambes et sa taille trop grande son caleçon. Le tout agrémenté d'un haut blanc et d'une chemise style bûcheron bien trop grande pour lui. Bon, pour tout dire, ses affaires, il les achetait au pif. Ou plus simple, il prend ce qu'on lui donne, et ce qu'on lui achète. Qu'importe la taille tant qu'il n'est pas à poil, il s'en fout.

Il replaça une mèche derrière son oreille et passa une main sur son visage. Il avait enfin jeté ce maudit réveil. Mais se connaissant, il allait sûrement en racheter un dans les deux semaines à venir. Malgré tout, cette petite chose lui sert. Elle lui sert à savoir qu'il est encore vivant et qu'il peut ouvrir les yeux. C'est idiot dit ainsi, mais ce sont ses sentiments et ça, jamais on ne pourra le changer. Parce que pour changer un homme comme Max' il faudrait le temps, et la patience... Surtout la patience en fait.

Il posa ses fesses sur son fauteuil, ramena ses genoux contre son torse et observa son courrier. Facture, carte postale, facture, carte postale. Et cela faisait simplement un mois qu'il n'avait pas touché à sa boîte aux lettres. Mais une autre enveloppe attira son regard. Elle était plutôt épaisse et... Elle ne portait pas son nom. Du tout. Dessus était inscrit dans une jolie écriture " Mr Osborn "... Il connaissait ce nom. Malgré lui, il savait que c'était son voisin. Cela prouve donc qu'il connaît un minimum son entourage. Le courrier n'était pas bien vieux... Deux trois jours tout au moins qu'il l'avait reçu. Il mordilla l'intérieur de sa joue ; se dressait devant lui un dilemme cornélien. Ouvrir l'enveloppe et ne jamais la donner ou, ne pas la toucher vraiment et la rendre à son propriétaire... Peut-être le remerciera-t-il ? Mais... Elle avait l'air vraiment importante cette lettre. Il haussa un sourcil, fronçant l'autre. Et si c'était une mission secrète ?! Un truc pour sauver le monde de tous ses méchants terroristes ! Sous cette idée complètement idiote, Max' ouvrit l'enveloppe. Il regarda le courrier et devant lui s'étendaient simplement des feuilles... Il fronça encore les sourcils. Il n'y avait rien de bien intéressant là-dedans. C'était le courrier de monsieur-tout le monde. Enfin, en même temps, vu à ce quoi il s'attendait, il ne pouvait qu'être déçu. Doucement, il rangea le courrier et le posa sur sa table. Maintenant, dodo.

Il se tournait et retournait dans son lit. Finalement, il décida de s'asseoir en tailleur, levant ses yeux vers le plafond comme s'il portait les réponses à ses questions. Pourquoi n'arrivait-il pas à dormir ? Cette histoire de courrier le faisait se sentir mal... Il fallait qu'il le rende. Mais problème, il n'assumait vraiment pas le fait de l'avoir ouvert. Il mordillait nerveusement sa lèvre. Mais finalement, il se décida à y aller. C'était comme ça, trop gentil.

Une nouvelle fois, il remit sa mèche derrière son oreille. Elle n’arrêtait pas de tomber, et ça commençait à l'énerver. Il se racla doucement le gorge et regarda la porte devant lui. Elle paraissait plus grande que la sienne pourtant si identique. Il ferma les yeux, souffla. Inspire, expire, inspire, expire s'ordonnait-il à mi-voix. La main tremblante, il frappa quelques coups. La porte s'ouvrit alors sur un homme. Max', rougissant à vue d’œil non pas par on ne sait quoi mais bien par timidité et par gêne, tendit l'enveloppe du coté ouvert.

« Votre courrier était dans ma boîte aux lettres... J'y suis pas allé d'puis un moment alors je viens seulement de le voir... Désolé. »

Lorsqu'il remarqua l'enveloppe ouverte, il fit les yeux ronds et secoua légèrement la tête.

« Excusez-moi pour... L'avoir ouvert. Mais je me suis dit que c'tait important, que vous l'aviez peut-être coincé dans ma boîte aux lettres pour que je vous aide à sauver le monde... et... Enfin... »

A ce moment précis, il se rendait compte de sa terrible idiotie. Mais qui allait le croire ! D'accord, il l'avait pensé. Mais, pas plus d'une minute... C'était histoire de trouver une raison pour lui-même qui le poussait à ouvrir cette enveloppe. Il mordilla sa lèvre avant d'esquisser un petit sourire, mi-gené, mi-désolé.

« Heureusement que ce n'était pas important, vous imaginez si j'avais mis du temps ?! »

Maximillien s’enfonçait encore plus et se rendant compte de cela, il baissa les yeux, attendant quelconque réaction, la main toujours tendue