Mon réveil sonne : 4h du matin. Heureusement que j'ai l'habitude de préparer une tenue pour le lendemain...même si je finis toujours par la changer. Là je ne vais pas pouvoir, enfin, si je pourrais. Mais Leenaly dort, et moi je ne dois pas perdre de temps, je suis long à me préparer et ça je le dois à mes cheveux. D'autant plus que je n'ai pas daigner les sécher hier.

Je me lève, laisse la couverture sur le canapé et me prépare un chocolat chaud. Au réveil ça m'a toujours fait du bien même dans les périodes les plus chaudes accompagné dans ces cas là d'un verre de jus d'orange.

Ma tasse en main je vais dans la salle de bain où je la finis et où je me passe un coup d'eau sur le visage. Je ne mange rien, je n'ai pas fin. C'est partit pour une heure de préparation. Une heure parce que je ne fais pas d'essaie de tenues.

L'heure approche, je regarde un peu le plan de la ville pour me repérer puis je pars de l'immeuble et m'aventure dans les rues de la ville. J'atteins assez rapidement le lieu de travail de Leenaly et excuse d'avance son absence de la journée expliquant qu'elle a trop de fière pour pouvoir tenir debout.

"Je pense qu'avec déjà une bonne journée de repos elle ira mieux."

Je repars une fois que tout est dit et compris, je pense que je vais bien dormir ce soir, et tôt si possible. Je fais chemin inverse, rentre dans l'immeuble et monte les escaliers pour enfin pénétrer dans l'appartement.

J'entre dans l'appartement, enlève mes chaussures et ma veste avant de revenir dans le salon, elle est déjà là, assise enveloppée dans la couverture que je n'ai pas pris la peine de ranger. Je m'assieds près d'elle et la regarde.

"Déjà réveillée ?"

Je lui souris légèrement. Peut être qu'elle à froid ? Faim ? Je ne sais pas et elle ne va sûrement pas réclamer alors que je lui offre déjà tant, elle qui est une inconnue. Je me rattrape sur le fait que c'est à cause de moi qu'elle est dans cet état et donc que je me dois de l'aider, mais je sais très bien qu'il y a une autre raison derrière tout ça.

"Je vais te préparer un petit déjeuner, tu veux quoi ?"

Je me lève et va dans la cuisine, tout ça chamboule toutes mes habitudes, mes règles et mes limites. Tout ce que j'avais fixé vient de s'écrouler pour une personne et ça ne m'étais jamais arrivé. Qu'est-ce que je dois penser ? Rien, je pense que je ne dois pas me confronter à toutes mes questions, en tous cas pas encore.

J'attend une réponse de la part de Leenaly, je suis pas la cuisine, le plateau déjà sortit.

"Déjà réveillée ?"

Il me sourit légèrement.

"Oui, l'agence m'a appelé et ça m'a réveillé."

Mon ventre gargouille alors. Pitié qu'il n'entende pas...

"Je vais te préparer un petit déjeuner, tu veux quoi ?"

Il a dû entendre... Je ne déjeune que rarement, hier était une exception. Il part dans la cuisine, je me lève doucement, gardant la couverture autour de moi et le rejoint. Je tiens à peut près debout.

"Ca ne te dérange pas ? Je peux attendre d'être chez moi sinon. Je ne veux pas abusé de ton hospitalité et de ta gentillesse..."

Ca me gêne qu'il fasse autant pour moi, je suis une inconnue après tout. Mon instinct me dit de lui faire confiance... mais pourquoi ? Et pourquoi encore toutes ces questions me reviennent ? Je réfléchis beaucoup trop depuis hier décidément...
Soudain une crainte me traverse l'esprit : Si les meurtriers me retrouvaient ici, à New-York ? Ils n'hésiteraient pas à s'en prendre à lui comme ils l'ont fait pour mes différentes familles d'accueil... Ils s'en prendraient sans doute à l'agence, à mon manager également... La crainte se lit sur mon visage... Il ne faut pas que je pense à ça. Certainement pas ici et maintenant.

"Ca ne te dérange pas ? Je peux attendre d'être chez moi sinon. Je ne veux pas abusé de ton hospitalité et de ta gentillesse..."

Je la regarde approché, son expression change, une inquiétude. De quoi à-t-elle peur ? De moi ? D'un seul coup comme ça ? C'est vrai qu'elle n'était pas vraiment en état de réfléchir clairement hier, et ce matin alors qu'elle peut peut être réfléchir un peu mieux sur la chose elle peut maintenant ouvrir les yeux sur tout ça. Sus-je idiot ? Elle va probablement vouloir partir au plus vite dans son appartement.

Stop ! Mes pensées se bousculent et je ne lui répond pas. Elle va se poser autant de question que moi?

"Tu n'abuseras de rien et ça ne me gène pas. Tu veux quoi ? Tu peux fouiller maintenant que tu es dans la cuisine tu vas pouvoir manger ici."

Je lui souris et range le plateau qui ne servira plus à rien. Ouvre les placards où j'ai rangé la nourriture pour le petit déjeuner. Je suis une personne très organisée, j'aime savoir où sont les choses, qui n'aimerait pas ?

Il semble réfléchir, je le regarde... à quoi peut-il bien penser ? Mon visage reprend une expression normale. Oublier cette crainte, je ne doit plus y penser.

"Tu n'abuseras de rien et ça ne me gène pas. Tu veux quoi ? Tu peux fouiller maintenant que tu es dans la cuisine tu vas pouvoir manger ici."

"Merci."

Je lui sourit puis m'avance doucement vers les placards qu'il a ouvert, tenant d'une main la couverture avec laquelle je m'enveloppe toujours. Je dois avoir l'air d'une enfant dans cette position. Je tend le bras vers ce qui me semble être du chocolat en poudre. Voila ce qui me réchauffera : un bon chocolat chaud. Je le saisie et le pose sur le côté. Il y a trop de choses, j'ai du mal à faire un choix sur quoi manger... Tant pis, je mangerais chez moi. Je regarde dans sa direction avant de détourné le regard vers les placards. A t-il déjeuné ? Dois-je les refermer ? Pourquoi ai-je peur de faire une bêtise ? Encore des questions... Je cherche et prend une tasse.

"Tu as du lait ?"

Question stupide. Qui n'a pas de lait chez lui ? Sauf peut-être les gens allergique au lactose... Ce qui doit être rare. Pourquoi je pense à des choses aussi inutiles ? Il faut vraiment que j'arrête de trop réfléchir, ça ne me réussie pas...

Elle me remercie, regarde ce qu'il y a dans les placard en avançant. Sa façon de faire, de tenir la couverture sur elle, me fait penser à une petite enfant. Une enfant fragile. Elle semble également hésitante et prend finalement le chocolat en poudre.

"Tu as du lait ?"

"Oui, tiens, je vais le chercher, ouvre le frigo et lui donne. Prend ce que tu veux à manger, j'insiste je sais pas tu as faim ça se voie."

Je laisse les placards ouverts, prend juste un petit quelque chose pour manger. Je n'ai pas vraiment faim, mais d'ici ce midi mon ventre va me rappeler fortement à l'ordre. J'attend avant d'entamer mon "repas" choisit qu'elle choisissent le sien.

Je sais qu'elle hésite, je le vois à travers ses yeux, ses façons de faire. Perdue ? Un peu. Il semblerait en tous cas. Elle m'a l'air fragile, sensible, perdue et troublée en elle même. Quelque chose s'est passé, et ça lui est revenu comme un flash. Stop. Tout ça ne me regarde pas. Ce ne sont que ses affaires et pas les miennes. Si je suis amené à être impliqué là je poserais des questions mais ça ne sera probablement jamais le cas.

"Oui, tiens, je vais le chercher"

Il ouvre le frigo et me le donne.

"Prend ce que tu veux à manger, j'insiste je sais pas tu as faim ça se voie."

"Merci"

Je lui souris un peu gênée et m'exécute donc après que lui se soit servit. Je prend quelque chose au hasard, puis verse le lait dans la tasse et ajoute le chocolat. Je regarde autour de moi et trouve le micro-onde, j'y met donc la tasse et fait chauffer. J'ai la désagréable sensation d'un retour en arrière... Je me revois petite, perdue dans la grande maison de ma première famille d'accueil... Mes pensées se tournent à nouveau vers les meurtriers... Je vois mes parents sur le sol dans le salon... Mon visage s'assombrit. Non Lee, il ne faut pas penser à ça.
Le micro-onde sonne et me tire de mes pensées. Je l'ouvre et prend ma tasse en manquant de me bruler. Je la pose à côté de moi. En parlant de brûlure, celles d'hier ont entièrement disparues ; plus une trace, plus une douleur... Etrange. Vraiment étrange.
Avec tout ça j'en oublie presque la présence de Chris dans la pièce. J'espère ne pas être trop envahissante. On me le disait souvent ça, quand j'étais petite. Et me voila repartie dans les souvenirs. Bon sang, qu'ai-je en ce moment avec ces souvenirs ? Ne pourrai-je donc jamais être tranquille ?
Encore des questions, toujours des questions... La vie n'est faite que de ça, de questions.

"Merci"

Elle se sert, et met son bol au micro-onde. J'attend que son lait finisse de chauffer avant de commencer à manger. Je vois que ça ne va pas, son regard change tout comme son expression. Je me lève et la prend dans mes bras. Pourquoi je ne sais pas ? Instinct. Je la serre contre moi, je ne la sens pas bien. Compassion, j'ai appris à lire dans le regard des gens, à me mettre à leur place. Et c'est ce dernier point qui m'a fait sombré.

Trop gentil. Mais avec elle, tout ce que je fais je sais que ce n'est pas trop. Me déplacer à l'agence ce matin n'étais pas trop. C'est un sentiment assez étrange, une émotion que je n'arrive pas à décrire. Tout ce que je peux dire c'est que je suis sûr que rien de ce que je fais est trop. Je la relâche.

"Tu peux manger autant que tu veux."

Je m'assied et décide de ne rien dire sur ce que je viens de faire et continue de manger. Un comportement qui peut bien sembler étrange.

C'est alors que Chris se lève et me prend dans ses bras. J'ai un mouvement de recule sur le coup, surprise, et lâche la couverture qui m'enveloppe, mais finalement... Je le laisse me serrer contre lui et lis dans son regard de la compassion, je ferme les yeux un instant. Jamais personne n'avait fait ça après la mort de mes parents. Cet instant me calme, m'apaise, je n'essaye plus de partir, d'ailleurs je ne veux pas, je ne veux plus... Non, je sais qu'il va me lâcher, je sais que je vais devoir partir... Pourquoi j'ai cette sensation de sécurité ?
Il me relâche.

"Tu peux manger autant que tu veux."

Il retourne s'asseoir, je le regarde un instant... mon regard en dit long sur ce qui vient de se passer. Je détourne le regard, ramasse la couverture et la plie. Je sors de la cuisine, la pose sur le canapé puis reviens. Je viens m'asseoir à mon tour avec la tasse. Je commence doucement à manger, finalement je n'ai plus très faim. Ma fièvre n'a toujours pas baissé. J'aurais encore besoin de me reposer mais là ça va être impossible.
Ce qui viens de se passer ne cesse de défiler dans ma tête, aurait-il vu mon expression changer ? Surement. Mais une fois de plus, je me demande pourquoi il a fait ça ? Par compassion ? Mais ça ne suffit pas... Du moins je ne crois pas. Arrête donc de penser et de te poser autant des questions Lee. Fais confiance à ton instinct... Mais si c'est pour conduire à ma perte, que faire ? Non, non, non et non. Je vais devenir parano'.

Je vois bien dans son regard qu'elle ne voulait pas que je la lâche, mais j'avais peur de sa réaction. Non pas peur, j’appréhendais. Bon, ça suffit, arrête de la regarder dans les yeux Chris. Arrête. Engage plutôt la discussion avant de la mettre mal à l'aise.

"J'ai bien fait comprend à ton lieu de travail que tu ne pouvais pas venir sans trop rentrer dans les détails bien sûr. C'est dommage que tu sois réveillée aussi tôt tu as besoin de repos. Il faudra voir pour ta fièvre après manger."

Je ne sais pas quoi dire, quoi faire alors je me contente de manger. Je la regarde, il va bien falloir qu'elle rentre chez elle un moment où un autre, comment lui dire ça ? La discussion est la meilleure des solutions il ne faut pas l'oublier.

"Si tu veux je pourrais te raccompagner chez toi, mais seulement si tu veux rentrer et te sens capable de rester seule. Parce que je pense bien que tu es seule chez toi."

En si peut de temps, nous connaissons déjà une petite partie de notre vie. En même pas vingt-quatre heures. C'est assez surprenant pour moi, c'est nouveau.

"J'ai bien fait comprend à ton lieu de travail que tu ne pouvais pas venir sans trop rentrer dans les détails bien sûr. C'est dommage que tu sois réveillée aussi tôt tu as besoin de repos. Il faudra voir pour ta fièvre après manger."

"Merci"

Je ne sais pas quoi répondre d'autre, je commence à boire mon chocolat chaud en le regardant... je ferme les yeux, c'est mieux.

"Si tu veux je pourrais te raccompagner chez toi, mais seulement si tu veux rentrer et te sens capable de rester seule. Parce que je pense bien que tu es seule chez toi."

Effectivement, je suis seule chez moi, dans mon petit appartement trois pièces. Je ne veux plus rentrer, je me sens en sécurité ici, avec lui. Mais je vais finir par le déranger, je ne dois pas rester plus longtemps... Pour ce qui est de rester seule, j'ai l'habitude. Même en famille d'accueil j'étais seule. Complètement seule. Rejeté, repoussée, la démoniaque... De nouveaux les  souvenirs m'assaillent et mon regard change. Je dois cesser de penser à ça. Je dois aussi lui répondre. C'est d'un ton hésitant que je lui dis :

"Je veux bien que tu me raccompagne"

Cette fois-ci je n'écoute pas mon instinct, je suis obligée de rentrer et lui me dit de rester... Ce que je veux d'ailleurs... J'ai fais une bêtise... Peut-être même une grosse bêtise en acceptant dès le départ de venir chez lui. Mais pourquoi je ne regrette rien ?

"Je veux bien que tu me raccompagne."

Je vois bien qu'elle veut rester, mais je ne peux pas la retenir. Nous ne nous connaissons pas, ça ne serra pas possible qu'elle vienne, qu'elle reste avec moi. Et du jour au lendemain je pourrais partir à l'autre bout des Etats-Unis, partir à droite et à gauche. Je ne peux pas la laisser rester trop longtemps non plus, elle n'est pas envahissante loin de là et même moi je suis très heureux de n'être pas seul.  En plus ça m'apaise.

"On a le temps, il est encore très tôt."

Je me lève et range le peu de chose que j'ai sortit. Nettoyant ce que j'ai utilisé ce matin, ma tasse étant restée dans l'évier. C'est fou, malgré tout j'ai un côté désordonné, complètement parallèle à l'image que je renvoie.

J'essuie et je range. Je n'aime pas utiliser le lave vaisselle pour peut de chose, et ça m'occupe. Je ne peux pas affirmer d'avoir un travail stable et les jours sont parfois longs. Je m'occupe comme je peux.

"Prend ton temps d'accord ?"

"On a le temps, il est encore très tôt."

J'aimerais que ce soit un rêve, pouvoir dire que je ne veux pas partir... Bien sur jamais je ne ferais ce genre de rêve, un rêve où je me sentirai bien, en sécurité. Un rêve ou un jeune homme me prend dans ses bras... Un rêve ou je pourrais rester dans ses bras, où je ne serais pas obligé de partit...
Mes pensées divagues. Je divague. Ca doit être la fièvre qui me fait penser de telle choses.
Il débarrasse et fait la vaisselle, je finis ma tasse de chocolat chaud pendant ce temps. Je me sens de nouveau mal, les mots de tête reviennent. J'aurais peut-être dû écouté une fois de plus mon instinct.

"Prend ton temps d'accord ?"

"D'accord"

Je suis déjà prête, je porte ses vêtements, il me manque juste une paire de chaussures et nous pouvons partir. Mais je ne veux pas. Engage la conversation... trouve un truc à dire... J'ai beau réfléchir je suis incapable de sortir quoi que ce soit...

"Ca va ?"

Une banalité. C'est la seule personne à qui je parle en dehors de l'agence, disons que le social n'a jamais été ma principale préoccupation si je puis dire ? Je ne parle pas aux inconnus parce que je ne les connais pas. Comme la seule façon de faire connaissance avec quelqu'un c'est de lui parler, je reste fermée. Moralité : pas d'amis, pas de personnes proches. Je ne fais confiance à personne. Du moins ne faisait... Même à mon manager, je ne lui fais pas entièrement confiance. Me voila encore en train de réfléchir à des choses inutiles... et pendant ce temps, je viens de m'en rendre compte, je n'ai pas lâché Chris du regard une seconde. Je détourne vivement les yeux.

Dos à elle, je range ce que je viens de laver, pratiquement rien. Elle me répond "D'accord.". Il faut croire qu'elle n'a pas l'habitude d'engager de grandes conversations avec les gens. Je ne sais pas trop quoi penser et c'est ça mon problème : je pense. Si je pense c'est que je me perds dans des réflexions inutiles. Mais chaque réflexion apporte quelque chose, et si nous partons sur cette affirmation cela voudrait dire que je me contredis ; nous passons notre vie de toutes manières à nous contredire et nous remettre en question. Je pense. Mais voilà, encore une fois je pense trop.

"Ca va ?"
"Oui et toi ?"

Elle aussi essaie d'engager une conversation, c'est à dire que je ne suis pas le seul à essayer de meubler le temps par des paroles. Si nous trouvons quelque chose à dire sur le sujet de conversation le temps serra moins loin, et elle restera également plus de temps ici. C'est ce que je voudrais aussi, qu'elle reste plus longtemps, qu'ont deviennent, pourquoi pas, amis. Une vrai amie.

Je me sens fragile et vulnérable sans raison apparente. Comme ça d'un coup, et je prend conscience, me rappel, qu'elle porte mes vêtements.

"Oui et toi ?"

Comment je me sens ? Mal.

"On fait aller."

Qu'est ce qui me rend mal ? Ce n'est pas la fièvre et mes mots de tête qui font que mon regard change, que mon expression de visage change. Est-ce encore une fois un mal être psychologique ? J'ai beaucoup souffert de la mort de mes parents, la scène que j'ai pu voir m'a traumatisé. D'ailleurs ça ce voit. Dans ma façon d'y penser, dans mon sommeil, dans mes fait-et-gestes quotidien. J'ai beau me dire de ne plus y penser, la crainte d'être retrouvée est toujours aussi forte. Je sens que mon visage recommence à s'assombrir. Vite, il faut penser à autre chose... Engage la conversation sur un sujet... N'importe le quel... Non, pas n'importe le quel. Ma tête me fait mal, je reste assise. Je regarde en direction de Chris, je ne sais plus quoi dire, plus quoi faire, comment agir...
J'ai peur. Peur de partir, peur d'être à nouveau seule. Je ne comprend pas... Quelle est cette peur soudaine ? J'ai toujours été seule. Dans la vie on ne peut compter que sur sois même. Mon instinct me pousse à retarder mon départ.
La vérité, c'est que j'ai toujours eu peur d'être seule. Cette peur s'était calmée au fil des années, mais voilà que du jour au lendemain je me retrouve chez un inconnu qui éprouve de la compassion pour mon égare, qui me prête des vêtements et qui prend soin de moi comme ci... Comme ci je le connaissais depuis toujours. Comme un ami le ferait. Tout ça chamboule mes habitudes. Je ne sais plus quoi penser. Tout ce que je sais, c'est que je veux rester avec lui le plus longtemps possible.

"On fait aller."

Mais oui, quel idiot. Elle est malade et moi je lui demande si ça va. Il faut prendre sa température, même si je sais qu'au fond ce n'est pas ça. Je me retourne vers elle et regarde ses yeux qui parlent d'eux même. Je détourne mon regard et m'assied en face d'elle. Quoi dire ? Qu'elle sujet aborder ? Je n'en ai pas la moindre petite idée. Réfléchis Chris, aller.

"Tu voudras rester manger ce midi ? Tu as le droit de refuser, et sans me dire la raison également. Après si tu préfères repartir ce matin comme tu veux."

Je sais très bien qu'elle voudrait rester ici, alors essayons de rallonger le temps ici pour elle qui ne peut pas réclamer de rester plus longtemps. La politesse refuse de réclamer une telle chose. Penses plutôt à ce que tu vas faire à manger ce midi...je n'ai pas envie de manger équilibré tiens, je pourrais lui proposer plusieurs choses, mais déjà regarder dans le frigo, j'ai beau avoir fait les courses il y a peu de temps je ne me souviens pas de tout.

Quand je réfléchis, tout reviens au temps tiens. Une petite remarque. En même temps vue la situation ça ne m'étonne pas.

Il s'assied face à moi.

"Tu voudras rester manger ce midi ? Tu as le droit de refuser, et sans me dire la raison également. Après si tu préfères repartir ce matin comme tu veux."

Bien sûr que je veux rester... Il a dû le remarqué... C'est gênant.

"Je veux bien, mais à condition que ça ne te gêne pas, bien sûr. Je ne veux pas devenir envahissante..."

J'aurais dû décliner la proposition... Je suis stupide. Plus je vais rester ici, plus je vais m'attacher et moins vais vouloir repartir. Mais je vais faire quoi une fois seule chez moi ? M'allonger sur mon lit et m'endormir pour encore faire ce cauchemar ? Trembler en pensant aux meurtriers et au fait qu'ils me cherchent toujours ? Mon visage est encore une fois sombre et on peut lire dans mon regard de la peur et de la colère.
Je me suis toujours demandé pourquoi ils avaient fait ça ? Pourquoi mes parents ? Et surtout, qu'y avait t'il dans la boîte que ma mère m'interdisait de toucher et qu'ils ont emmené ?
De nouveau toutes ces questions... Comment arrêté d'y penser ? Je regarde Chris, mon regard s'adoucit un peu mais très vite la crainte revient. J'ai peur pour lui, peur de le mettre en danger lui aussi.
Ce surnom commence à résonner dans ma tête... La démoniaque...

"Je veux bien, mais à condition que ça ne te gêne pas, bien sûr. Je ne veux pas devenir envahissante..."

Tu ne l'as pas, tu le sais très bien, regarde mes yeux et lis en eux. Elle est une fille bien, mais son regard change, je lis de la crainte. De quoi a-t-elle peur ? Elle remue quelque chose en elle. Tout le monde à ses secrets mais le sien est énorme. Il l'a ronge et lui fait mal. Je me lève pour fouiller dans les placards et dans le frigo puis me retourne vers elle.

"Tu aimes les hamburgers ? J'ai tout pour les faire. T'as le droit de me demander de proposer autre chose."

Je lui sourit. Mon portable sonne, je décroche après m'avoir excusé de l'interruption. Parlons affaire tiens, je vais dans le salon et remplis un petit planning, c'est noté, je raccroche puis reviens. Le boulot c'est le boulot et là je vais avoir de quoi m'occuper. Un défilé à faire pour ce week-end, il leur manquait quelqu'un. Le début de mes contrat aux USA semble bien commencer.

Je regarde Leenaly en attendant une réponse de sa part, lui souriant légèrement. J'évite de la regarder dans les yeux, car dans le regard on peut tout voir.

"Tu aimes les hamburgers ? J'ai tout pour les faire. T'as le droit de me demander de proposer autre chose."

Je lui souris un peu. Si j'aime les hamburgers ? ça oui. Son portable sonne, il s'excuse puis décroche. Il part dans le salon. Surement un contrat, dans son métier il doit en avoir souvent. Ca me rappel que je dois aider le manager à préparer une des tenue pour un défilé ce déroulant ce week-end... Mais comme je ne vais pas travailler aujourd'hui, il nous restera peu de temps. J'attend son retour. Ce métier lui va bien... enfin, je trouve. Il me semble avoir déjà vue des photos de lui quelque part lorsque j'habitais encore à Londres... Mais où... Stop ! En Angleterre ? ça voudrait dire qu'il n'est peut-être pas américain mais anglais ? C'est vrai qu'en y réfléchissant, il n'a pas le désagréable accent qu'ont les américains. Il revient, me regarde, j'ai l'impression qu'il fuit mon regard. Je lui répond donc.

"Oui, j'aime bien ça."

Je lui souris, mon regard est devenu plus joyeux, j'ai envie de lui demander si il vient bien d'Angleterre mais je n'oserais surement pas. Je suis heureuse de ne pas avoir pris l'accent américain pour le moment, je me souviens que mon père plaisantait souvent sur leur accent. Il disait qu'ils parlaient anglais avec une patate chaude dans la bouche et il imitait, c'était drôle. Il me manque, pourtant j'ai peu de souvenir de lui, j'en ai encore moins de ma mère. Au moins j'aurais été heureuse en étant petite, même si j'étais trop jeune pour m'en souvenir aujourd'hui...

"Oui, j'aime bien ça."

Je lui sourit, regarde ses yeux. J'ai cette fâcheuse tendance de regarder ceux des gens maintenant, pour voir à travers eux et savoir. Ses gens étaient qui se disaient être mes amis, j'aimerais les baffer, leur dire leurs quatre vérités en face et le rabaisser comme ils me l'ont fait. Mais j'ai bien autre chose à faire qui est bien plus important.

Revenons au plus important en ce moment même, la discussion avec Leenaly. Hamburgers pour ce midi donc, j'aime tellement ça. Je sors le sac de pommes de terre et en met quelques unes sur la table, range le sac et commence à préparer les frites. Dans une bonne friteuse, ça fait un moment que je n'ai pas non plus pu manger cette nourriture.

"Pour tout dire, ça fait longtemps que je n'en ai pas mangé. Des fait maison bien sûr."

Il faut que j'engage une conversation plus longue avec elle avant qu'un blanc s'installe entre nous, encore. Je n'ai plus l'habitude d'avoir de grandes conversations en dehors de mes contrats de travail, c'est dur de ce dire ça mais je n'ai pratiquement plus de liens sociales. Mais seulement c'est malheureusement bien la vérité et je m'y suis fait à cette vie qui a un côté solitaire.

Il me sourit et sort des pommes de terre pour préparer les frites.

"Pour tout dire, ça fait longtemps que je n'en ai pas mangé. Des fait maison bien sûr."

"Moi non plus."

Je dois faire attention à ce que je mange, mais pour une fois je ne vais pas me priver. Je devrais peut-être lui proposer mon aide pour préparer le repas ? Ne pas rester planté là à le regarder sans rien faire. De plus je n'aime pas rester sans rien faire. Je le regarde.

"Je peux t'aider à préparer le repas ?"

Voilà, chose faite. Je regarde autour de moi, son appartement me change vraiment du mien. Etant petite, j'avais toujours dis que j'habiterais à la campagne, dans une grande maison entourée de pleins d'animaux, me disant qu'à eux je pourrais leur faire confiance. C'était ma seule motivation, mon seul objectif. Arrivé au lycée, j'ai commencé à m'intéresser à la mode, puis mes ambitions ont changées. Et me voila à New-York, grande ville des Etats-Unis, dans un petit appart', seule. J'aimerais bien adopter un chat, peut-être me sentirais-je moins seule ? Non, avec le boulot je n'aurais pas le temps de m'en occuper. Et puis, c'est trop risquer avec mes pouvoirs incontrôlables... Je serais bien capable de lui mettre le feu... D'ailleurs je suis même dangereuse pour moi même. J'ai de la chance que mes pouvoirs ne se soient pas encore manifestés quand je suis à l'agence.

"Moi non plus."

Je sens son regard posé sur moi, elle regarde ce que je fais j'en suis sûr, elle observe et réfléchis. Comme tout autre personne.

"Je peux t'aider à préparer le repas ?"

Je jette un coup d’œil vers elle. Je la vois détailler l'appartement, si elle pense que c'est moi qui l'ai choisit elle se trompe mais comment pourrait-elle le savoir ? Je suis seul, ce lieu est trop grand pour moi.

"Bien sûr, prend un couteau et épluche. Je pense que tu sais couper des pommes de terre pour faire des frites. Si tu sais pas ça me dérange pas de te montrer."

Je lui sourit et continue d'éplucher la pomme de terre puis m’attelle à la tâche de la couper pour la transformer en plusieurs frites. Je l'aime bien cette fille, vraiment. Et j'ai pris le temps, je vais le prendre. Ne pas aller trop vite et apprendre à connaître, c'est ça le mieux à faire. Tout ce passe bien jusqu'à maintenant, preuve : mes pouvoirs ne se sont pas manifestés et ça fait du bien c'est reposant.

Il jette un coup d'œil vers moi.

"Bien sûr, prend un couteau et épluche. Je pense que tu sais couper des pommes de terre pour faire des frites. Si tu sais pas ça me dérange pas de te montrer."

Je me lève et prend un couteau et tout comme lui, je commence à éplucher des pommes de terre puis les coupes en frites. J'aime bien cuisiner, mais j'en ai rarement l'occasion. Entre le travail à l'agence, les dessins de tenues, les coups de téléphone et la fatigue du soir, la cuisine est vite faite : Une salade déjà prête, une tranche de jambon, un dessert avec un laitage, et hop, terminé. Et puis, ma cuisine ne donne pas du tout envie de cuisiner. Elle est si petite que l'on ne peut même pas se retourner avec un plateau dans les mains. Bon, j'exagère. On pourrait se retourner avec un plateau... Mais on ne tiendrait pas à deux dedans. Enfin si, mais ce ne serait pas dû tout pratique pour cuisiner vu l'espace. Enfin bon, je me comprend.
Soudain je réalise que j'ai laissé mon portable sur le lit de Chris. J'irai le récupérer plus tard, ce n'est pas grave... A moins que l'agence ai appelée. Ca y est, ça me tracasse. Je m'excuse auprès de Chris après m'être laver les mains.

"Excuse moi, je m'absente une minute, je viens de me souvenir que j'ai laissé mon portable sur ton lit, je vais le chercher."

Je sors donc de la cuisine pour aller récupérer mon portable dans sa chambre. Trois appels manqués. Je regarde : L'agence pour les deux premiers, un numéro masqué pour le second. Ils ont tout deux laissés un message. Je compose alors le numéro de ma boite vocal et écoute les messages, le premier est de mon manager :

"Lee, demain je te veux devant l'agence à 5h pétante. Oui, une heure avant l'ouverture, tu as bien compris. Il faut rattrapé le retard que tu auras aujourd'hui et nous devons mettre au point la tenue du défilé. Je compte sur toi. Rétablis toi vite, André."

Je note ça dans le calendrier de mon portable... 5h... C'est tôt. J'écoute le second message, la voix est modifiée :

"Très chère petite Allen, nous savons où tu te trouves. Nous avons aussi récupéré ton numéro de téléphone portable comme tu peux le constater, et nous avons également ton adresse. Tu pensais nous fuir en partant aux Etats-Unis ? Tu pensais t'en tirer comme ça ? Eh bien non. Cette fois-ci tu ne pourras pas t'échapper, nous t'aurons à coup sûr. Et fais bien attention, les personnes que tu côtois pourraient bien se retrouver impliquées dans tout ça."

Je lâche mon portable et tombe à genoux. Ma plus grande crainte est maintenant confirmée... Ils m'ont retrouvés... Des larmes coulent le long de mes joues, tout est finit, je dois partir de chez Chris au plus vite si je ne veux pas le mettre en danger. Ma fièvre augmente d'un coup, ma tête tourne et tout devient noir. Je sens mes muscles se relâcher complètement, ma tête heurte le sol, plus rien.

Elle commence à faire pareil que moi, j'aime prendre le temps de cuisiner, mais très vite elle se lève et va se laver les mains.

"Excuse moi, je m'absente une minute, je viens de me souvenir que j'ai laissé mon portable sur ton lit, je vais le chercher."

Elle part, je continue seul. Une fois toutes les pommes de terre coupées je vais chercher un saladier et met tout dedans. Une minute, juste le temps allez le chercher...ça fait déjà un moment. Le temps que je finisse de tout couper plus d'une minute est passée. Je décide donc de me lever, me lave les mains et va donc dans ma chambre.

"Leenaly tu vas bien ?"

Je la vois à terre, des larmes ont coulé et sont téléphone est juste à côté d'elle. J'espère qu'elle ne s'est pas faite renvoyée de l'agence, je me sentirais mal sinon. Je pose ma main sur son front, sa fièvre et revenue. Je la porte et la pose sur le lit, ramasse le portable et le pose sur la table de nuit à côté d'elle. Il a l'air de ne rien avoir donc ça va. Je la regarde, elle va mal. Je repars dans la cuisine, prend le gant de toilette et le rince à l'eau froide, retourne dans la chambre et lui applique sur le front. Pourvus qu'elle ne se soit pas fait mal en tombant.